La RDC veut structurer son avenir agricole et industriel grâce au zonage et au cadastre agricole

Le cacao cultivé à Komanda/Ph ACTUALITE.CD

La République démocratique du Congo intensifie ses efforts pour structurer son développement agricole et industriel à travers une approche de zonage et la mise en place d’un cadastre agricole. Cette initiative, annoncée par Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, vise à renforcer la transformation locale des matières premières et à clarifier l’utilisation des espaces disponibles, dans un pays aux immenses potentiels agricoles et forestiers.

Avec 80 millions d’hectares de terres arables et 155 millions d’hectares de forêts tropicales, la RDC est un géant agricole en devenir. Le cadastre agricole, en cours d’élaboration par le ministère de l’Agriculture, identifiera précisément les zones destinées à l’agriculture, à la foresterie et à l’urbanisation.

« Le zonage permettra d'établir clairement les espaces agricoles, forestiers et urbanistiques dans chaque province, de Kinshasa au Nord-Kivu en passant par le Kongo Central et l’Équateur », a déclaré Julien Paluku. « Ce cadastre agricole est essentiel pour maximiser l’utilisation de nos 80 millions d’hectares de terres cultivables tout en préservant nos 155 millions d’hectares de forêts. »

Le gouvernement a également établi plusieurs zones économiques spéciales (ZES) pour attirer les investisseurs et promouvoir la transformation locale. À Musienene (Nord-Kivu) et Maluku (près de Kinshasa), des ZES sont déjà en place pour encourager les industries de transformation de café, cacao et autres produits agricoles.

« Ces zones offrent des incitations fiscales et logistiques. Par exemple, les entreprises installées dans ces ZES peuvent exporter sans paiement de droits de douane, rendant nos produits compétitifs à l’international », a expliqué le ministre.

Les ZES permettent aussi de réduire la dépendance de la RDC aux exportations de matières premières non transformées, en misant sur des chaînes de valeur locales et intégrées.

Le zonage et le cadastre agricole répondent également aux préoccupations internationales sur l’impact environnemental des activités agricoles en RDC, notamment dans le cadre du règlement européen "zéro déforestation".

En août 2024, la certification des champs de café et de cacao congolais par des auditeurs européens a confirmé leur conformité aux standards environnementaux. « Cette certification prouve que nos productions ne proviennent pas de zones déforestées. Nous cultivons sur des terres agricoles clairement identifiées, grâce à notre cadastre agricole en cours », a précisé le ministre.

La cartographie de la production agricole est un autre pilier de cette stratégie. Le café et le cacao sont principalement cultivés dans les provinces de l’Est (Nord-Kivu, Ituri) et de l’Ouest (Kongo Central, Tshopo). Cependant, de nombreuses plantations, notamment à l’Équateur, ont été abandonnées.

« Le cadastre agricole permettra de revitaliser ces zones oubliées en identifiant des terres arables inexploitées et en facilitant leur transformation en pôles agricoles et industriels », a ajouté Julien Paluku.

Le cadastre agricole s’inscrit dans une vision globale de diversification économique. En associant le zonage au développement des ZES et à la transformation locale, le gouvernement espère positionner la RDC comme un leader africain de l’agriculture durable et de l’industrialisation.

« Cette cartographie et ce cadastre agricole sont essentiels pour structurer nos ressources. Ils faciliteront les investissements et permettront une planification économique à long terme », a conclu le ministre.