De la publication du gouvernement Suminwa, à la flambée des prix et la pénurie de devises étrangères qui continuent d'affecter la population, en passant par la célébration de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Marie Chantal Kankolongo.
Madame Marie Chantal Kankolongo, pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?
Marie Chantal Kankolongo Je suis sage-femme, enseignante dans les filières de formation des sage-femmes, formatrice nationale sur diverses thématiques de la santé reproductive de la mère et du nouveau-né, et conseillère nationale chargée de la formation continue à la société congolaise de pratique sage-femme.
Le Gouvernement Suminwa a été rendu public le 29 mai. Il compte 54 membres, dont six postes de vice-Premiers ministres, neuf ministres d’État, trente-cinq ministres et quatre ministres-déléguées. Que pensez-vous de sa composition ?
Marie Chantal Kankolongo : Je pense que le président de la République a entendu les cris de la population concernant la réduction du nombre de ministères. La fusion de certains ministères va aider à réduire les charges qui pèsent sur le Trésor public et à mieux soutenir les domaines prioritaires tels que l'éducation et la défense. En reconduisant les ministres qui se sont démarqués positivement dans leurs fonctions, le Président montre qu'il apprécie leur travail et qu'il compte sur eux pour poursuivre les efforts entrepris lors du gouvernement précédent.
18 femmes au total sont membres de cette équipe gouvernementale. Comment avez-vous accueilli leur nomination ?
Marie Chantal Kankolongo : C'est encore une preuve tangible de l'importance que le Président de la République accorde à la gent féminine. En tant que champion de la masculinité positive, il vient une fois de plus prouver à la face du monde qu'il est possible de compter sur les femmes dans les instances de prise de décision et aux postes de commandement.
De toutes les banques opérant en RDC, révèle Forum des AS, aucune n’est congolaise. Selon vous, que peut-on faire pour amener les Congolais à entreprendre dans les secteurs économiques stratégiques de la RDC ?
Marie Chantal Kankolongo Il est crucial d'initier une campagne de sensibilisation à grande échelle visant à promouvoir l'épargne bancaire auprès de toutes les couches de la population. En parallèle, la promotion de la jeunesse, en particulier de ceux qui nourrissent des ambitions entrepreneuriales, est un élément crucial pour le développement économique du pays. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en place des mesures incitatives fiscales et réglementaires favorables à la création de nouvelles banques congolaises.
Un environnement des affaires stable et prévisible est également essentiel pour la croissance des entreprises. Cela passe par la lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance. En outre, la simplification des procédures administratives et la réduction des obstacles bureaucratiques à la création et au développement d'entreprises sont des actions primordiales à mener.
L'économie de la RDC est toujours en difficulté. La flambée des prix et la pénurie de devises étrangères continuent d'affecter la population. Quelles politiques gouvernementales pourraient être mises en œuvre pour stabiliser l'économie et atténuer les souffrances de la population ?
Marie Chantal Kankolongo Face à ces défis majeurs, il est impératif de mettre en place des solutions concrètes et multidimensionnelles. Parmi les mesures prioritaires à envisager, on peut citer :
• La réduction du train de vie des hautes instances ;
• La révision des salaires : vers une rémunération équitable ;
• La lutte contre la corruption
• L'encouragement des initiatives entrepreneuriales.
Depuis janvier 2024, plus de 1.400 cas de variole du singe ont été confirmés dans sept pays africains, dont la majorité des cas signalés en République démocratique du Congo et au Nigéria, selon l'OMS. Quelles stratégies mettre en place pour protéger le Peuple et stopper cette maladie ?
Marie Chantal Kankolongo : Je proposerai de limiter la consommation du gibier, d'être attentif à toute éruption cutanée, de consulter immédiatement un spécialiste en cas de doutes sur certains signes de santé, de jouer aussi sur l'hygiène aux frontières qui doit être de rigueur.
Le ministère public a requis une peine de 20 ans de prison contre le pasteur Pierre Kasambakana, chef de l’Église primitive en RDC, accusé de harcèlement sexuel, de mariage forcé et d’atteinte aux mœurs. Quelles sont les mesures qui pourraient être prises pour prévenir de tels abus à l'avenir ?
