Le président Félix Tshisekedi a dénoncé ce samedi, lors d’un déplacement à Lubumbashi, l’interprétation de l’article 217 de la Constitution congolaise, qu’il considère comme une menace à la souveraineté nationale. Ce débat, relancé par des déclarations politiques récentes, suscite de vives réactions au sein de la classe politique et de la société civile.
S’exprimant devant ses partisans, Félix Tshisekedi a critiqué l’article 217, qu’il a qualifié de source de danger pour l’intégrité et l’indépendance de la RDC.
« Demander aux Congolais de ne pas revoir leur Constitution alors qu’il y a le fameux article 217 qui consacre la vente de notre souveraineté à des États africains ? Et nous n’avons pas le droit de revoir cela ? Il y a des hommes de Dieu qui ont osé prendre la parole pour défendre cette ignominie. Le pays est en danger. Je suis l’un des Congolais les mieux placés pour comprendre cela, » a déclaré le chef de l’État.
Quelques jours plus tôt, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), avait également pointé du doigt l’article 217, le qualifiant de « malédiction ».
Lors d’un meeting à Kinshasa, Kabuya avait affirmé : « Dans cette Constitution, il est dit que pour sauvegarder l’unité de l’Afrique il faut que nous partagions notre pays et que nous donnons certaines parties du pays au Rwanda. Cette Constitution s’appelle malédiction. »
L’article 217 de la Constitution stipule :
« La République Démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d'association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l'unité africaine. »
Certains experts en relations internationales expliquent que cette disposition permet à la RDC de déléguer partiellement des compétences souveraines à des organisations régionales ou continentales pour favoriser l’intégration africaine. Elle pourrait, par exemple, concerner des initiatives communes dans les domaines de la défense, du commerce, ou encore de la justice.
Cependant, cette clause suscite des inquiétudes. « L’abandon partiel de souveraineté » peut être perçu comme une perte d’indépendance décisionnelle, où la RDC pourrait se retrouver liée par des accords collectifs ne reflétant pas toujours ses priorités nationales.
Cette disposition s’inscrit dans une longue tradition panafricaine visant à promouvoir l’unité africaine. Des leaders historiques comme Patrice Lumumba ou Kwame Nkrumah ont plaidé pour une Afrique unie, capable de rivaliser avec les puissances internationales. Toutefois, dans le contexte actuel de tensions régionales et de méfiance envers certains voisins, les interprétations divergent, et les accusations d’ingérence étrangère alimentent le débat.
Le débat sur l’article 217 reflète la fracture entre ceux qui soutiennent une révision constitutionnelle pour protéger la souveraineté congolaise et ceux qui craignent une instrumentalisation politique pour des intérêts partisans.
Pour Félix Tshisekedi, ce débat est crucial. « Personne ne changera mon avis sur cette question, » a-t-il insisté, affirmant sa détermination à protéger les intérêts du pays face à ce qu’il qualifie de « menaces déguisées ».
José Mukendi