L'actualité de la semaine vue par Josephine Mukenge Bamwila

Photo/ Droits tiers
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De la clôture du dépôt des candidatures au poste des gouverneurs et vice-gouverneurs en RDC à la célébration de la journée internationale des droits de la femme en passant par la situation sécuritaire dans l'Est. La semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Josephine Mukenge Bamwila.

Bonjour madame Josephine Mukenge et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Josephine Mukenge Je suis mariée et mère, chef du département du personnel à la Caisse générale d'épargne du Congo (CADECO).

La CENI a annoncé pour le 08 mars la clôture de dépôt des candidatures pour les élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces en RDC. Quel profil devrait avoir le prochain gouverneur de Kinshasa, selon vous ?

Joséphine Mukenge Kinshasa est une ville miroir pour la RDC. Malheureusement, elle se trouve dans un état catastrophique. Le prochain dirigeant de la capitale congolaise devrait avoir le profil à la fois d'un technocrate et d'un homme de terrain. Il devrait faire preuve de rigueur, de savoir-faire et d'intégrité et n'avoir jamais été poursuivi pour des faits de détournement des deniers publics. Il devra être d'une forte expérience dans la gestion de la chose publique et non quelqu'un qui vient faire un stage à la tête de la ville. Et je souhaiterai que ce gouverneur puisse être nommé par le Président de la République pour faciliter sa révocation en cas de failles.

La Cour constitutionnelle maintient en fonction les élus de 2018, pour la non tenue des législatives à Masisi, Rutshuru et Kwamouth. Comment avez-vous accueilli l'annonce ?

Joséphine Mukenge : on doit organiser les élections dans ces provinces et non laisser ces députés continuer leur mandat. On a récemment présenté des députés provinciaux de Masisi qui sont en connivence avec le M23 et là, on ne peut pas laisser ce genre de personnes continuer à exercer leur autorité dans cette partie du pays. L'État doit s'imposer pour l'organisation de ces élections. Ou on doit carrément nommer d'autres députés, des députés intègres et dignes qui pourront accompagner le gouvernement dans cette lutte pour le retour de la paix.

Situation sécuritaire dans l'est de la RDC. L'UE exhorte Kinshasa et Kigali à privilégier le dialogue. Cette solution peut-elle encore être envisageable de nos jours au regard de la situation actuelle dans l'Est ?

Joséphine Mukenge : Le dialogue n'est pas une solution à exclure, à condition qu'il se tienne dans le respect de la souveraineté de la RDC. Le dialogue qui aura pour objectif le brassage, l'intégration des rebelles et des terroristes dans nos forces de défense et de sécurité ne devrait jamais être envisagé.

Le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à suspendre le plan du retrait de la MONUSCO, en cette période où la situation sécuritaire et humanitaire se détériore dans l'Est. Que pensez-vous de son appel ?

Joséphine Mukenge : La MONUSCO a passé plus d'une décennie en RDC, mais nous continuons à vivre des guerres qui ne finissent jamais. À quoi ça sert d'avoir une mission de l'ONU qui n'est là que pour constater les dégâts. Il est temps de comprendre que la MONUSCO ne nous apportera jamais la paix, car cette guerre profite directement ou indirectement à cette communauté internationale.

L'armée a annoncé avoir démantelé un réseau d'acteurs politiques et de citoyens congolais travaillant pour le M23/RDF au Nord-Kivu. Qu'attendez-vous du gouvernement au regard de ces présumés complices des atrocités ?

Joséphine Mukenge : Je dirai d'abord bravo à nos services de sécurité pour le travail abattu. L'État congolais doit faire preuve de rigueur exemplaire dans le traitement de ce dossier. Tous ces traites doivent être jugés et condamnés avec la sentence la plus dure possible pour montrer l'exemple et décourager les potentiels traitres. Le traitement de leurs dossiers doit se faire dans le strict respect des lois en vigueur sans aucune interférence politique. Mais nous devons tout de même rester vigilants parce que ces traîtres peuvent changer de tactiques. La population doit dénoncer toutes les personnes suspectes dans ce dossier d'insécurité dans l'Est pour contribuer à ce combat et protéger l'intégrité de notre territoire.

Les conclusions des enquêtes judiciaires selon lesquelles le député Chérubin Okende se serait suicidé continuent de susciter des réactions au sein de l'opinion nationale et internationale. Pensez-vous que ces conclusions discréditent l'appareil judiciaire congolais ?

Joséphine Mukenge : Ces conclusions viennent une fois de plus discréditer le pouvoir judiciaire en RDC. Il s'agit là d'une preuve qui corrobore avec ce que le président lui-même avait déclaré. La justice de notre pays est malade. Je pense que les avocats de la famille devraient exiger une contre-expertise.

