Le vice-premier ministre chargé de l'intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Jacquemain Shabani, séjourne depuis lundi 29 dans la ville de Kisangani en province de la Tshopo en prélude de la commémoration du GENOCOST, ce 2 août 2024. Faisant d'une pierre deux coups, Jacquemain Shabani a échangé, mercredi, avec le collectif des chefs de la province de la Tshopo au sujet du conflit foncier entre les communautés Mbole et Lengola.
Devant le chef de la territoriale, ces gardiens des terres et des coutumes ont expliqué, tour à tour, la pomme de discorde de ce conflit qui se solde par mort d'homme depuis son déclenchement. Pour certains, à en croire la cellule de communication du VPM, c'est la vente illégale des terres qui est à la base de ses hostilités, tandis que pour les autres c'est question de délimitation des provinces, issue de démembrement. Pour régler ce différend, le collectif des chefs coutumiers de la Tshopo sollicite la convocation d'un dialogue en vue d'une cohabitation pacifique entre les sept territoires, les dix-huit chefferies ainsi que les cinquante-trois secteurs qui composent cette province.
« Nous étions venus avec nos quatre points, dont le premier est celui relatif au conflit Mbole et Lengola, qui s'éclate à Lubunga. Nous demandons l'implication du président de la République pour que cesse finalement ce problème, et que la paix revienne. Et pour que la paix revienne, nous lui demandons d'impliquer les chefs coutumiers dans ce dialogue. Nos frères sont morts en cascade, le sang a beaucoup coulé. Nous ne l'avons jamais vécu ici à la Tshopo. C'est ainsi que ça doit cesser », a déclaré à la presse Ngaluwa Amisi Gabriel, l'un d'eux.
Dans leurs échanges, ces chefs coutumiers ont fait savoir à ce membre du gouvernement qu'il existe deux administrations parallèles dans certains territoires et chefferies. Il lui ont également révélé que l'influence des politiques est à la base de l'insécurité du pouvoir ancestral.
A son tour, Jacquemain Shabani les a rassuré de l'implication du chef de l'État pour la restauration de la paix et de l'autorité de l'État dans ce coin de la République Démocratique du Congo, précise sa cellule de communication. En attendant la programmation dudit dialogue, le vice-premier ministre de l'intérieur les a appelés à une cohabitation pacifique.
En juin dernier, le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe, avait reçu les élus nationaux de la province de la Tshopo, venus lui demander des mesures urgentes contre l'insécurité dans leur région, notamment le conflit meurtrier entre les communautés Mbole et Lengola à Lubunga, qui provoque des déplacements massifs de population. Ces élus avaient exigé la suspension de la cession de terres à l'origine du conflit, la relocalisation des populations, et l'envoi d'une force d'intervention pour désarmer les fauteurs de trouble. En réaction, le président de la chambre basse du parlement leur avait promis de transmettre leurs préoccupations au président de la République, et avait annoncé une mission humanitaire de l'assemblée nationale pour évaluer la situation sur le terrain.
Samyr LUKOMBO