Procès pour tentative de coup d'État : le tribunal se prononce ce lundi sur les demandes de liberté provisoire des prévenus Jean-Jacques Wondo et Ephraïm Mugangu

Les prévenus dans l'affaire coup d'Etat manqué
Les prévenus dans l'affaire coup d'Etat manqué

Siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo dans le cadre de l'affaire relative à la tentative de coup d'État, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe va se prononcer ce lundi 12 août 2024 sur les demandes de liberté provisoire soumises par les avocats des prévenus Jean-Jacques Wondo, expert belgo-congolais en questions de défense, et Ephraïm Mugangu Ndhirhuhirwa, propriétaire de l'auberge Momo 19, qui a accueilli les assaillants avant l'attaque du 19 mai dernier.

Cette décision intervient après avoir entendu les interventions des différentes parties au procès lors de l'audience du vendredi 9 août dernier, à la suite de laquelle le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe avait pris l'affaire en délibéré. Dans leurs moyens de défense, les avocats de Jean-Jacques Wondo, menés par Me Carlos Ngwapitshi, justifient leur demande par la dégradation de l'état de santé de leur client. Pour étayer leur argumentaire, ils ont présenté le rapport médical du centre hospitalier de la prison militaire de Ndolo.

À défaut d'obtenir la liberté provisoire, ils ont plaidé pour que leur client soit transféré dans un autre établissement hospitalier afin de recevoir les soins appropriés. Ils estiment qu'il sera difficile pour leur client de bénéficier d'un bon suivi médical s'il reste détenu à la prison militaire de Ndolo.

"Effectivement, les médecins de la prison militaire de Ndolo ont examiné mon client, mais lisez la conclusion, elle est aussi limpide, votre honneur. Les médecins de la prison de Ndolo estiment qu'ils ne pourront pas prendre en charge ce cas et qu'il faut obtenir son transfèrement. Alors, dites-moi, lorsque le juge est face à un rapport d'un expert, qu'est-ce qu'il lui reste encore à faire ? Le ministère public n'a pas raison de priver mon client de sa demande de liberté provisoire ou de sa demande de transfèrement. Il prétend que Jean-Jacques Wondo n'a pas de domicile, mais Wondo a une adresse : une personne peut avoir un domicile avec plusieurs résidences, et parmi celles-ci, il y a l'avenue Kilima n°22 dans la commune de Bandalungwa", a argumenté Me Carlos Ngwapitshi devant le tribunal militaire de Kinshasa/Gombe.

Ils ont rassuré le tribunal militaire que la fuite de leur client n'est pas à craindre. Ils acceptent même qu'il soit interdit à leur client de quitter le sol congolais, dans le seul but de lui permettre de suivre des soins appropriés en dehors de la prison militaire de Ndolo.

"Jean-Jacques Wondo traverse un moment difficile, sa santé ne tient plus. Nous vous prions d'accéder à notre demande en lui accordant les bénéfices intégraux de notre requête. Sa fuite n'est pas à craindre. Je vous dis, à la limite, si vous pensez qu'il va fuir, comme le prétend le ministère public, il ne va pas disparaître. Wondo est un homme connu sur le plan national et international, dites-moi, par quelle frontière va-t-il passer ? Dans ce cas, ordonnez même l'interdiction de sortie, pourvu qu'il puisse être hospitalisé", a soutenu Me Carlos Ngwapitshi.

L'autre requête a été introduite par les avocats du prévenu Ephraïm Mugangu Ndhirhuhirwa. Ses avocats ont demandé au tribunal de retenir sa femme, également prévenue (NDLR : Lunungu Mata Maguy), à titre de caution, et de laisser ce père de famille s'occuper de ses enfants mineurs, privés de leurs parents depuis les événements du 19 mai. Pour ses avocats, Ephraïm Mugangu, père de famille et auditeur dans une société de télécommunications de la place, n'a aucun intérêt à fuir. Ils estiment qu'il est arrêté simplement parce qu'il est l'époux de la gérante de l'auberge Momo 19 et qu'il doit donc être libéré pour s'occuper de sa famille abandonnée à son triste sort.

En réaction à ces deux requêtes, l'auditeur du ministère public, le Lieutenant-Colonel Radjabu Bashiru Innocent, a demandé au tribunal de déclarer ces demandes recevables, mais non fondées. Selon lui, compte tenu de la gravité des faits en cause, notamment la tentative de renversement du régime constitutionnellement établi par un coup d'État, une seule seconde de liberté provisoire accordée à Jean-Jacques Wondo et à Ephraïm Mugangu leur permettrait de fuir. Quant à la demande de Jean-Jacques Wondo de transfert dans un autre établissement hospitalier pour recevoir des soins appropriés, le ministère public soutient que cette question peut être gérée au niveau de l'administration pénitentiaire. Selon lui, l'hôpital de la prison militaire peut bien le prendre en charge sans qu'il soit nécessaire de le transférer ailleurs.

Les 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtres, et financement du terrorisme. Des infractions punissables de la peine de mort, laquelle pourrait être exécutée en vertu de la levée du moratoire intervenue le 13 mars 2024.

Clément MUAMBA