Affaire Okende. Le PG Mvonde a dans une correspondance demandé au parquet de poursuivre ceux qui répandent des « commérages » sur sa thèse du suicide. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Joséphine Mukenge : il est vrai que les conclusions suscitent des questionnements, mais d'une part, il faudra faire preuve de retenu pour ne pas propager des faux bruits, d'autre part, le procureur n'a pas le pouvoir d'empêcher aux Congolais de s'exprimer ou de penser librement. Il s'agit des droits fondamentaux reconnus même par la Constitution.

La police de Kinshasa a reçu l'instruction de neutraliser la Force du progrès, mouvement d'autodéfense du parti présidentiel UDPS. Pensez-vous que ceci pourrait aider à éradiquer l'insécurité et le banditisme à Kinshasa ?

Joséphine Mukenge Je demande au SG de l'UDPS de retirer d'abord ce mouvement de la circulation. L'ennemi profite derrière cette force pour salir la réputation de l'UDPS. On doit carrément redéfinir les objectifs et la manière de faire de cette force d'auto-défense. Et le gouvernement devrait aussi développer un modèle d'encadrement et de réinsertion sociale des jeunes pour éviter qu'ils trouvent refuge dans le banditisme ou se fassent instrumentaliser pour nuire à la population. L'État doit encadrer tous les jeunes abandonnés, leur offrir des possibilités professionnelles pour les aider de manière intelligente à quitter les associations de banditisme et de kuluna pour une meilleure vie contribuant au développement du pays.

Le monde célèbre le 8 mars la journée internationale des droits de la femme. Comment l'avez-vous vécu cette année ?

Joséphine Mukenge Nous avons vécu le 08 mars dans la méditation et la prière en communion avec la population de l'Est, victime des atrocités. Des familles aujourd'hui sont déchirées, des enfants sont restés orphelins, nous avons autant de veuves. Cette population est devenue réfugiée dans son propre pays et vit dans des conditions atroces. Nous demandons aux gens de bonne volonté de se cotiser, de faire des collectes pour leur venir en aide. Cette situation doit aussi nous interpeller et faire de nous des vrais patriotes engagés pour la cause de notre pays. Nous devons aussi soutenir le gouverneur dans les efforts qu'il fournit pour le retour de la paix. Durant ce jour du 8 mars, nous avons imploré le Seigneur pour que cette guerre puisse prendre fin.

Selon RFI, deux femmes de 60 et 65 ans, accusées de sorcellerie, ont été lapidées puis brûlées en public dimanche dans un village du territoire d'Uvira au Sud-Kivu. Que pensez-vous de cet acte de la population ?

Joséphine Mukenge : ce genre de pratiques qui sont à décourager prouvent à suffisance l'absence de l'autorité de l'État. Nous vivons comme dans une jungle où tout le monde peut faire ce qu'il veut sans qu'il soit inquiété. Aucun citoyen n'a le droit de se rendre justice, peu importe le degré du dommage subi. Et ceux qui se sont permis de poser ces actes doivent être interpellés, arrêtés et transférés devant la Justice pour répondre de ce comportement.

Plusieurs dégâts matériels ont été recensés à Kinshasa à la suite de l'incendie déclaré dans l'entrepôt de l'usine PLASTICO DO SOL, située sur la 12e rue Limete. Quels mécanismes selon vous, peut-on mettre en place pour prévenir pareille situation dans l'avenir ?

Joséphine Mukenge : il faut d'abord établir les règles pour l'installation des usines aussi sensibles. Il faut également équiper la brigade de sapeurs-pompiers et les installer dans chaque commune ou dans plusieurs points chauds pour les vastes communes afin de permettre les interventions rapides et de limiter les dégâts.

Les appels d'un collectif de militantes afghanes et iraniennes sont parvenus à l'ONU, où une commission examine depuis octobre l'inscription de l'apartheid de genre comme un crime contre l'humanité. Pensez-vous qu'il est déjà possible d'engager des poursuites sur des bases juridiques existantes en cette matière ?

Joséphine Mukenge : je crois que plusieurs textes légaux tant sur le plan national qu'international interdisent toutes les formes de discriminations basées sur le genre. L'inscription de l'apartheid de genre comme un crime contre l'humanité constituera un signal fort pour la promotion et la protection des femmes et la lutte contre les violences basées sur le genre.

La RDC va organiser en novembre prochain la Coupe d'Afrique des Nations de handball dans la version féminine. Qu'attendez-vous du gouvernement comme pays organisateur de cette compétition au regard des athlètes congolais ?

Joséphine Mukenge : le gouvernement devrait mettre des moyens conséquents à la disposition de la fédération pour permettre à nos dames léopard de bien se préparer et de nous faire honneur lors de cette compétition. Nos léopards doivent eux aussi être ambitieux et déterminés pour ne pas laisser la coupe quitter notre pays.

 

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka