La gestion des projets d'infrastructures Sicomines fait débat en RDC. Le 15 août dernier, le ministre des Infrastructures et Travaux Publics avait soumis une liste des projets au directeur général de la Sicomines pour actionner le décaissement de 300 millions USD avant l'autorisation du Parlement. Le courrier a été fortement critiqué par les organisations de la société civile.
Pour prendre en compte les recommandations du Fonds Monétaire International (FMI), quelques jours après, la quotité de fonds Sicomines affectée aux infrastructures a été alignée dans le projet de loi de finances rectificative exercice 2024. Toutefois, il s’observe que des irrégularités et des inquiétudes persistent.
Les annexes explicatives du projet de loi de finances rectificative 2024 affichent un montant de 511,5 millions USD pour financer les infrastructures négociées dans le cadre de l’Avenant 5 de la convention de collaboration sino-congolaise. Pourtant, l’article 1er dudit document stipule que la partie chinoise devrait verser 624 millions USD à la RDC en 2024. L’écart entre le montant retracé dans le collectif budgétaire et l’avenant 5 est de 113 millions USD, dont la destination reste non renseignée. Ceci soulève encore des questions de transparence dans la gestion de fonds issus du contrat chinois.
D’autres parts, les encaissements, notamment ceux liés aux recettes exceptionnelles provenant du contrat chinois, s’ajoutent à la confusion. Selon les informations recueillies par ACTUALITE.CD, Eximbank ne devrait verser que 331,6 millions USD en 2024, un montant nettement inférieur aux prévisions énumérées dans l’avenant 5, soit 624 millions USD.
Du côté de la société civile, l’on dénonce déjà un projet mal négocié, au préjudice du peuple congolais. Emmanuel Umpula, membre du collectif « Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV), envisage même une renégociation, « pour que le pays gagne ».
Il salue par ailleurs, l’intégration de ces fonds dans le collectif budgétaire. Cependant, il appelle le parlement à exercer pleinement son rôle d’autorité budgétaire, à travers un contrôle rigoureux.
« Tous les décaissements doivent passer par le circuit normal de la dépense publique. Toute procédure contraire, constitue une entrave », a-t-il dit à ACTUALITE.CD.
Concernant l’écart constaté entre les fonds qui devraient être versés selon les prescrits de l’avenant 5 et ceux retracés dans le collectif budgétaire, Emmanuel Umpula appelle les instances compétentes, notamment la justice à suivre de près le dossier.
Bruno Nsaka