L’Union Européenne (UE) a signé, dans le cadre de sa stratégie "Global Gateway", un protocole d'accord avec le Rwanda le lundi 19 février 2024, suscitant de vives réactions côté congolais. Cette stratégie vise à mobiliser jusqu'à 300 milliards d'euros d'investissements publics et privés entre 2021 et 2027 pour renforcer la prospérité et la sécurité de l'Europe et de ses partenaires mondiaux.
Cependant, côté congolais, on estime incompréhensible que l'Union européenne, qui se présente comme gardienne des valeurs universelles de paix, de démocratie et de respect des droits de l'homme, puisse conclure un tel accord. Dans un contexte où le Rwanda est accusé d'avoir envahi militairement la RDC en soutenant le mouvement rebelle du M23, cet accord semble aller à l'encontre des principes fondamentaux défendus par l'UE.
Dans les mêmes contexte et circonstance des faits, l’Union Européenne pourrait-elle signer un accord avec la Russie portant sur les chaînes des valeurs durables des minerais extraits par elle en Ukraine ?, s’interroge une ONG congolaise. Car, à ce jour, plusieurs pays et institutions internationales ont reconnu l'implication directe du Rwanda dans la recrudescence de l'insécurité dans l'Est de la RDC. De plus, selon des rapports, le Rwanda aurait illégalement exporté 90% des minerais 3T depuis la RDC.
En réaction à ces critiques, Nicolas Berlanga, ambassadeur de l'Union européenne auprès de la RDC, a été reçu par Christophe Lutundula, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la RDC. Berlanga a réaffirmé l'engagement de l'UE dans la lutte contre le trafic illicite des minerais et pour la transparence dans les chaînes de valeur minières. Il a également confirmé la volonté de l'UE de collaborer avec la RDC dans le domaine des minerais critiques, conformément au protocole d'entente signé en octobre 2023.
Le contrôle et le trafic illicite des minerais demeurent des problèmes persistants au Nord-Kivu, une région sujette aux conflits armés impliquant les groupes locaux et le M23 soutenu par le Rwanda. Rubaya est particulièrement concerné. Malgré la suspension du processus de traçabilité en raison des activités des groupes armés sur ce site, la production de minerais se poursuit. Normalement, cette situation rend tous les minéraux extraits dans la région inéligibles pour le marché international. Cependant, plusieurs sources citées par le groupe d’experts des Nations unies ont indiqué que les minerais étaient acheminés en contrebande vers le Rwanda et la province du Sud-Kivu, où ils étaient étiquetés et blanchis dans divers sites miniers.