Est de la RDC : À la tripartite de Luanda, Félix Tshisekedi va exiger le départ des troupes rwandaises

Félix Tshisekedi et Joao lourenço
Félix Tshisekedi et Joao lourenço

Le processus de Luanda, cadre de discussions entre la République Démocratique du Congo, l'Angola et le Rwanda pour résoudre la crise sécuritaire et diplomatique provoquée par la résurgence du M23, avance à pas hésitants. Les tensions entre les deux principaux protagonistes, Kinshasa et Kigali, restent vives, chaque partie continuant de s'accuser.

Lors d’une interview accordée à Top Congo FM le vendredi 6 décembre 2024, la ministre d’État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba Wagner, a clarifié les attentes de Kinshasa vis-à-vis du Rwanda dans le cadre de ces pourparlers.

Neutralisation des FDLR et désengagement des troupes rwandaises

"Quand nous parlons du processus de Luanda, deux questions sont au centre : le désengagement des forces rwandaises et la neutralisation des FDLR. La RDC assume pleinement la réalité des FDLR sur son territoire et reconnaît la nécessité de les éradiquer. En revanche, le Rwanda n’a pas encore officiellement reconnu la présence de ses troupes en RDC," a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner.

Elle a dénoncé les déclarations du Rwanda qualifiant la présence de ses forces de "mesures défensives," les assimilant à des "actions offensives et d'occupation."

Les attentes du 15 décembre

Interrogée sur les objectifs de la rencontre tripartite prévue le 15 décembre 2024 à Luanda entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame et Joao Lourenço, la ministre a été catégorique : "Nous espérons obtenir l’engagement formel du Rwanda pour retirer ses troupes de notre territoire souverain." Elle a souligné l'engagement constant de la RDC dans ce processus, malgré les reports et les tergiversations, rappelant la réunion manquée du 16 novembre, reportée au 25 novembre par Kigali.

Une diplomatie de responsabilité et de discrétion

Kayikwamba Wagner a défendu la posture de Kinshasa, qualifiant la diplomatie congolaise de "responsable" et axée sur les principes du droit international. "Nous ne spéculons pas et ne divulguons pas les détails des discussions en cours, car nous respectons la sagesse du facilitateur, Joao Lourenço. Notre objectif demeure la paix," a-t-elle insisté.

Perspective si rien n'aboutit

Face à l'éventualité d’un blocage lors du sommet du 15 décembre, la cheffe de la diplomatie congolaise a affirmé : "Si rien n’est obtenu, ce ne sera pas la faute de la RDC. Nous continuerons à respecter nos engagements internationaux et à défendre nos intérêts légitimes."

Accords entre États, pas avec le M23

Thérèse Kayikwamba Wagner a rappelé que le Rwanda doit être tenu responsable de ses actions, notamment pour les violations du droit international et les attaques contre les civils et les forces de maintien de la paix. "Nous ne signerons aucun accord avec le M23, mais avec l’État qui viole lui-même la Charte des Nations Unies : le Rwanda," a-t-elle martelé.

Une situation sécuritaire toujours critique

Malgré les efforts diplomatiques, la situation sur le terrain reste préoccupante. Le M23 continue son expansion dans le Nord-Kivu, occupant de vastes territoires à Walikale, Masisi, Rutshuru et Nyiragongo. Les appels internationaux au cessez-le-feu demeurent sans effet, tandis que le processus de Luanda cherche à tracer une issue pacifique.

Clément Muamba