Le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo dans l'affaire du coup d'État manqué du 19 mai dernier en République démocratique du Congo va poursuivre ce lundi 29 juillet 2024 l'étape des interrogatoires. Lors de l'audience de vendredi 26 juillet dernier, le tribunal a auditionné à titre de renseignant, le sous commissaire adjoint Mukengeshayi, l'un des policiers commis à la garde de Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale.
Dans son intervention, le sous commissaire adjoint Mukengeshayi avant de retracer le déroulement des faits au sujet des activités des assaillants conduits par Christian Malanga la nuit du 18 au 19 mai 2024, il a révélé que c'est depuis 13 ans qu'il travaille avec le président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe.
"Nous étions au nombre de 13 ou 14, c'était vers 4 heures du matin. Au moment où je sortais pour aller me laver j'ai vu 3 drones en train d'être pilotés tout autour de la parcelle, j'ai cru que c'était des abeilles. Un des collègues m'a dit pareil drone c'est souvent lorsqu'il y a une autorité dans le secteur qu'on fait monter pour la surveillance. Pendant que j'enlevais mes bottines pour aller me laver, j'ai vu des jeeps en train de venir en mode 4x4. La première jeep fait comme si elle entrait dans la résidence de l'ambassadeur de Belgique, directement j'ai vu l'infra rouge sur mon corps, on m'avait déjà braqué par une personne dont j'ai connu le nom après, c'était lui-même Christian Malanga", a-t-il relaté dans son intervention devant le tribunal.
En descendant du véhicule, dit-il, Christian Malanga a directement déclaré que c'était la fin du régime du Président Félix Tshisekedi.
"Deux autres personnes sont venues directement vers moi, les blancs étaient un peu excentrés mais ceux qui étaient venus vers moi c'est Christian Malanga et l'autre que j'ai vu ici Youssouf Ezangi (britannique d'origine congolaise). Ce monsieur m'avait pris toutes mes affaires ce jour-là, c’est lui qui m'avait menotté et pendant ce temps Christian Malanga disait "Toi tu ne sais pas que votre gouvernement vient de tomber ? Tshisekedi n'est plus le Président où est Monsieur Vital Kamerhe ?”. J'étais à genoux en train d'être menotté. Les ampoules de l'extérieur étaient allumées mais un de mes éléments a réussi à entrer dans la parcelle, et a éteint la lumière. Ils avaient au moins 7 Jeeps", a-t-il fait savoir.
Pendant que l'un des assaillants voulait accéder à la résidence, un des éléments de la police avait tiré sur lui.
"Pendant que j'étais déjà menotté ils avaient commencé à tirer des balles en désordre et ils voulaient casser la porte pour prendre Vital Kamerhe, ils ont utilisé une jeep pour pousser la porte à deux reprises et elle s'est ouverte, un de leurs éléments (NDLR: Aboubacar) voulait entrer dans la parcelle, un de mes éléments qui était entré a tiré directement sur lui, en ce moment là Youssouf Ezangi lance un cri " Aboubacar est mort" et Malanga était rentré du côté où d'autres jeeps étaient garées non loin de la résidence", a encore signifié le policier.
Invité à réagir sur la version des faits de cet élément de la police nationale, le prévenu Youssouf Ezangi, britannique d'origine congolaise a nié la version.
À la question de savoir pendant que cet événement se déroulait ou se trouvait Vital Kamerhe et son épouse ? Le policier répond:
"Ils étaient bel et bien à l'intérieur de leur maison parce que c'était déjà l'heure de dormir. Je ne saurai pas dire s'ils étaient au salon ou dans la chambre, j'étais à l'extérieur déjà menotté et privé de mes téléphones" a-t-il indiqué.
En réaction l'auditeur du ministère public a salué la bravoure de ce policier tout en condamnant la démarche de Youssouf Ezangi qui selon lui, voulait induire le tribunal en erreur. “C'est un loyaliste, fidèle, et il ne peut jamais se comporter de la manière dont le prévenu Youssouf Ezangi, l'un des chefs d'orchestre est en train d'entraîner le tribunal dans les faussetés alors que le tribunal est aguerri", a-t-il soutenu dans sa réplique.
Après une longue période interrogatoire et contradictoire, le président du tribunal a salué l'esprit "patriotique" du policier et n'exclut pas la possibilité de l'inviter encore y compris l'épouse de Vital Kamerhe.
Les 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association des malfaiteurs, meurtres, financement du terrorisme. Des infractions punissables jusqu’à la peine de mort, laquelle pourrait être exécutée en vertu de la levée du moratoire intervenue le 13 mars 2024.
Clément MUAMBA