Le séjour des enfants déplacés du Nord et du Sud-Kivu à Kinshasa n'a pas laissé indifférent le président Félix-Antoine Tshisekedi. Ces enfants, reçus le 3 décembre 2024 à la résidence du Mont Ngaliema, ont inspiré le Chef de l'État à inviter le gouvernement, lors de la 25e réunion du Conseil des ministres du 6 décembre 2024, à envisager la mise en place d’une politique nationale spécifique pour l’encadrement des enfants déplacés et victimes de guerre, à l’horizon juin 2025.
L’objectif de cette initiative est d’assurer une prise en charge adéquate de ces enfants vulnérables tout en leur offrant des perspectives pour l’avenir.
"Le Président de la République a engagé, sous la coordination de la Première ministre, les ministères des Droits humains, des Affaires sociales, du Genre, Famille et Enfants, ainsi que de la Jeunesse et Éveil patriotique, à travailler avec les autres ministères concernés et des experts pour élaborer une politique nationale garantissant une prise en charge adaptée. Une note conceptuelle est attendue d’ici la fin du mois de juin 2025," a rapporté le porte-parole du gouvernement.
Profondément préoccupé par la situation dramatique des enfants dans l’Est du pays, Félix Tshisekedi a rappelé qu’ils sont non seulement des victimes directes des conflits, mais aussi des témoins de scènes traumatisantes susceptibles de marquer à jamais leur existence.
"Plus de 58 % des personnes affectées par les conflits sont des enfants. Ces enfants aspirent à retrouver leurs maisons, vivre en sécurité et jouir des droits fondamentaux. Il est essentiel d’agir dès maintenant pour préserver l’avenir de cette jeunesse," a souligné le Chef de l'État.
Une situation humanitaire alarmante
La violence et l’instabilité, associées à un manque cruel de services de base, continuent d’affecter la population congolaise, particulièrement dans les provinces orientales. Ces zones demeurent marquées par des conflits de faible intensité, mais de plus en plus fréquents. En 2024, plus de 25 millions de personnes, soit un quart de la population, nécessitent une aide humanitaire, avec 40 % d’entre elles confrontées à une insécurité alimentaire aiguë (IPC 3 ou plus).
Selon un rapport de l’OCHA, les niveaux de déplacement dans l’Est ont atteint un pic sans précédent en 2024, avec plus de 1,6 million de déplacés supplémentaires depuis août 2023, dont 75 % sont des femmes et des enfants.
Malgré l’aggravation de la situation humanitaire, la RDC reste l’une des crises les plus négligées, avec un déficit de financement chronique. En 2024, seulement 35 % du plan de réponse humanitaire a été couvert, accentuant la précarité des populations touchées.
Clément Muamba