L'hôtel Béatrice de Kinshasa a accueilli ce 01 mars la cérémonie de la sortie officielle de l'ordre national des sages-femmes en RDC. Cette activité a été organisée par la Société congolaise de la pratique sage-femme (SCOSAF), à travers son bureau exécutif et la collaboration du Programme national de santé de la reproduction (PNSR) avec l'appui des partenaires techniques et financiers œuvrant dans la SRMNEA en RDC, dont IPAS.
L'objectif poursuivi par ce lancement de l'ordre des sages-femmes est de doter la RDC d'une pratique sage-femme compétente pour lutter contre la mortalité maternelle et néonatale et améliorer la santé sexuelle et reproductive des femmes, des filles et des nouveau-nés.
Pour la directrice du Programme national de santé de la reproduction (PNSR), cet ordre national va permettre un bon encadrement de la pratique sage-femme en RDC et aider ces professionnels de santé à accompagner le pays dans l'atteinte des objectifs de développement durable à l'horizon 2030.
"Avec les conflits armés dans l'Est du pays, la situation de la femme et de la jeune fille par rapport au droit sexuel et reproductif est encore très loin de s'améliorer. La femme et l'enfant continuent à mourir pour des causes évitables malgré les efforts du gouvernement pour la mise en œuvre effective de la gratuité des accouchements et des soins aux nouveau-nés. Cet ordre va permettre de réglementer ce secteur pour contribuer à réduire les décès maternels et juvéniles. Offrir des soins prénuptiaux de qualité, surveiller la grossesse et l'accouchement, faire la planification familiale, offrir des soins d'avortement sécurisés centrés sur les besoins de la femme, faire la prévention et la prise en charge des VBG, la prévention du cancer du sein et du col de l'utérus pour une bonne prise en charge de la mère et de l'enfant".
Pourquoi l'ordre des sages-femmes en RDC
Pour le directeur exécutif de la pratique sage-femme, ce cadre juridique va permettre de réglementer ce métier, de sécuriser la femme sage afin de lui permettre de vivre la grossesse et l'accouchement comme des moments heureux.
En RDC, la sage-femme est longtemps restée additionnelle à d'autres catégories, ainsi pour lui permettre de jouir de son métier et de l'exercer bonnement. "Nous avons jugé nécessaire de créer cet ordre qui va permettre de savoir qui est sage femme et qui ne l'est pas", a-t-il fait savoir.
Et de poursuivre :
"Cette législation décrit les champs d'activité de l'exercice de ce métier, introduit les conditions d'admission qui doivent être affichées au tableau de l'ordre des sages-femmes. La réglementation regroupe en son sein toutes les sages-femmes autorisées à exercer en RDC et va déterminer les droits et les devoirs de ces sages-femmes, mais aussi veiller aux principes d'éthique, de probité morale et de compétence et de dévouement à la pratique des sages-femmes."
En lançant officiellement l'ordre national des sages-femmes, le directeur de cabinet du ministère de santé a appelé les prestataires au respect de toutes les exigences que renferme cette loi pour une formation de qualité et une pratique compétente.
"Cette journée est très symbolique dans la mesure où non seulement elle survient dans un contexte d'implantation du plan stratégique de la couverture santé universelle, mais aussi recouvre une longue lutte en faveur de la reconnaissance de la place méritée de la sage-femme. Nous vous appelons à mettre en pratique toutes les obligations de cette loi pour offrir des soins sexuels et reproductifs de qualité et protéger ainsi la vie du nouveau-né. Selon cette loi et à l'échéance d'un an, aucune femme ne peut exercer en RDC si elle n'est pas inscrite au tableau de l'ordre des sages-femmes. Nous demandons par cet ordre d'idée à tous nos partenaires techniques et financiers d'accompagner l'installation de cet ordre dans toutes les provinces de la RDC."
Contexte et justification du Congrès
La RDC fait face aux défis posés par la mortalité maternelle, néonatale et infantile à laquelle elle paie un lourd tribut. Pour rappel, l'EDS 2013-2014 a renseigné qu'au moins chaque heure, 2 femmes meurent en donnant la vie (846 décès pour 100.000 NV) et 10 nouveau-nés en venant au monde, soit une morbi-mortalité néonatale, infanto-juvénile et infantile respectivement de 28 ‰, 104 ‰ et 58 ‰.
En partenariat avec la Confédération internationale des sages-femmes, le Dr. Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l'UNFPA déclare : "Bien formées, équipées, réglementées et soutenues par une association puissante et par la communauté, les sages-femmes contribuent à prévenir et traiter plus de 75 % des complications obstétricales, à réduire de deux tiers le nombre total des décès maternels et de moitié tous les décès néonatals."
Malheureusement, la profession sage-femme est restée longtemps sans cadre juridique et réglementaire en RDC, contribuant ainsi beaucoup à la mortalité maternelle et néonatale que connait le pays. Pour remédier à cet aspect, en date du 30 novembre 2023, le président de la République a signé la loi n° 23/05 portant sur la création, l'organisation et le fonctionnement de l'ordre national des sages-femmes en RDC, suivie de sa promulgation au journal officiel le 09 décembre 2023.
Cette loi est un grand résultat transformateur et révolutionnaire de la pratique sage-femme qui désormais s'exercera dans un cadre juridique et réglementaire propre. Il y a lieu de souligner ici l'influence positive de ces trois piliers (formation, réglementation et association) sur la qualité de la pratique sage-femme et l'amélioration de la santé des bénéficiaires (femmes, filles et nouveau-nés).
Nancy Clémence Tshimueneka