Du carnage à la prison centrale de Makala à l’augmentation des violations des droits de l’Homme en RDC, en passant par la mort de l’athlète ougandaise Rebecca Cheptegei, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de faits marquants avec Promedie Kamanda.
Bonjour Madame. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Promedie Kamanda : Je suis licenciée en communication, militante de défense des droits humains, particulièrement des femmes et filles, et membre de la synergie des jeunes africains pour la paix et la sécurité.
129 détenus ont perdu la vie dans la nuit du 1er au 2 septembre durant la répression de ce que les autorités présentent comme une tentative d'évasion à la prison centrale de Makala. Quelle lecture faites-vous de ces événements ?
Promedie Kamanda: Les événements de Makala sont une tragédie qui ne doit pas rester impunie. Il est impératif que les autorités congolaises prennent leurs responsabilités et mettent en place les mesures nécessaires pour que de tels drames ne se reproduisent plus. Une enquête indépendante et transparente est indispensable pour faire toute la lumière sur ces événements et identifier les responsables.
Selon vous, quelles mesures le gouvernement peut prendre pour prévenir des nouveaux drames dans ce milieu ?
Promedie Kamanda: La tragédie de Makala est un appel à la conscience collective. Le gouvernement doit prendre des mesures radicales pour réformer le système pénitentiaire et garantir le respect des droits fondamentaux de tous les détenus. Pour prévenir de nouveaux drames, il doit mettre en œuvre un ensemble de mesures ambitieuses et durables, notamment la réforme du système pénitentiaire qui doit passer par la décongestion des prisons, l’amélioration des conditions de détention, le renforcement de la sécurité dans les prisons
Suite aux événements survenus à la prison de makala, le ministre de la justice a ordonné l’arrestation du directeur de la prison. Comment jugez-vous la réponse des autorités face à ces événements ?
Promedie Kamanda: Je salue cette décision, mais elle ne suffit pas. Il est essentiel que cette mesure soit suivie d'une enquête approfondie et impartiale afin de déterminer les responsabilités de chacun et de traduire en justice les coupables.
Cependant, il est important de noter que la responsabilité de cette tragédie ne repose pas uniquement sur les épaules du directeur de la prison. C'est l'ensemble du système pénitentiaire qui est défaillant. Il est donc nécessaire de mettre en place des réformes profondes et durables pour prévenir de nouvelles catastrophes.
Le conseil supérieur de la magistrature (CMS) s’oppose à la décision du ministre de la Justice interdisant tout transfert des détenus à la prison de Makala. Pour elle, ces mesures ne tiennent pas et constituent une violation flagrante de la loi. Que pensez-vous de ceci?
Promedie Kamanda: Cette opposition constitue un développement important dans cette affaire. En effet, le CSM, en tant que garant de l'indépendance de la justice, est appelé à veiller au respect des principes fondamentaux du droit et à la bonne application des lois. L'interdiction des transferts pourrait être perçue comme une ingérence du pouvoir exécutif (représenté par le ministre de la Justice) dans le pouvoir judiciaire, en matière d'exécution des décisions de justice.
Au regard des statistiques de juillet face aux données de juin 2024, «le BCNUDH note une augmentation de 20% des violations des droits de l’Homme en RDC. Comment lutter contre ces violations et garantir le respect des droits des personnes en RDC?
Promedie Kamanda: Pour inverser cette tendance, on doit mettre en œuvre des actions coordonnées à plusieurs niveaux. Il s'agit tout d'abord de renforcer l'État de droit en luttant contre l'impunité, en réformant les forces de l'ordre et en assurant l'indépendance de la justice. Parallèlement, il est essentiel de promouvoir la paix et la sécurité en négociant des accords durables, en désarmant les groupes armés et en soutenant les initiatives de réconciliation. Enfin, la lutte contre la pauvreté, les inégalités et les discriminations est indispensable pour créer un environnement propice au respect des droits de l'homme.
L’athlète ougandaise Rebecca Cheptegei a rendu l’âme suite aux brûlures lui administrées par son compagnon. Comment avez-vous accueilli ceci?
Promedie Kamanda: La nouvelle du décès de Rebecca Cheptegei, une athlète de grand talent, est une nouvelle bouleversante et profondément choquante. Ce drame, loin d'être un cas isolé, met en lumière l'ampleur alarmante des violences faites aux femmes, un fléau qui touche toutes les couches de la société. Au-delà de la douleur et de la colère, cet événement doit servir de catalyseur pour une mobilisation collective en faveur de l'égalité femmes-hommes. Il est impératif de renforcer les dispositifs de protection des victimes, de poursuivre les agresseurs avec la plus grande fermeté et de mener des actions de prévention à grande échelle pour éradiquer ce fléau.
Quelles mesures peuvent être prises pour lutter contre les violences faites aux femmes en milieu sportif ?
Promedie Kamanda: Les violences envers les femmes dans le sport constituent un problème systémique nécessitant une réponse globale. Pour y remédier, on doit mettre en place des programmes de sensibilisation et de formation, établir des protocoles clairs pour signaler les abus et protéger les victimes, renforcer les contrôles sur les acteurs du sport, et favoriser une collaboration étroite avec des organisations spécialisées. Une communication transparente et un engagement de tous les acteurs de la société sont indispensables pour créer un environnement sportif plus sûr et respectueux.
La Nigériane Mariam Bolaji devient la première médaillée africaine en badminton aux Jeux. A 18 ans, la Nigériane a battu l'Ukrainienne Oksana Kozyna en 2 sets. Il s'agit de la première médaille du Nigeria dans ces Jeux paralympiques et surtout de la première médaille de l'histoire de l'Afrique dans cette discipline, Jeux olympiques et paralympiques confondus. Comment avez-vous accueilli ceci?
Promedie Kamanda: La victoire de Mariam Bolaji aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 est un événement historique pour le sport africain et une source d'inspiration immense. Cette jeune athlète nigériane a non seulement offert une première médaille à son pays dans ces Jeux, mais elle a également ouvert une nouvelle voie pour les sportifs africains en badminton. En tant que passionnée du sport, j'ai accueilli cette nouvelle avec une grande joie et une immense fierté. C'est une victoire qui dépasse le cadre du sport et qui a une portée symbolique forte. Elle nous rappelle que le sport a le pouvoir de rassembler les peuples, de surmonter les divisions et d'inspirer les générations futures.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka