Les différentes sorties sur X de Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Museveni et commandant de l'armée ougandaise (UPDF) ne passent pas inaperçues du côté des autorités de la République démocratique du Congo. Intervenant lors du briefing presse tenu jeudi 9 janvier 2024, la cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé le comportement du fils de Museveni, alors que son pays et la République démocratique du Congo entretiennent de bonnes et amicales relations depuis l’accession de Félix-Antoine Tshisekedi à la magistrature suprême.
" Par rapport au général Muhoozi et à ses déclarations qu'on peut qualifier d'inconsidérées, en effet, elles sont particulièrement préoccupantes, tenant compte de l'ambition que les deux pays partagent en termes de leur partenariat et en termes de leur amitié. Nous avons été très clairs avec nos homologues ougandais sur le caractère inacceptable de ces déclarations. Nous avons aussi été très clairs sur le fait que si ces déclarations continuaient et s'il n'y avait pas de clarifications officielles et publiques par les autorités ougandaises sur le degré auquel le général Muhoozi Kainerugaba, à travers ses communications, engage le gouvernement ougandais, nous allions aussi devoir reconsidérer notre partenariat et nos relations," a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner devant la presse, jeudi 9 janvier 2024.
La cheffe de la diplomatie congolaise a souligné que certaines démarches se font de manière publique et d'autres de façon discrète.
"Soyez rassurés que nous suivons la question de très près et que nos partenaires ougandais sont vraiment informés sur le fait que nous avons exprimé à plusieurs reprises notre désapprobation et que nous n'allons pas hésiter à en tirer les conséquences nécessaires. Il n'est pas suffisant de dire que le gouvernement ougandais communique uniquement à travers son ministère des Affaires étrangères et sa présidence. La réalité, comme vous l'avez dit, est qu'il y a des individus qui se permettent de faire des commentaires et des déclarations complètement décontextualisées, qui, aujourd'hui, portent préjudice à la stabilité sensible de la région. Nous ne pouvions pas accepter des réponses bureaucratiques de nos partenaires ougandais qui nous disent que cette personne n'engage personne d'autre qu'elle-même. Nos partenaires ougandais sont très informés sur le fait que nous attendons des clarifications, et que ce soient des clarifications aussi publiques," a expliqué Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie.
Par ailleurs, elle a rappelé que la RDC n’était pas la seule cible du fils de Yoweri Museveni. Selon elle, ce comportement ne peut qu’irriter certains pays amis.
"Je voudrais aussi souligner le fait que nous ne sommes pas seuls en tant que pays à faire face justement à cette logorrhée de déclarations assez erratiques et inconsidérées. Il y en a eu plusieurs à l'égard du Soudan du Sud, du Soudan, et d'autres pays de la sous-région. Je pense que nos amis ougandais ont suffisamment de matière pour se pencher sur cette question, trouver une solution et la communiquer de manière crédible envers tous les partenaires qui ont raison d'être préoccupés par cette forme assez particulière de communication," a ajouté la cheffe de la diplomatie congolaise.
La ministre d'État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a convoqué, mercredi 18 décembre, le chargé d'affaires de l'Ouganda en République démocratique du Congo, Matata Twaha, pour fournir des explications au sujet des récents propos jugés « déplacés » de Muhoozi Kainerugaba, a notamment lancé un avertissement aux mercenaires blancs actifs aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo dans la traque des groupes armés dans l'est de la RDC.
Cette sortie du fils de Yoweri Museveni intervient dans un climat de tensions dans la sous-région, marqué par le refus de Paul Kagame de participer à la réunion tripartite prévue dimanche 15 décembre dernier en Angola. Cela, alors que l'armée ougandaise appuie les FARDC dans la traque des rebelles ADF dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri dans le cadre de l'opération Shujaa.
L’intervention ougandaise aux côtés des FARDC dans l’est de la RDC a toujours soulevé des interrogations, notamment en raison des soupçons de soutien des troupes ougandaises aux rebelles du M23. Selon un récent rapport des experts de l'ONU, l'armée ougandaise collabore avec les rebelles du M23.
Clément Muamba