Lors de son allocution trimestrielle devant le Conseil de sécurité de l'ONU ce lundi, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a exprimé une vive préoccupation concernant la consolidation du contrôle administratif du M23 dans les territoires de Masisi et Rutshuru, au Nord-Kivu. Ce contrôle a permis au groupe rebelle d’établir un monopole sur la production de coltan, un minerai important pour l’industrie technologique mondiale. Keita a précisé que le commerce provenant de la région de Rubaya, qui représente plus de 15 % de la production mondiale de tantale, génère environ 300 000 dollars par mois pour le M23.
« Ce blanchiment criminel des ressources naturelles de la RDC alimente les groupes armés et perpétue l'exploitation des populations civiles, dont certaines sont réduites à une forme d'esclavage de fait », a déclaré Bintou Keita. Elle a appelé à des sanctions internationales contre les acteurs impliqués dans ce commerce illicite, avertissant que la paix restera hors d'atteinte sans mesures fortes.
En parallèle, Keita a souligné l’importance d’améliorer la gouvernance de l’exploitation des ressources naturelles en RDC. Elle a encouragé le gouvernement à renforcer la transparence et la traçabilité des flux miniers et à investir dans la transformation locale des matières premières, tout en prenant des actions concrètes contre les flux financiers illicites.
Cinq jours auparavant, lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, le président congolais Félix Tshisekedi avait lui aussi dénoncé fermement le soutien du Rwanda au M23, qualifiant le groupe rebelle de « groupe terroriste ». Il a décrit la situation dans l’Est du pays comme une « crise humanitaire sans précédent » ayant causé près de 7 millions de déplacés internes.
« Cette agression constitue une violation majeure de notre souveraineté nationale », a déclaré Tshisekedi, appelant la communauté internationale à condamner fermement le Rwanda et à imposer des sanctions ciblées. Le président a également exigé le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais.
Tshisekedi a salué les initiatives diplomatiques, notamment les pourparlers de Luanda, mais a insisté sur l'urgence de restaurer la paix et de mettre en œuvre le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRCS) pour réintégrer les combattants dans les zones de conflit.