La République Démocratique du Congo est un pays marqué par une tradition de mariage et de famille. Les femmes célibataires sont souvent confrontées à une pression familiale et sociale pour se marier et avoir des enfants. Cette pression peut avoir un impact négatif sur leur santé mentale, leur bien-être et leurs choix de vie, note Vincent Bauna, analyste sociologue et assistant au département des Lettres et civilisations africaines de l'Université de Kinshasa.
Le professeur Bauna revient sur les défis spécifiques auxquels ces femmes sont confrontées, les stratégies d'intervention et d'accompagnement qui pourraient être mises en place pour les soutenir, et les perspectives d'avenir pour un changement durable.
L'enseignant souligne que la pression sociale sur les femmes célibataires en RDC pour se marier existe depuis l’indépendance et n'a pas disparu. Elle a pris des formes différentes au fil du temps.
"Autrefois, cette pression était plus directe et coercitive. Les familles organisaient des mariages arrangés et exerçaient un contrôle strict sur la vie de leurs filles. Aujourd'hui, la pression est souvent plus subtile et psychologique. Les femmes célibataires font face à des commentaires incessants, à des critiques et à des interrogations constantes sur leur statut matrimonial",a-t-il dit.
Il a soutenu que ces femmes sont souvent confrontées à une multitude de défis, notamment la stigmatisation sociale, en particulier pour les femmes d'un certain âge. La pression familiale, conformément aux normes culturelles et religieuses traditionnelles. La discrimination dans divers aspects de la vie. Les difficultés économiques, en particulier pour les femmes célibataires qui ont des enfants.
L’analyste sociologue note également que les représentations sociales de la femme célibataire en RDC demeurent largement négatives. "Elles sont souvent perçues comme des femmes incomplètes ou égoïstes, ayant échoué à remplir leur rôle sociétal attendu de se marier et d'avoir des enfants. Ces représentations stigmatisantes poussent ces femmes à l'isolement social et à la détresse psychologique".
Malgré ces défis persistants, l’analyste relève des signes d'évolution positive.
"De plus en plus de femmes célibataires assument des rôles importants dans la société congolaise, contribuant à l'économie, à la culture et à la vie communautaire. Et des voix s'élèvent également pour dénoncer les stéréotypes et promouvoir l'acceptation de la diversité des choix de vie."
Pour faire face à ces défis et promouvoir une société plus inclusive pour les femmes célibataires en RDC, l’analyste préconise des actions concertées à tous les niveaux.
"Des campagnes de sensibilisation sont cruciales pour déconstruire les stéréotypes et promouvoir le respect des choix individuels. Des programmes de soutien psychologique et d'accompagnement sont également nécessaires pour aider les femmes célibataires à faire face à la pression sociale et à s'épanouir dans leur vie."
Le sociologue a également évoqué plusieurs stratégies d'intervention et d'accompagnement qui pourraient être mises en place pour soutenir les femmes célibataires, dont la sensibilisation aux problèmes auxquels sont confrontées les femmes célibataires afin de dissiper les mythes et les stigmatisations qui les entourent.
Promouvoir l’accès à l’éducation pour les femmes célibataires et à la formation pour leur permettre de développer leurs compétences et d'améliorer leurs perspectives d'emploi. Le soutien économique pour aider les femmes célibataires à devenir autonomes et à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et la création d'espaces sûrs où les femmes célibataires peuvent se réunir, partager leurs expériences et s'entraider.
Quant aux perspectives d'avenir pour un changement durable des attitudes et des comportements vis-à-vis du mariage et du statut de célibataire en RDC, l’enseignant s'est montré optimiste. Il a cité plusieurs facteurs qui contribuent à cet optimisme, notamment : la prise de parole des femmes pour remettre en question les normes sociales traditionnelles, les changements démographiques, l'autonomisation économique croissante des femmes pour contribuer à modifier les rôles de genre et les dynamiques familiales.
Nancy Clémence Tshimueneka