Reportage immersif dans l'usine à chips de Mimi Thadila

Photo/ Droits tiers
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 Mimi Thadila est à la tête d'une unité de production de chips. Elle incarne la force et la résilience des femmes congolaises qui luttent pour leur autonomisation économique. À l'occasion de la Journée internationale de la femme africaine, le Desk Femme d’Actualité.cd a souhaité mettre en lumière son parcours et les défis auxquels elle fait face, tout en explorant les initiatives mises en place pour soutenir l'entrepreneuriat féminin en RDC.

Les premières lueurs du jour éclairent à peine l'atelier lorsque Mimi Thadila enfile sa blouse. La journée s'annonce chargée dans son unité de production de chips. Le bruit des machines, l'odeur alléchante des tarots, la banane plantain, la noix de coco et le ballet incessant des employés créent une ambiance unique. Ici, tout est pensé pour transformer ces tubercules en produits finis, prêts à être dégustés.

"J'ai toujours aimé cuisiner", confie-t-elle avec un sourire. "Quand j'ai commencé à fabriquer des chips, je ne pensais pas que cela deviendrait mon métier. Mais la demande a été telle que j'ai décidé de me lancer à fond."

Mimi Thadila supervise chaque étape de la production : le lavage des bananes plantains, tarots, leur découpage en fines tranches, la friture dans l'huile bouillante, l'assaisonnement, l'emballage. Chaque geste est précis, chaque détail compte. Car dans un marché concurrentiel, la qualité est la clé de la réussite.

"C'est un métier exigeant, mais passionnant," précise-t-elle. "Voir les produits finis, prêts à être vendus, c'est une grande satisfaction."

Au-delà de son activité, Mimi Thadila est aussi un moteur pour l'économie locale. Elle gère une équipe de femmes, souvent issues de milieux modestes, auxquelles elle offre un emploi. En créant des emplois, elle contribue à améliorer le quotidien de nombreuses familles. De plus, en utilisant des produits locaux, elle soutient l'agriculture congolaise.

Mais derrière cette passion se cache aussi une réalité complexe. Gérer une entreprise en RDC, ce n'est pas toujours facile. Les coupures d'électricité, les problèmes d'approvisionnement, les fluctuations du marché, autant de défis que Mimi doit relever au quotidien.

"L'entrepreneuriat en RDC n'est pas sans défis. Il faut être résilient," souligne l'entrepreneure. 


"Dans ce domaine, je fais face aux difficultés liées à l'accès aux matières premières, aux coupures d'électricité, et aux problèmes de distribution. Pour me démarquer, je  n'hésite pas à innover. Je développe de nouvelles saveurs, emballe les produits de manière plus attrayante et envisage de me lancer dans la distribution en ligne."

Les défis de l'entrepreneuriat féminin en RDC

Le parcours de Mimi Thadila est loin d'être isolé. De nombreuses congolaises se lancent dans l'entrepreneuriat, motivées par le désir d'améliorer leurs conditions de vie et contribuer au développement de leur communauté. Cependant, elles font face à de nombreux défis :

- L’accès au financement : "les femmes entrepreneurs rencontrent d'énormes difficultés pour obtenir des prêts bancaires ou des financements auprès des institutions financières", déplore Mimi Thadila.
- Le manque de formation : "la formation professionnelle est souvent limitée, ce qui handicape les femmes dans la gestion de leur entreprise "
- Les réseaux professionnels sont souvent dominés par les hommes. Ce qui limite les opportunités pour les femmes.
- La persistance des stéréotypes de genre, limitant ainsi les ambitions des femmes et leur accès à certains secteurs d'activité.

Face à ces défis, de nombreuses initiatives sont mises en œuvre pour soutenir l'entrepreneuriat féminin en RDC, relève Gracia Mbombo, économiste et présidente du réseau des femmes entrepreneurs, œuvrant dans l’agroalimentaire.

"Il y’a différents mouvements et réseaux d'entrepreneurs qui ont été créés pour permettre aux femmes de se rencontrer, d'échanger leurs expériences et de se soutenir mutuellement, avec des programmes de formation pour renforcer leurs compétences dans les domaines de la gestion, du marketing et de la finance".

À ce qui concerne l’accès au micro crédit, l’économiste souligne que des institutions financières proposent des micro crédits aux femmes entrepreneurs pour les aider à financer leurs projets et les pouvoirs publics mettent en place des politiques visant à favoriser l'entrepreneuriat féminin et à créer un environnement économique plus favorable.


Elle révèle cependant que ces mesures souffrent d’application dans la plupart des cas. Ce qui ne permet pas aux femmes entrepreneurs de relever les défis et assurer leur vie.