La fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES) a ouvert ce jeudi 12 septembre un forum pour évaluer et améliorer l'inclusion des personnes déplacées internes (PDI) dans le processus électoral en RDC en analysant le cycle électoral précédent et en développant des stratégies pour les élections générales de 2028. Concrètement ce forum a pour objectif Analyser les principaux défis à l'inclusion des PDI dans le processus électoral, tels que le manque de documentation, les contraintes de mobilité, et les préoccupations sécuritaires ; Tirer parti des bonnes pratiques internationales en s'inspirant des approches réussies d'autres pays, afin d'adapter des stratégies efficaces pour l'inclusion des PDI en RDC ; Formuler des recommandations concrètes et proposer des mesures pratiques ainsi que des idées de réformes pour garantir l'inclusion des PDI dans le processus électoral et favoriser la collaboration entre les parties prenantes en renforçant la coordination et la coopération entre les acteurs concernés, afin d'assurer une approche intégrée et efficace pour améliorer la participation des PDI.
IFES note “Malheureusement, bien que la CENI ait fait des progrès notables en matière de genre et d'inclusion, des efforts de collaboration plus importants avec d'autres parties prenantes du secteur de la sécurité semblent avoir été inachevés. De fait, ces institutions chargées de la sécurité n'ont pas pu fournir à la CENI toutes les garanties nécessaires pour une protection optimale de son personnel et de son matériel dans certaines zones”.
Cependant, IFES estime que le cycle électoral de 2023 présente des leçons apprises, qui peuvent être utilisées pour informer le processus de réforme institutionnelle et électorale, avant les élections générales de 2028.
“Ceci est particulièrement important pour la démocratie en RDC, car les leçons tirées sur la participation inclusive des personnes déplacées peuvent être tirées des cycles électoraux de 2006, 2011, 2018 et 2023, afin de créer des systèmes, des stratégies et des politiques qui faciliteront l'engagement favorable et significatif des personnes déplacées dans les élections générales de 2028”, déclare l’IFES.
“Les personnes déplacées sont des citoyens congolais à part entière et, en tant que tels, tous les droits et libertés applicables en vertu du cadre juridique congolais doivent également être appliqués à toutes les personnes déplacées congolaises. La marginalisation systématique des personnes déplacées dans les quatre cycles électoraux de la RDC est une grande injustice pour les personnes déplacées, qui les empêche de participer à la démocratie et au processus de gouvernance en RDC. Il est primordial pour tous les acteurs de la démocratie de réfléchir et de mettre en place des politiques, des systèmes et des structures qui faciliteront l'inclusion des personnes déplacées dans les processus de démocratie et de gouvernance en RDC. Il est maintenant temps de mener cette réflexion et de mettre en place des systèmes solides qui garantiront la participation inclusive des personnes déplacées dans le cycle électoral de 2028”, estime IFES.
Lors des élections générales de décembre 2023 en RDC, les PDI n'ont pas pu participer, que ce soit dans les régions les plus instables de l'est du Congo ou dans les autres zones relativement stables.
“Nous sommes venus plaider auprès du Chef de l'État pour nous aider, nous les déplacés de Kwamouth. Nous sommes dans la commune de Maluku. Depuis le conflit de Kwamouth en 2022, nous avons fait 8 mois dans la forêt, 4 mois à dormir à la belle étoile à la maison communale. Le bourgmestre de l'époque nous a logés dans son école. Nos enfants et les adultes meurent. Nous sommes en insécurité, les bandits nous menacent. Si nous ne faisons pas de petits travaux pour les gens, on ne va pas manger. Comment allons-nous voter? Nous n'avions pas voté parce qu'on était pas enrôlé. Qu'ils prennent soin de nous, quand ils vont faire l'enrôlement de 2028 afin de voter”, témoigne Bertine Ngalula, déplacée de Kwamouth.
Les personnes déplacées à l'intérieur de la RDC ou personnes déplacées internes (PDI) vivent dans des conditions extrêmement difficiles, avec un accès limité aux services de base, à la sécurité, à l'éducation et à la protection juridique.
“Nous avons constaté que la CENI a oublié les personnes déplacées qui n'ont pas pu voter. Ces personnes ont été enrôlés là où ils étaient mais après ce conflit ethnique, le conflit de territoire. Après leurs déplacements, il y a eu élections. Je demande aux autorités de descendre sur terrain pour palper du doigt la réalité. Les autorités ont oublié toutes ces personnes. Il faut que le gouvernement s'occupe d'eux”, Maître Diane Tshibola Madiya Coordinatrice Dynamique des femmes juristes pour des élections inclusives.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) estime qu'au 31 décembre 2023, plus de 9,6 millions de personnes étaient en déplacement en RDC, dont 6,5 millions de personnes déplacées internes, 2,6 millions de personnes retournées et 527 000 réfugiés. Cette situation place la crise de déplacement du pays parmi les plus importantes au monde, juste après celle du Soudan.