Affaire Nangaa et Consorts : la défense des cinq prévenus présents va faire appel de la décision de la Cour Militaire

Nangaa, Bisimwa, Chalwe
Nangaa, Bisimwa, Chalwe

Corneille Nangaa, coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a été condamné à mort ce jeudi 8 août 2024 par la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe. Il a été reconnu coupable de crimes de guerre, de trahison et de participation à un mouvement insurrectionnel.

La Cour a souligné son rôle en tant que chef hiérarchique dans ces activités criminelles. Le procès, qui avait débuté le 24 juillet 2024, a vu 25 personnes être poursuivies aux côtés de Corneille Nangaa.

Les cinq prévenus physiquement présents au procès ont cinq jours pour faire appel du jugement. Selon Maître Peter Ngomo, avocat de la défense, ce processus sera déclenché dès ce vendredi 9 août 2024.

"Je suis très déçu, je ne m'attendais pas à ce verdict, mais on n'a pas le choix, demain on va relever appel. Dès demain déjà, on va relever appel," a annoncé Maître Peter Ngomo, l'un des avocats de la défense, devant la presse à l'issue de l'audience.

Pour cet avocat, la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe n'a pas fait convenablement son travail. Selon lui, il existe des contradictions entre l'arrêt de la Cour et le réquisitoire du ministère public.

"Si je peux ne serait-ce que prendre le cas de Nangaa, d'abord, il y a une contradiction. Le ministère public ne le poursuit pas pour trahison, mais la Cour Militaire le condamne pour trahison. Je n'ai pas bien compris. On le condamne aussi pour participation à un mouvement insurrectionnel. Qu'a-t-il fait pour participer à un mouvement insurrectionnel ? Quel acte matériel a-t-il posé ? Sinon, le simple fait de s'appeler Nangaa, c'est tout. C'est ça le problème. L'autre prévenu, Nicaisse Samafu, dit qu'il connaît Corneille Nangaa depuis 2019, alors qu'ils étaient en train de préparer un projet électrique dans le Haut-Uele, et depuis lors, ils n'ont plus de contact avec lui. Quel acte a-t-il posé ?" s'est interrogé Maître Peter Ngomo.

Autre fait dénoncé par la défense : la célérité avec laquelle la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe a mené cette affaire. Selon Peter Ngomo, la manière de conduire l'affaire n'a pas permis aux avocats d'entrer en profondeur dans les différents éléments du dossier.

"Pour moi, on ne m'a brandi aucune preuve. Aucune preuve n'a été brandie, même lors du réquisitoire du ministère public, qui n'a brandi aucune preuve, si ce n'est que des allégations. Effectivement, il y a eu célérité, parce que nous avons été pris de court avec le procès, avec le fait d'avoir des audiences chaque jour. On n'a pas eu le temps de se préparer, nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour lire les pièces du dossier," a déploré Peter Ngomo.

En date du 24 juillet 2024, la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe avait ouvert le procès public contre le chef du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), Corneille Nangaa. Vingt-quatre autres prévenus sont également poursuivis pour rébellion contre la République. Cinq prévenus ont comparu, tandis que les autres sont "en fuite". Lors de l'audience du lundi 29 juillet 2024, Vianney Kazarama, autrefois la voix du mouvement rebelle en 2012, a été ajouté à la liste des prévenus.

L'ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, Corneille Nangaa, et ses co-accusés sont poursuivis pour des griefs tels que crime de guerre, participation à un groupe criminel, et enfin trahison. Ils sont accusés d’avoir créé un groupe armé qui combat l'armée régulière aux côtés de l'armée rwandaise. Les 21 prévenus qui ne sont pas présents sont jugés "par défaut" (contumace).

Clément MUAMBA