RDC : face à la lenteur dans la production et délivrance de la carte d'identité, Félix Tshisekedi attend de Jacquemain Shabani un rapport "sans complaisance"

Félix Tshisekedi recevant sa carte d'identité à l'ONIP
Félix Tshisekedi recevant sa carte d'identité à l'ONIP

Le processus de production et délivrance de la carte d'identité nationale par l'Office national de l’identification de la population (ONIP) fait du sur place malgré l'obtention de la carte par le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi et quelques personnalités du pays. Cet état de chose semble préoccuper le chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi qui est revenu sur la question vendredi 12 juillet 2024 lors de la 5ème réunion du conseil des ministres
Dans son intervention, le garant de la nation et du bon fonctionnement des institutions veut voir clair dans cette affaire qui freine la matérialisation d'une de ses promesses faites à la population congolaise lors de son premier mandat. Il dit attendre de Jacquemain Shabani Lukoo, VPM, ministre de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières un rapport " sans complaisance" sur ce dossier. 

"Il revient au Président de la République que depuis le lancement du projet de délivrance des cartes d'identité, Il n'y a plus de développement attendu au regard du chronogramme présenté. Ainsi, tenant compte de l'impérieuse nécessité de doter chaque citoyen de la République Démocratique du Congo de sa carte d'identité, il a instruit au VPM, ministre de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières de lui faire un point sans complaisance sur ce dossier et de prendre toute les dispositions y rattachées", rapporte le compte rendu de la réunion lu par Augustin Kibassa Maliba, ministre des PTNTIC-N. 

Bien avant son départ au ministère de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières, l'inspecteur chef des services de l'Inspection générale des finances (IGF), Jules Alingete Key, avait fait part à Peter Kazadi des observations de l'IGF sur la production des cartes d'identité nationale par le groupement Afritech/Idemia. 

Dans sa lettre consultée par ACTUALITE.CD au mois de juin dernier, ce service rattaché à la Présidence de la République avait révélé "des irrégularités" suivantes que présente le contrat de 697 millions USD dont 104 millions USD d'apport de l'État congolais (20 millions déjà disponibilités ) et 193 millions à apporter par Afritech/Idemia.

"Le groupement Afritech/Idemia ne dispose pas de ressources pour financer sa participation. Le contrat prévoit que l'État congolais fournisse à ce groupement une garantie devant lui permettre de lever des fonds auprès des banques commerciales. Ladite garantie portera sur la séquestration des avoirs de la Banque centrale du Congo par la banque commerciale prêteuse. Cette opération tombe dans l'illégalité voire dans l'impossibilité. Le coût total de ce projet est jugé surfacturé en ce qui concerne particulièrement la construction des infrastructures du projet évaluées à 444 millions USD. La durée prévue du contrat pour  20 ans de partage des produits du projet (2 milliards USD) dont 60% au bénéfice d'Afritech/Idemia, 20% pour l'État congolais et 20% pour le remboursement de la dette ne se justifie pas, étant donné la nullité de l'apport d'Afritech/Idemia qui reste conditionné par la garantie de l'État", a expliqué l'inspection générale des finances ( IGF) dans sa correspondance.

Dans le même registre, la firme française Idemia/France, contactée par l'IGF, ne reconnaît pas sa participation à ce projet de cartes d'identité en RDC mais affirme que la société Afritech est un client qui pourra s'approvisionner auprès d'elle en équipements. L'IGF conclut que la dénomination utilisée dans ce projet Afritech/Idemia est "une usurpation". L'IGF souligne que les réponses à ces observations constituent "des préalables pour la poursuite de ce projet dont 20 millions USD déjà débloqués du Trésor public mais non encore utilisés, en attendant les réponses satisfaisantes aux dites observations".

Depuis l'arrivée de Jacquemain Shabani Lukoo à la tête de ce portefeuille, des voix s'étaient levées à l'instar de la coalition le Congo N'est pas à vendre ( CNPAV) pour exiger l'annulation du contrat, signé entre le gouvernement congolais, à travers l’Office national de l’identification de la population (Onip) d’une part, et le consortium Afritech/Idemia d’autre part, pour la réalisation du recensement et la délivrance des cartes d'identité nationale, est marqué par des soupçons de corruption et des irrégularités, relevées notamment par l’Inspection générale des finances (Igf).

Clément MUAMBA