Marie Chantal Kankolongo Il est crucial de sensibiliser les jeunes filles à leur autonomie, à leur avenir et à l'importance fondamentale des études dans leur vie. Il est essentiel de leur inculquer ces valeurs par l'exemple de grandes femmes qui ont marqué l'histoire et qui peuvent servir de modèles inspirants pour leur réussite future. L'éducation est la clé de l'émancipation et du progrès, et il n'y a pas de meilleure voie vers le succès. En ce qui concerne les parents, il est indispensable de les sensibiliser et de leur faire comprendre que leurs enfants, et en particulier les filles, ont des droits fondamentaux qu'ils se doivent de respecter. Il est de leur responsabilité de les encourager et de les soutenir dans leurs études et dans leur développement personnel. Il est impératif que le Ministère public punisse sévèrement toute personne qui viole les droits des enfants. Enfin, il est essentiel que les ONG de défense des Droits des enfants poursuivent leur mission de sensibilisation au respect des droits des enfants et à leur protection.
Le monde célèbre chaque 28 mai la journée de l'hygiène menstruelle. Comment briser le tabou sur ce sujet pour une meilleure orientation des adolescentes en la matière ?
Marie Chantal Kankolongo : En lien avec le thème de l'année : « Briser le tabou lié à la menstruation chez la femme », il est crucial de s'attaquer aux pratiques culturelles néfastes qui stigmatisent et marginalisent les femmes pendant leurs règles. Dans certaines sociétés, les coutumes imposent aux femmes de se cacher durant cette période, les privant de leur liberté et de leur dignité. De plus, le manque d'éducation sur l'hygiène menstruelle chez les jeunes filles expose leur santé à des risques.
C'est pourquoi il est impératif d'adopter une approche multidimensionnelle pour briser le silence et promouvoir une gestion saine et positive des menstruations notamment.
• Promouvoir l’éducation à l’hygiène menstruelle.
• Sensibiliser les parents sur le soutien parental et le dialogue ouvert avec les adolescentes.
• Faciliter l’accès à des produits d’hygiène.
Élections générales en Afrique du Sud : Un scrutin qui pourrait être historique si le Congrès national africain (ANC) venait à perdre sa majorité absolue au niveau national. Ce serait la première fois en 30 ans. Comment voyez-vous l’issu de ces scrutins ?
Marie Chantal Kankolongo : cette situation découle, d'une part, de la frustration de ceux qui avaient placé leurs espoirs dans le parti ANC et qui ont été déçus au fil des années. D'autre part, elle est le fruit de l'action d'autres courants politiques qui ont proposé des alternatives et ont réussi à attirer une partie importante de l'électorat sud-africain. En réalité, bien que certains expriment un intérêt pour d'autres formations politiques, ils attendent d'abord des actions concrètes avant de leur accorder leur suffrage. En l'absence de réalisations tangibles, l'abstention ou le maintien du vote pour l'ANC, en raison des quelques progrès perçus, risquent de prévaloir.
Élections générales au Mexique : ce 2 juin 2024, les Mexicains devront élire leur nouveau président. La campagne électorale a été marquée par des fortes violences avec 31 cas d’assassinat des candidats aux élections. Comment prévenir, selon vous, les violences, avant, pendant et après les élections ?
Marie Chantal Kankolongo : Le Mexique est un pays où l'entrée est facile. Ils doivent commencer par renforcer la sécurité aux frontières pour éviter des incidents. Et pour prévenir la violence électorale, il faut favoriser la collaboration et la communication entre les parties prenantes.
• Briser les silos entre les différents acteurs en encourageant une communication ouverte et transparente. Cela permettra de partager les informations, de coordonner les efforts et de favoriser une approche plus cohérente.
Encourager les échanges et les interactions entre les acteurs de différents niveaux et secteurs, y compris les représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des communautés locales.
Renforcer les capacités des forces de l'ordre pour maintenir l'ordre public et protéger tous les acteurs.
Informer le public sur les causes et les conséquences de la violence, en mettant l'accent sur les impacts négatifs sur les individus, les familles et les communautés. Soutenir les initiatives locales de prévention de la violence, en impliquant les communautés dans la conception et la mise en œuvre de solutions.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka