La République démocratique du Congo se trouve dans une impasse, la situation demeure bloquée. À l’Est, la guerre s’enlise et, partout dans le pays, la souffrance de la population s’aggrave. La véritable solution n’est ni militaire ni exclusivement diplomatique. C’est l’alerte lancée une nouvelle fois par l’ancien gouverneur de la province du Katanga avant son démembrement, Moïse Katumbi, à l’occasion du sixième anniversaire de sa formation politique, Ensemble pour la République.
Dans un communiqué rendu public lundi 22 décembre 2025, l’opposant a affirmé que la solution à la crise actuelle est avant tout politique. Selon lui, cette solution passe par l’organisation d’un dialogue intercongolais inclusif, sincère et courageux, visant à traiter les causes profondes de la crise précisant que criminaliser le dialogue c'est opter pour l'impasse face à la situation actuelle.
"Ensemble pour la République réaffirme solennellement que seul un dialogue inclusif, sincère et courageux, traitant des causes profondes des conflits peut conduire à une paix durable. Ce dialogue devra associer toutes les parties prenantes congolaises: le Gouvernement, l'opposition politique non armée, l'AFC/M23 et la société civile dans toute sa diversité, sous l'égide morale et spirituelle des confessions religieuses, notamment l'ECC et la CENCO, dont l'engagement constant pour la paix, la vérité et la réconciliation a toujours été en faveur du peuple. Il est incompréhensible que ce dialogue, qui est la clé de la résolution de la crise actuelle, tarde encore à être convoqué. Exclure, diaboliser ou criminaliser le dialogue, c'est opter pour une impasse. On ne fait pas la paix avec ses amis, mais avec ceux avec qui l'on est en conflit", a indiqué Moïse Katumbi.
Pour lui, les initiatives de paix conduites par les États-Unis et l'État du Qatar ne suffisent pas. Il affirme que cette guerre prolongée est le résultat des choix politiques désastreux et le refus d'examiner les causes profondes du conflit
"L'Est de notre pays continue de saigner. Les populations du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l'lturi vivent sous la menace permanente des armes, des déplacements forcés et des violences inacceptables. Des millions de nos compatriotes sont abandonnés à leur triste sort, dans l'indifférence d'un pouvoir qui a totalement failli à sa mission première, celle de protéger les Congolais. Cette guerre prolongée n'est pas une fatalité. Elle est le résultat de choix politiques désastreux, de défaillances graves de l'État et du refus persistant de traiter les causes profondes des conflits. Nous saluons les initiatives diplomatiques récentes, notamment les accords de Luanda, de Doha et de Washington que nous soutenons mais qui, à elles seules, ne suffisent pas pour apporter une paix durable et définitive", a-t-il soutenu.
Pendant que le pays s'enfonce et que la guerre fait rage, a-t-il rappelé, le régime se perd chaque jour davantage dans une dérive autoritaire qui bafoue les principes de la Constitution et des engagements internationaux. Moïse Katumbi dénonce ce qu'il qualifie des violations massives et systématiques des droits et libertés fondamentaux.
"Suspension arbitraire des partis politiques d'opposition qui sont interdits d'activité sans base légale et en violation flagrante de la liberté d'association garantie pourtant par la Constitution; arrestations arbitraires et détentions illégales des opposants, des journalistes et des militants, sans mandat et avec privation de leurs droits les plus élémentaires; enlèvements et disparitions forcées des acteurs politiques et des paisibles citoyens par des hommes en uniforme ou en civil sans qu'aucune information ne soit communiquée à leurs familles ni à leurs avocats; harcèlement des opposants dont les familles et les proches sont systématiquement ciblés, menacés, intimidés. Une pratique indigne qui vise à briser les résistances par la terreur; perquisitions sauvages des domiciles privés qui sont envahis de nuit, sans mandat judiciaire, par des agents armés qui sèment la peur et emportent documents et biens personnels; recours à la torture attesté par des témoignages concordants et des rapports d'organismes de défense des droits humains dans les lieux de détention officiels et clandestins", a dénoncé Katumbi.
Appelé à poser des actes d’État pour convoquer le dialogue national à la suite de la publication de la feuille de route par les confessions religieuses conçue pour appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis d’Amérique et le Qatar, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient jusque-là sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut être organisé en dehors de son initiative.
Lors de ses récentes interventions, tant à Kinshasa qu’à l’étranger, Félix Tshisekedi a réaffirmé son attachement à un dialogue national, tout en rejetant toute forme d'influences extérieures. Il a renouvelé son soutien à l’Accord de Washington et au processus de Doha, deux initiatives diplomatiques qui, selon lui, permettront à la RDC de se prémunir contre les influences extérieures visant à déstabiliser les institutions, en particulier sur le plan sécuritaire.
En RDC, plusieurs confessions religieuses parlent désormais d’une même voix quant aux pistes de sortie de crise dans l’Est du pays, marqué par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. C’est dans ce cadre qu’une feuille de route commune pour le dialogue national a été rendue publique lundi 25 août à Kinshasa. Elle est portée conjointement par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses du Congo, ainsi que la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CIN).
Depuis sa publication, les actes attendus du Chef de l’État tardent encore. Sur la scène internationale, les initiatives diplomatiques avancent sur le papier, mais peinent à produire des résultats concrets sur le terrain, dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’entre Kinshasa et l’AFC/M23.
Clément MUAMBA