Nouveau tarif de transport à Kinshasa : la population sollicite l’apport du gouvernement et des agents de l’ordre pour faire respecter la mesure

Boulevard du 30 juin à Kinshasa
Boulevard du 30 juin à Kinshasa

La nouvelle grille tarifaire du prix des transports, fixée par le gouvernement provincial de Kinshasa, ne semble pas être respectée par la plupart des conducteurs dans les différents arrêts de bus de la ville-province de Kinshasa. Les usagers de la route Sainte-Thérèse, dans la commune de Ndjili, se plaignent du non-respect de cette disposition et du phénomène de "demi-terrain", qui prend de plus en plus d’ampleur. Les habitants de cette partie de la capitale appellent les autorités compétentes à mettre en place des mécanismes de suivi et à impliquer les agents de l’ordre afin de veiller à l’application de cette mesure.

« Le prix jusque-là n'a pas changé. Au contraire, c'est le "demi-terrain" qui persiste. Si tu as une course vers Victoire, à partir de Sainte-Thérèse, tu es obligé de prendre deux ou même trois taxis pour y arriver. Parfois, du quartier 1 à Limete 7e rue ou 11e rue, le chauffeur exige de payer 1500 FC, et à partir de Limete, tu paies encore 1000 FC pour enfin arriver à destination. Les mesures ne sont pas du tout respectées. Il faut que le gouvernement agisse et mette en place des mesures sévères pour contrer cette situation », a suggéré Florent Mbuyi, ingénieur.

Chancelvie Lukau, étudiante à la Haute École de Commerce (ex-Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa, ISC), dit être contrainte de partir très tôt pour trouver un taxi-bus à bas prix.

« Cette histoire de prix de transport devient un casse-tête pour nous, les usagers de ce tronçon. Je suis étudiante à l’ISC, mais je me sens chaque fois dans l’obligation de quitter la maison à 5h pour trouver un taxi-bus à bas prix. Sinon, à 6h, le prix double. D'habitude, nous avions des taxis-bus qui allaient directement à l’ISC ou à 24, mais actuellement, c'est soit Limete soit Victoire. De Sainte-Thérèse à Victoire, c’est 2000 FC, et de Victoire à l’ISC, c’est 1500 FC, alors qu'on pouvait tout simplement faire le trajet pour 2000 FC. Au retour, c'est encore pire : si tu as moins de 4000 FC, tu feras le trajet à pied parce que chaque chauffeur fixe le prix à sa façon. Parfois, la course peut aller jusqu'à 5000 FC ou plus. Nous interpellons le gouvernement provincial à plus de responsabilité : placer au moins des délégués de contrôle ou des agents de l’ordre à chaque arrêt de bus pour suivre de près l’effectivité de la tarification. Sinon, c’est la population qui continue à souffrir », a-t-elle déclaré.

Pour sa part, Baba Diego, conducteur de taxi-bus 207, justifie cette majoration du prix de transport par de multiples problèmes, notamment les embouteillages et le versement.

« Les membres du gouvernement savent que c'est compliqué de baisser le prix du transport actuellement à Kinshasa. D’abord, le plus grand problème, ce sont les embouteillages qui nous prennent non seulement du temps, mais qui gaspillent aussi du carburant. C'est la raison pour laquelle nous faisons des demi-terrains pour en tirer des bénéfices. Il y a aussi ce problème de versement. Sur le terrain, les chauffeurs n’ont plus assez de revenus pour couvrir le montant convenu avec le propriétaire du véhicule. Plusieurs routes à Kinshasa sont impraticables, et les matériaux de réparation se vendent en dollars. À cela s’ajoutent les tracasseries. Toutes ces situations pèsent sur nous, c'est pour cela que nous augmentons le transport », a-t-il expliqué.

Le gouvernement provincial de la ville de Kinshasa a publié, le 7 janvier 2025, une nouvelle grille tarifaire pour le transport en commun. Pour le trajet Ndjili-Sainte-Thérèse, le prix fixé est de 1000 francs congolais.

Pour faire respecter cette nouvelle tarification, le gouvernement provincial de Kinshasa a pris une série de mesures, à savoir : l’affichage à l'intérieur du véhicule des tarifs et des itinéraires en lettres d'au moins 10 cm de hauteur ; le passager ne doit payer que le prix fixé par l’arrêté du gouverneur ; interdiction pour le conducteur de taxi d'embarquer plus de quatre personnes à bord ; interdiction pour le conducteur de circuler avec les portières et/ou le coffre ouverts ou de laisser les passagers s’agripper aux abords du véhicule ; interdiction pour le conducteur de recourir aux pratiques de sectionnement d'itinéraires (demi-terrain, abonnés, "solola bien" ou "direct") ; le conducteur d'un taxi-bus ou bus ne peut réclamer le prix de la course avant le départ. Une amende de 50 à 100 dollars est prévue pour tout récalcitrant aux dispositions de ce nouvel arrêté.

Grâce GUKA