La dot en RDC : un héritage culturel à l'épreuve de la modernité

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 Présente dans de nombreuses cultures, la dot fait l'objet de nombreux débats. Pour mieux comprendre les enjeux actuels liés à cette tradition, le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré Sidonie Nakwal, sociologue et analyste socio-culturelle. Elle revient sur l'origine de la dot, sa signification et son évolution dans un monde en constante mutation.

Selon Sidonie Nakwal, la dot est bien plus qu'un simple échange de biens. Elle symbolise l'union de deux familles, marque le respect de la femme et reconnaît la valeur de son apport au sein du foyer. La sociologue note que les origines de la dot remontent à des temps immémoriaux où elle servait à consolider les alliances entre clans. Et les significations qu'on lui attribue varient d'une culture à l'autre. "Historiquement, la dot était constituée d’objets ayant une valeur symbolique, comme des outils, du bétail ou des terres. Elle symbolise le respect, l'honneur, la gratitude ou encore la compensation pour la perte d'une fille", explique l'enseignante.

Cependant, Mme Nakwal relève qu'avec le temps, ces biens ont évolué pour s’adapter aux réalités économiques.

"La mondialisation a profondément modifié les pratiques liées à la dot : les influences extérieures, l'urbanisation et l'évolution des mentalités ont entraîné une inflation de la dot presque partout en République démocratique du Congo, avec comme conséquence de marginaliser les jeunes couples qui peinent à réunir les sommes exigées. Cette inflation est souvent perçue comme un fardeau financier pour les familles des futurs époux. De plus, la nature des biens constituant la dot a changé. Aujourd’hui, on assiste à une monétarisation de la dot, avec des sommes d’argent de plus en plus importantes. Et cette allure confère à la dot, un caractère de marchandisation de la femme, qui réduit son mariage à une transaction financière; et constitue également une entrave à l’égalité entre les sexes et un obstacle aux mariages précoces", a-t-elle expliqué.

Face à ces évolutions, la société congolaise est confrontée à un dilemme : comment concilier les traditions ancestrales avec les réalités d'un monde en constante mutation ?

Pour Sidonie Nakwal, une ré interprétation de la pratique de la dot est cruciale.

"Il est nécessaire de trouver un équilibre entre le respect des traditions et l’adaptation aux réalités actuelles. La dot pourrait être redéfinie comme un geste symbolique, sans que cela ne représente un fardeau financier excessif", propose la sociologue.
Elle appelle ainsi à de nombreuses initiatives pour réformer les pratiques liées à la dot. Notamment la sensibilisation des populations à la promotion des mariages plus équitables.

"C'est un travail que doivent faire les associations de femmes, les organisations de la société civile et même certaines autorités coutumières. On doit également fixer de plafonds pour la dot sur l'ensemble du territoire national en tenant compte des réalités et coutumes de chaque région ; promouvoir de mariages civils en parallèle des mariages coutumiers ; sensibiliser des jeunes sur les conséquences d'une dot excessive; Et soutenir les femmes victimes de violences liées à la dot." a-t-elle déclaré.

Sidonie Nakwal encourage les initiatives de réforme de la dot, mais soulève qu'il reste encore beaucoup à faire pour garantir l'égalité entre les hommes et les femmes et promouvoir des unions fondées sur le consentement mutuel en RDC.


Nancy Clémence Tshimueneka