De la prolongation de la trêve humanitaire dans l’Est à l’attentat contre Donald Trump, en passant par l'insécurité dans le secteur des transports en commun à Kinshasa, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Dorcas Kapitaine Luamba.
Merci de nous accorder de votre temps Madame Dorcas Kapitaine Luamba. Pouvez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Je suis Présidente de la Fondation soleil levant, coordinatrice du centre PESA ELIKYA NA MUASI et de la structure MUASI YA ELIKYA, graduée en sciences commerciales et financières de l’institut supérieur de la Gombe, mariée et mère de 2 enfants.
L'Ecidé de Martin Fayulu réitère son appel aux concertations nationales pour le retour de la paix dans l'Est du pays. Que pensez-vous de cet énième appel au retour de la paix ?
Dorcas Kapitaine Luamba: La paix est le fondement de tout progrès. La réconciliation est non seulement souhaitable, mais indispensable pour bâtir un avenir meilleur. En favorisant le dialogue et le pardon, nous pourrons enfin tourner la page de la guerre.
Entretemps, les États-Unis obtiennent une prolongation de la trêve humanitaire dans l'Est de la RDC jusqu'au 3 août 2024. Quelles mesures concrètes peuvent être mises en place pour garantir le respect de cette décision par toutes les parties prenantes au conflit ?
Dorcas Kapitaine Luamba: La mise en œuvre de cette trêve s'avère complexe en raison de la difficulté de faire respecter un cessez-le-feu par toutes les parties prenantes.
Il serait judicieux de mettre en place une zone tampon surveillée par des observateurs internationaux pour empêcher toute violation du cessez-le-feu et protéger les civils.
Dans une déclaration, Gecoco Mulumba dénonce les détournements de fonds publics, les qualifiant de véritable fléau qui mine les fondements de la nation. Face à l'ampleur de ce problème, il appelle à une traque implacable des responsables. Pensez-vous que ses appels seront entendus et suivis ?
Dorcas Kapitaine Luamba: On dit que la justice est le pilier d'une nation. Or, dans notre pays, elle semble sélective. Cet appel parmi tant d'autres constitue la dernière goutte qui fait déborder le vase, et je suis convaincue qu'elle pourrait être le catalyseur d'un changement profond.
Le procureur général près la Cour des comptes, Salomon Tudiese, a convoqué l'Inspecteur général des finances chef de service, Jules Alingete, ses collaborateurs ainsi que le directeur général de la Gécamines, Placide Nkala. Ils devront répondre à des questions dans le cadre d'une enquête sur un contrat de consultance controversé. Quelle analyse de la situation faites-vous au regard de la mission de l’IGF?
Dorcas Kapitaine Luamba: L'Inspection générale des finances (IGF) a pour mission de vérifier, contrôler et auditer, tant à priori qu'a posteriori, les aspects techniques, financiers et comptables de l'ensemble de l'administration publique nationale. Dans le contexte actuel, marqué par de nombreux défis, la mission de l'IGF est particulièrement complexe. Les agents de cette institution sont en première ligne face à des pratiques douteuses et sont souvent confrontés à des pressions et à de fausses accusations. Ils jouent un rôle essentiel de sentinelles de la gestion publique.
La récente convocation du Procureur Général soulève des interrogations sur les éventuelles menaces pesant sur l'IGF. Il est important de rappeler que les inspecteurs généraux bénéficient d'une protection juridique spécifique, et qu'il est essentiel de préserver leur indépendance pour garantir la bonne marche de leurs investigations. À mon sens, cette convocation pourrait être liée aux enquêtes menées par l'IGF, qui mettent potentiellement en lumière des malversations financières impliquant des individus influents.
Face à la recrudescence des agressions et vols perpétrés contre les taxis et leurs chauffeurs, la Police nationale congolaise (PNC) de Kinshasa exhorte les taximen à s'assurer de l'identité de leurs clients, en particulier lors des courses nocturnes. Que pensez-vous de ces recommandations ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Demander aux taximen d'être plus vigilants est un premier pas, mais cela ne résout pas le problème à la racine. Pour garantir la sécurité de tous, il est indispensable d'équiper convenablement la police. Des moyens de transport adaptés et une présence accrue dans tous les quartiers sont essentiels pour lutter efficacement contre l'insécurité, notamment dans le secteur des transports en commun à Kinshasa.
