Par Jimmy Kande
En ce premier jour de l’année, permettez-moi de partager une réflexion qui me taraude depuis plusieurs années.
Hier, c’était le 31 décembre. Un engouement palpable s’est emparé de tous : l’attente de 2025. Les églises étaient bondées pour des veillées de prière, où l’on rendait grâce à Dieu pour sa protection et ses bienfaits tout au long de l’année écoulée. Pour ceux qui n’ont pas connu une bonne année, le passage à la nouvelle année était teinté d’espoir, car elle promettait d’être différente.
Il suffit de constater l’effervescence en ligne pour mesurer l’ampleur de cet engouement : plus de 40 000 personnes étaient connectées au live de l’église La Compassion via la page du Pasteur Marcelo, plus de 30 000 pour Phila Cité d’Exaucement, et plus de 18 000 sur celle du Pasteur Moïse Mbiye de l’église Cité Bethel, entre autres. “Nous ne portons aucun jugement envers ceux qui choisissent de rejoindre ce culte. Moi-même, chaque fois que j’en ai l’opportunité et la possibilité, je fais ce choix avec conviction.”
Les déclarations et thèmes pour l’année nouvelle abondaient et presque tous positifs. Certains se sentaient revigorés, prêts à affronter 2025 avec une énergie renouvelée. Pendant cette nuit de prière, des requêtes de tous genres montaient vers le ciel : trouver un emploi, se marier, développer son business, obtenir un visa, décrocher une promotion…
On confiait également l’avenir du pays au Seigneur : la paix, la sécurité, le développement, le plein emploi, et l’amélioration des conditions sociales.
Un cycle de prières répétitives : Une illusion ou une réalité ?
Cependant, une triste réalité demeure : chaque année, beaucoup reviennent avec les mêmes prières, croyant que cette fois-ci sera la bonne, comme si Dieu participait à une loterie céleste. Concernant notre pays, cela fait près de soixante ans que nous adressons à Dieu les mêmes prières.
Alors, posons-nous la question : est-ce Dieu qui ne répond pas ? Est-il sourd ? Ou regardons-nous dans la mauvaise direction ? Dieu fonctionne selon des principes, et ceux qui les respectent réussissent.
Le rôle du gouvernement et notre responsabilité collective
Il appartient au président de la République et à son gouvernement de créer les conditions propices au travail, à la paix, à la sécurité, et à un environnement sain.
Lors de sa campagne électorale pour son second mandat, le président Félix Tshisekedi déclarait :
“J’ai décidé d’aligner le deuxième mandat, par la confiance que vous me renouvelez, sur 6 engagements majeurs, à savoir premièrement, l’engagement de créer plus d’emplois au moyen d’une approche volontariste avec des solutions tirées de notre vécu quotidien en accélérant la promotion de l’entrepreneuriat.”
Mais dans les faits, trop de citoyens africains, désespérés, choisissent chaque année de braver les dangers de la Méditerranée pour rejoindre un hypothétique eldorado européen. En 2024, plus de 10 400 personnes se sont noyées en mer, selon les données de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.
Nous devons donc prendre un engagement ferme : refuser les politiques qui nous empêchent de jouir pleinement de notre pays. Dire “non” à ces leaders spirituels ou politiques qui entretiennent l’illusion que la manne tombera encore du ciel. Beaucoup utilisent la religion comme un opium, non pour guider les âmes, mais pour en tirer profit.
L’église face à ses responsabilités
Dans la majorité des cas, les problèmes traités à l’église sont sociaux plutôt que spirituels. Dès lors, l’église doit jouer un rôle actif dans la sensibilisation des populations à leurs droits, au-delà de simplement prêcher la foi et la persévérance.
Ces vertus sont certes essentielles dans notre marche avec Christ, mais elles ne peuvent être la seule réponse à l’inaction du gouvernement. Cette passivité rend nos populations dépendantes, les empêche de vivre leur pleine liberté – pourtant offerte par Christ :
“Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres.” Jean 8 :36
Je tiens à saluer l’engagement de l’église Catholique Romaine, qui a toujours été aux côtés des opprimés dans notre pays, ainsi que celui de l’ECC (Église du Christ au Congo) dans une certaine mesure.
Face à cette réalité, il existe une catégorie spécifique d’églises dites de réveil, qui, pour la plupart, ont choisi de se mettre au service des politiques en échange de généreuses enveloppes de dollars, justifiant cela par la célèbre phrase des épîtres de l’apôtre Paul aux Romains : « ... toute autorité vient de Dieu… » Romains 13 :1
Cependant, si toute autorité vient effectivement de Dieu, l’exercice du pouvoir reste une responsabilité humaine et, à ce titre, doit être critiqué de manière ferme pour provoquer le changement.
On se souvient de cette vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, où le pasteur Mukuna, responsable de l’Assemblée Chrétienne de Kinshasa, exhortait ses nombreux fidèles à « Bo betela Kabila maboko » (Acclamons pour Kabila). Et pourtant, aujourd’hui, il s’aligne avec le nouveau régime, illustrant ainsi l’ambiguïté et la complaisance de certaines figures religieuses face au pouvoir.”
Un regard sur nous-mêmes
Regardons-nous en face : l’état de l’homme congolais aujourd’hui, l’état de notre pays. La haine, l’insalubrité omniprésente, et une gestion catastrophique de notre patrimoine. Pensons-nous vraiment que Dieu peut être fier de ce que nous faisons de ce qu’il nous a confié ?
Conclusion
En 2025, refusons de rester dans l’inaction. Engageons-nous pour un changement véritable, demandons des comptes à nos leaders, et soyons les acteurs d’un avenir meilleur pour notre pays.
Rappelons-nous : le chômage n’est pas une punition de Dieu, mais le résultat de l’irresponsabilité de la classe dirigeante. À nous de changer cette réalité.
Heureuse année 2025