En détention à Makala, Mike Mukebayi relate son calvaire plus d’une année sans être jugé

Photo d'illustration
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L'audience de vendredi 19 juillet dernier à la prison de Makala a été marquée par des témoignages poignants de Mike Mukebayi, dénonçant les conditions brutales de son arrestation et de sa détention. Les avocats de l’ancien député provincial ont une nouvelle fois contesté la validité de la procédure, arguant qu'elle devrait être déclarée nulle. 

Mukebayi a été arrêté à son domicile le 21 mai 2023 par des individus non identifiés, qui l'ont tabassé et transporté dans un véhicule. "Ils m'ont encagoulé et jeté comme un colis à la police judiciaire du parquet", a-t-il relaté devant les juges. "J'ai été détenu sans être entendu, aucun acte de procédure n’a été posé à mon endroit."

Après avoir passé la nuit au parquet, il a été transféré à la cour d'appel sans explication. "C’est là que j’ai compris que dans ce pays, la justice n’existe pas. Même la secrétaire était étonnée qu’on m'emmène là sans le procès-verbal de saisine du prévenu," a-t-il ajouté. 

Mukebayi a également mentionné les appels téléphoniques qui ont semblé orchestrer sa détention.

L’ancien journaliste fait face à plusieurs accusations, dont menace d’attentat, propagation de faux bruits et imputations dommageables. À ces accusations s'est ajoutée l'offense au chef de l'État, à la suite de ses propos lors de l'émission "Libre débat" sur la chaîne de télévision CML13.

"Je suis pris devant chez moi, devant mes enfants qui sont traumatisés," a-t-il déclaré. "Mon fils aîné a appelé mon frère, disant qu'il pensait que je ne reviendrai plus à la maison. Il a dit à mon frère que cette fois-ci, j'avais été pris par des criminels."

Les avocats de Mukebayi ont soulevé des préalables et une exception d’inconstitutionnalité dès les premières audiences en 2023, mais la Cour constitutionnelle a pris six mois pour répondre, rejetant cette exception en novembre 2023. Les parties se sont retrouvées à la cour d'appel en février 2024, où les avocats contestent toujours la compétence de la cour d’appel à juger leur client, maintenant qu'il n'est plus député provincial.

"Je vois jusqu’à ce jour un document avec pour objet transfert de prévenu de la cour de cassation à la cour d’appel. Je n’ai jamais mis les pieds à la cour de cassation, jamais. Que la cour de cassation me dise quel est le magistrat qui m’a auditionné là-bas," a lancé Mukebayi.

Mukebayi, membre du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, est incarcéré depuis le 23 mai 2023. Son arrestation suivait son soutien à la famille d'un mineur victime de violences lors d'une manifestation de l'opposition le 20 mai 2023, sévèrement réprimée par les forces de l'ordre.

"La stratégie était de me condamner le plus rapidement possible par la procédure de flagrance. Le lendemain, mes avocats relèvent des exceptions d’inconstitutionnalité. Nous étions en procédure de flagrance. Et la cour constitutionnelle prend six mois pour se prononcer," a-t-il conclu avec amertume.

L’audience se poursuit, les avocats de Mukebayi attendent que la cour d’appel statue sur la régularité de la procédure et la compétence de la cour à juger ce dossier.  Les avocats attendent maintenant que cette cour se prononce.