RDC : mise en place "imminente" d'une commission ad hoc à l'Assemblée nationale pour statuer sur la saleté de la ville de Kinshasa et proposer des solutions pour éviter les drames

Les ordures sur l'avenue Victoire (devant la paroisse Saint Joseph)
Illustration. Les ordures sur l'avenue Victoire (devant la paroisse Saint Joseph)

La question relative à la malpropreté ou saleté de la ville-province de Kinshasa s'est invitée à l'Assemblée nationale lors de sa plénière tenue jeudi 7 novembre 2024. À travers une motion d'information, le député national Augustin Matata Ponyo a plaidé pour la mise en place d'une commission en vue de statuer sur cette question qui, selon lui, en cas de fortes pluies, peut exposer la ville de Kinshasa à des épidémies mortelles.

"J'interviens ici pour relayer l'intervention de notre cher collègue, l'honorable Léonard She Okitundu de la fois dernière, intervention ayant trait à la propreté de la ville de Kinshasa. Un professeur d'université spécialiste en la matière m'a vu pour me dire : Honorable, compte tenu de l'évolution du degré de la malpropreté de la ville de Kinshasa et au regard de la venue tardive de la saison de pluie qui pourrait emmener certains quartiers ou certaines communes de la ville de Kinshasa à être immergés par l'eau, il y a des craintes d'une épidémie", a déclaré d'entrée de jeu Augustin Matata Ponyo lors de sa prise de parole.

Et de poursuivre :

"Diriger, c'est prévoir. Si un tel spécialiste peut nous prévenir d'une certaine épidémie qui pourrait créer des ravages dans cette ville, pour certains de 15 millions d'habitants, pour d'autres de 20 millions d'habitants, ne serait-il pas temps, honorable président, que notre Assemblée nationale sous votre leadership puisse constituer une petite commission d'urgence pour essayer d'examiner cette question avec le gouverneur de la ville de Kinshasa, parce qu'il s'agit de l'autorité de cette ville, et examiner cette question sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières mais aussi sous les auspices du Premier ministre."

Augustin Matata revient sur les raisons qui motivent l'intégration d'autres responsables étatiques au sein de la commission :

"J'ai été moi-même chef du gouvernement et j'ai suivi de près cette question de la propreté de la ville de Kinshasa. C'est vrai, elle relève hiérarchiquement de la responsabilité du gouverneur de la ville de Kinshasa mais vous-même, à la suite de l'intervention de l'honorable She Okitundu, vous avez dit : Kinshasa, c'est le miroir de la République Démocratique du Congo, Kinshasa est considérée comme la ville diplomatique, Kinshasa est l'entrée. L'état de la saleté de cette ville, qui selon ce spécialiste nous expose à une épidémie - déjà il y a l'épidémie Mpox - ne faut-il pas, honorable président, que nous puissions entendre cette voix d'un spécialiste pour que, sous la responsabilité de l'honorable président, très rapidement, votre commission puisse examiner cette question avec le gouverneur de la ville de Kinshasa afin que nous puissions prendre des mesures de nature à anticiper ce qui pourrait être considéré comme un drame."

Avis favorable de Vital Kamerhe

En réaction, le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a salué la démarche de son collègue Augustin Matata et a répondu favorablement à sa requête.

"Merci, honorable Augustin Matata, ça tombe bien puisque hier, j'ai discuté dans la salle d'attente avant l'arrivée du Président de la République (NDLR : Centre Financier pour les états généraux de la justice) avec le gouverneur de la ville de Kinshasa. Je lui ai dit : qu'est-ce qu'il vous faut pour que nous ayons une ville propre ? Les questions se posent, la mort nous guette. Il y a des maisons qui s'effondrent quand il pleut, dans l'indifférence totale, dans l'anonymat, parce que cela se passe dans des quartiers éloignés du centre-ville. Il y a des maisons qui partent. Comme nous avons la commission Environnement, à laquelle nous pouvons associer d'autres, le spécialiste cité par le professeur Augustin Matata, Augustin Matata lui-même et d'autres", a indiqué Vital Kamerhe dans sa réplique.

Il a été demandé à Augustin Matata Ponyo de prendre contact avec Adrien Bokele, président de la commission Environnement, Tourisme, Ressources Naturelles et Développement Durable.

"Honorable Adrien Bokele (président de la commission Environnement, Tourisme, Ressources Naturelles et Développement Durable), prenez contact avec l'honorable Augustin Matata et faites-moi la proposition de cette commission. Cette fois, elle siégera comme une commission ad hoc sur une question précise. Vous allez y associer le gouverneur de la ville de Kinshasa, qui a de bonnes idées, mais il faut que les autorités centrales laissent effectivement les moyens à la ville, et que le Premier ministre et les autres autorités de tutelle assurent seulement le suivi et le contrôle pour savoir combien de recettes ont été faites, pour quel travail réalisé dans la ville de Kinshasa", a recommandé Vital Kamerhe.

Insertion de la question des constructions anarchiques

Outre la question de la saleté dans la ville, la commission va également se pencher sur la question des constructions anarchiques dans la ville de Kinshasa.

"D'une pierre deux coups, vous associerez le président de la commission Aménagement du Territoire (NDLR : présidente Caroline Bemba) pour aborder aussi la question de constructions dans les rues qui sont parfois coupées par un homme fort. Vous allez travailler avec Adrien Bokele, tous avec l'honorable Augustin Matata. Faites vite, moi j'attends vos propositions pour que vous travailliez là-dessus et que vous nous apportiez très vite vos conclusions ici en plénière. Vous rendriez de ce fait un grand service à la nation", a indiqué Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale.

Cette initiative de l'Assemblée nationale intervient au moment où le gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki, multiplie les initiatives pour rendre propre la ville, mais les résultats ne sont pas toujours visibles. La ville-province de Kinshasa fait face à de nombreux déchets plastiques, des sachets d’emballage, etc. En cas de fortes pluies, les cours d’eau en sont remplis, causant des dégâts humains et matériels énormes dans la ville.

Clément MUAMBA