Kinshasa : comment lutter contre la dépigmentation de la peau et ses effets psychologiques ?

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La dépigmentation de la peau, pratique néfaste qui touche de nombreuses personnes en République démocratique du Congo et ailleurs en Afrique, trouve ses racines dans des causes complexes, allant des problèmes d'identité aux pressions socioculturelles, note Josué Ozowa Latem, psychothérapeute et psycho-clinicien au centre Telema de Kinshasa.
Parmi les facteurs psychologiques qui sous-tendent la dépigmentation de la peau, le psychologue met en avant : (i) la crise d'identité et le manque d'acceptation de soi, causés par l'internalisation des stéréotypes coloniaux et l'influence des médias, qui véhiculent une image idéalisée de la peau claire

 (ii) le sentiment d'infériorité et le traumatisme colonial, qui poussent certaines personnes, surtout les femmes à se dépigmenter pour se conformer à des standards de beauté eurocentriques

 (iii) les pressions socioculturelles, dues aux normes de beauté irréalistes véhiculées par les médias et la société en général, qui peuvent amener les femmes à se sentir inférieures si elles n'ont pas la peau claire.

Le psychothérapeute souligne également les graves conséquences psychologiques de ce phénomène, telles que : des problèmes qui peuvent conduire à une faible estime de soi et à des sentiments de honte et de culpabilité 
La dépression et l'anxiété, qui peuvent être causées par la pression constante pour se conformer à des standards de beauté irréalistes 
L'isolement social. car, selon lui, les femmes qui se dépigmentent peuvent se sentir stigmatisées et rejetées par leur communauté.

Pour comprendre et combattre ce phénomène, il est essentiel d'adopter une approche holistique qui inclut la psychologie, soutient Josué Ozowa Latem. Cette approche doit mettre l'accent sur la sensibilisation et l'éducation, afin de :

- Informer la population des dangers et des alternatives à la dépigmentation.

- Promouvoir l'acceptation de soi et la diversité des standards de beauté.

- Valoriser la beauté naturelle de toutes les couleurs de peau.

Le psychothérapeute relève également le rôle crucial que peuvent jouer les médias et les professionnels de la santé dans la lutte contre la dépigmentation de la peau. "Les médias doivent diffuser des messages positifs et valoriser la beauté naturelle de toutes les couleurs de peau. Les professionnels de la santé, quant à eux, doivent sensibiliser aux dangers de la dépigmentation et proposer des alternatives saines".

Pour les femmes qui ont déjà été victimes de la dépigmentation de la peau, Josué Ozowa Latem préconise plusieurs solutions, notamment :

- La thérapie cognitivo-comportementale, qui vise à modifier les pensées négatives et les comportements destructeurs liés à la perception de soi et à la couleur de la peau.

- L'utilisation de produits de soin de la peau adaptés, qui peuvent aider à réparer les dommages causés par la dépigmentation.

- Le soutien psychologique, qui peut aider les femmes à surmonter les traumatismes psychologiques liés à la dépigmentation.

La lutte contre la dépigmentation de la peau à Kinshasa nécessite une approche multidimensionnelle qui intègre la psychologie, comme l'a expliqué le  psycho-clinicien. "En sensibilisant le public, en promouvant l'acceptation de soi et en offrant un soutien psychologique adéquat, il est possible de changer les mentalités et d'encourager une société plus inclusive et respectueuse de la diversité des peaux", a-t-il renchéri.


Nancy Clémence Tshimueneka