Des tensions agitent le parti présidentiel, l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Des cadres et militants du parti critiquent ouvertement la gestion du secrétaire général, Augustin Kabuya, le poussant vers la sortie. Quelles pourraient être, à votre avis, les conséquences de cette crise interne sur le parti et sur la coalition au pouvoir ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Cette situation demande un arbitrage. Je pense que ce fut une erreur de ne pas avoir désigné un président au sein du parti UDPS. Augustin Kabuya a occupé deux postes consécutifs après le départ de Jean Marc Kabund. Pour apaiser cette tension, le chef de l'État devrait prendre une décision qui rassemble le plus grand nombre. L'UDPS étant un parti majeur, le chef de l'État doit œuvrer pour un équilibre politique.
L'artiste musicien Koffi Olomidé a été convoqué devant le Parquet général près de la Cour de cassation suite à ses déclarations lors de l'émission Le Panier diffusée sur la RTNC, concernant la situation sécuritaire du pays. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Les propos de Koffi Olomidé, en tant que leader d'opinion, sont fondés. Cependant, en sa qualité d'ambassadeur de la culture, il aurait dû choisir un autre lieu et une autre manière de s'exprimer que sur la chaîne nationale. Le contenu du message n'est pas problématique en soi, mais le contexte était inapproprié.
Donald Trump a été blessé par balle lors d'un rassemblement politique aux Etats Unis. Quel peut être l'impact de cet attentat sur la campagne présidentielle américaine ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Donald Trump est bien parti pour remporter ces élections selon moi, cette situation lui a offert une belle publicité et sympathie auprès des électeurs, certes, cela ne sera pas déterminant mais je reste convaincue qu'il en a tiré beaucoup de bénéfice sur le plan électoral.
Cet attentat soulève-t-il des questions sur la sécurité des personnalités politiques aux États-Unis ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Oui parce que Donald Trump n'est pas n'importe qui. Quand un candidat président, de surcroît un ancien président des États Unis se fait tirer dessus, ça devrait inquiéter tout le monde. Ceci remet sur la scène la préoccupation du port d’armes aux Etats Unis. Les services de sécurité doivent augmenter la vigilance pour protéger les personnalités peu importe le camp politique auquel elles appartiennent.
Journée mondiale des compétences des jeunes : Cette journée vise à sensibiliser à l'importance de doter les jeunes des compétences nécessaires pour réussir dans le monde du travail de demain. Quel rôle les gouvernements, les entreprises et les établissements d'enseignement peuvent-ils jouer pour promouvoir le développement des compétences des jeunes ?
Dorcas Kapitaine Luamba: La jeunesse a besoin des formations , l'organisation des ateliers , de la création d'emplois.
Que peuvent faire les jeunes eux-mêmes pour développer leurs compétences ?
Dorcas Kapitaine Luamba: La prise de conscience de la jeunesse est un enjeu majeur pour l'avenir. En se formant et en s'engageant, les jeunes peuvent devenir des acteurs clés du changement. La jeunesse doit également être en mesure de prouver ses compétences par sa manière de faire les choses.
Des attaques contre des villages dans le sud de Madagascar font craindre une nouvelle escalade de violence. Les forces de l'ordre sont déployées pour rétablir le calme. Cet événement pourrait-il entraîner des répercussions sur la stabilité politique du pays?
Dorcas Kapitaine Luamba: Madagascar, déjà secouée par des troubles électoraux en 2023, voit sa stabilité politique menacée. Il est urgent de rétablir le calme pour éviter une nouvelle crise.
Les dirigeants africains se réunissent à Addis-Abeba pour discuter des questions de paix et de sécurité, de développement économique et d'intégration régionale. Comment l'UA peut-elle mieux promouvoir la paix et la sécurité, le développement économique et l'intégration régionale ?
Dorcas Kapitaine Luamba: Pour préserver la paix et la stabilité en Afrique, il est crucial de renforcer la capacité d'intervention de l'Union africaine (UA). Une force d'interposition plus solide permettrait de prévenir et de gérer les conflits de manière plus efficace.
Parallèlement, pour accélérer le développement du continent, l'UA doit inciter les États membres à atteindre les objectifs nécessaires à la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Cela implique de favoriser une plus grande intégration régionale, notamment en encourageant la collaboration entre les États et en développant les chaînes de valeur locales. En transformant les matières premières sur le continent, l'Afrique pourra renforcer son économie et réduire sa dépendance vis-à-vis des importations.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka