Est de la RDC : pour Thérèse Kayikwamba Wagner, le Rwanda en s'engageant à désengager les forces en RDC, il s'agit des troupes rwandaises qui occupent le territoire congolais

Paul Kagame
Paul Kagame, Président du Rwanda

À l’initiative de la médiation angolaise dirigée par son président João Lourenço, Luanda accueillera le dimanche 15 décembre 2024 le sommet tripartite Angola-RDC-Rwanda, au niveau des chefs d’État. Selon la présidence angolaise, ces assises s’inscrivent dans le cadre des efforts en cours visant à trouver une solution durable au conflit armé qui déchire l’Est de la République Démocratique du Congo.

Interrogée le vendredi 6 décembre 2024 sur Top Congo FM (émission Face à Face), concernant la participation du président Félix-Antoine Tshisekedi à ce sommet, la ministre d’État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a confirmé sa présence.

"Justement, pour l'aboutissement du processus de Luanda, un processus qui n'est pas un processus entre nous et le M23, mais un processus entre nous et le Rwanda", a rassuré d'entrée de jeu la cheffe de la diplomatie congolaise.

À la question de savoir pourquoi la RDC ne réclame pas également un dialogue entre le gouvernement rwandais et les FDLR, Thérèse Kayikwamba Wagner a précisé que cela relève de la responsabilité de Kigali de décider comment gérer cette question historique.

"Vous savez, la question des FDLR suscite toutes sortes de susceptibilités, compte tenu du lien avec le génocide et de l'histoire douloureuse du Rwanda. Il revient aux Rwandais de définir eux-mêmes comment ils veulent gérer ce chapitre de leur histoire. Il est très difficile pour nous de l'imposer, surtout lorsqu'il s'agit d'un tel traumatisme. Le Rwanda doit assumer sa part de responsabilité. Si Kigali décide de ne pas dialoguer avec les FDLR, cela fait plus de 30 ans que ce phénomène perdure. C'est à eux aussi de voir leur propre histoire en face et d'évaluer dans quelle mesure cette posture leur a été bénéfique ou non", a-t-elle expliqué.

Un processus entre États et non avec le M23

"Du point de vue de la République Démocratique du Congo, sur la question du M23, nous avons toujours été clairs : le processus de Luanda est un processus entre États. Nous ne parlons pas au M23, mais au Rwanda, qui occupe notre territoire souverain. Et lorsque le Rwanda s’engage au désengagement des forces, il s’agit de ses troupes. Le gouvernement rwandais ne peut pas signer un désengagement pour des forces qu’il ne contrôle pas, comme la Monusco ou les FARDC", a martelé Thérèse Kayikwamba.

Reconnaissance implicite de la présence des troupes rwandaises

En réponse à la polémique suscitée par l’annonce de la Première ministre Judith Suminwa depuis la Belgique, sur la reconnaissance par le Rwanda de la présence de ses troupes en RDC, Thérèse Kayikwamba a déclaré : "Si le Rwanda s’engage à désengager ses forces en RDC, de quelles forces s’agit-il ? Ce ne sont évidemment pas celles de la Monusco ni des FARDC. Le Rwanda adhère à un plan opérationnel conjoint qui prévoit ce désengagement. Cela ne peut concerner que les Forces Armées Rwandaises."

Neutralisation des FDLR : une stratégie pour vider le prétexte rwandais

Selon la cheffe de la diplomatie congolaise, en adoptant une stratégie de neutralisation des FDLR, la RDC vise également à retirer tout prétexte que Kigali pourrait utiliser pour justifier sa présence en RDC. "Nous ne nions pas la présence des FDLR en RDC. Ces derniers constituent une menace pour notre population civile. C’est dans notre intérêt que les FDLR quittent la RDC. Nous voulons en finir, une bonne fois pour toutes, avec ce prétexte", a-t-elle affirmé.

Elle a ajouté : "La Commission nationale rwandaise de démobilisation, dans son rapport annuel de 2022, parle de 70 000 démobilisés et dépendants au total. Il faut quand même se poser la question : combien de FDLR restent-ils ? Quelle est cette menace qui existe encore ? S’il s’agit d’un reliquat, nous allons le gérer pour en finir définitivement."

Expansion du M23 : un défi persistant

Malgré les efforts de médiation et les pressions internationales, le M23 continue son expansion dans la province du Nord-Kivu, étendant désormais sa présence au territoire de Walikale, en plus de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Les appels au cessez-le-feu restent sans effet, alors que le processus de Luanda cherche à trouver une issue pacifique.

Clément Muamba