RDC-Rwanda : Et si Kagame refuse de se plier aux préalables posés par Tshisekedi ?

Paul Kagame
Paul Kagame

En tant que médiateur désigné par l'Union Africaine, le président angolais Joao Lourenço poursuit ses contacts entre Kinshasa et Kigali afin de tenter de régler la crise diplomatique de manière pacifique. Les délégations ministérielles des deux pays se sont retrouvées à Luanda en vue de planifier une potentielle rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.

Pour que cette rencontre au sommet ait lieu, Kinshasa a posé certaines conditions, notamment le retrait des troupes rwandaises de la RDC et le pré-cantonement du M23. Interrogé lors d'un briefing presse tenu le lundi 26 mars 2024 sur l'alternative en cas de refus de Paul Kagame de répondre aux exigences de Kinshasa, Christophe Lutundula répond :

"C'est simple, moi, je crois que c'est le président de la République qui décide en matière de guerre, c'est le commandant suprême, mais nous n'allons pas le laisser faire, la guerre va continuer. Y a-t-il d'autres alternatives ? Nous continuerons la diplomatie, le président de la République l'a toujours dit, nous continuerons la diplomatie mais en même temps nous ne serons jamais naïfs pour croire qu'un beau matin on va venir nous dire allez c'est fini, Kagame est parti, non ! S'il ne sort pas, on va continuer la guerre. C'est clair", a répondu le VPM, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie.

Concernant l'option de fermeture des frontières avec le Rwanda, le chef de la diplomatie congolaise estime qu'il n'y a pas de problèmes entre les deux peuples, le problème dans cette affaire est plutôt le régime de Paul Kagame.

"Nous n'avons pas de problème avec le peuple rwandais, ce sont les dirigeants rwandais qui ne comprennent pas que ce qu'ils font compromet même l'avenir des Rwandais eux-mêmes, on ne sait pas tirer les leçons de l'histoire. Regardez les pays qui étaient très puissants depuis l'antiquité romaine, comment ça s'est terminé ? Toutes les guerres que l'Occident a connues parce qu'en Afrique, ce qu'on a connu, ce n'était pas des guerres, il y avait des guerres entre les empires mais ce n'était pas comme ce qu'on a connu à l'occident. Ça va se terminer comme le président l'a dit, ceux qui dirigent le Rwanda aujourd'hui, ils ne seront pas éternels, ils ne le seront jamais. Ne perdons pas le discernement. Il faut se battre, défendre le pays, défendre notre indépendance, défendre nos richesses nationales mais ne perdons pas la lucidité", a recommandé Christophe Lutundula .

Au cours d'une interview accordée à Jeune Afrique et publiée le lundi 26 mars 2024, une question a été posée à Paul Kagame pour savoir s'il était prêt à accepter les conditions posées par Kinshasa en vue d'un dialogue direct avec son homologue de la RDC.

"Ces points, parmi d’autres, devront être abordés par nos équipes respectives. Mais commencer des discussions en posant des conditions n’est pas la bonne manière de procéder. Parfois, certains souhaitent épater la galerie et prendre des positions dans les médias, ce qui ne fait que rendre le problème plus confus. J’espère que le médiateur tentera d’éliminer cette dimension au fil du processus. Si la partie congolaise pose des conditions, cela laisse penser que nous pourrions en faire de même. Nous n’aurions alors pas de points d’accord, et le problème ne serait pas abordé comme il le devrait. Je pourrais ainsi exiger que, pour des raisons sécuritaires, le président Tshisekedi revienne sur ses déclarations de guerre contre le Rwanda et la nécessité d’un 'changement de régime'. Je pourrais aussi dire qu’à moins que les FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] se retirent de la RDC, je refuse de parler au président Tshisekedi, etc. Ces préconditions ne servent pas l’objectif de paix. J’espère que nous pourrons aller de l’avant", a répondu Paul Kagame.

Clément MUAMBA