Les organisations féminines ont fait part de leur indignation suite à la montée des violences électorales contre les femmes en République Démocratique du Congo. Interrogées par le Desk Femme d'Actualité.cd, ces structures de défense des droits de femmes sollicitent l'implication des autorités compétentes afin de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que tous les auteurs et commanditaires des violations des droits de la femme soient identifiés, arrêtés et déférés devant la justice afin de répondre de leurs actes.
Tout a commencé avec une vidéo virale sur les réseaux sociaux où l'on peut voir une femme frappée et torturée à Mbuji-Mayi dans la province du Kasai Oriental par des personnes non identifiées. Ces personnes s'en sont pris à elle parce qu'elle a voté le candidat de son choix.
"C'est inadmissible dans une démocratie ! Je condamne cet acte ignoble qui est une violence à l'égard d'une femme exerçant son droit de vote. Que les auteurs puissent répondre de leurs actes. Nous avons des instruments juridiques notamment la loi sur la répression des violences et la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre qu'il faut vulgariser", conseille Astride Tambwe, présidente du conseil d'administration du Réseau de protection des défenseurs des droits humains, victimes, témoins et professionnels de médias (REPRODE).
Pour Chantal Kidiata, coordinatrice nationale de la Synergie des femmes dynamiques pour le développement intégral (SYFEDDI), ces actes de violences en cette période électorale discréditent le pouvoir en place.
"Nous disons non, si tu touches à une femme, tu touches à toutes les femmes de la RDC. Je dénonce la situation qui s'est passée à Mbuji-Mayi. C'est une honte pour le Pouvoir en place. Vous ne verrez nulle part au monde une femme être lapidée par ses concitoyens à cause de son choix de vote. C'est une situation déplorable et j'interpelle l'autorité compétente afin qu'elle fasse son travail et qu'une enquête soit ouverte pour identifier les personnes qui ont commis cet acte ridicule et abominable. Que les commanditaires répondent à leurs actes", a-t-elle soutenu.
Le Forum des Femmes Citoyennes et Engagées pour la Gouvernance, la Démocratie et le Développement (FOFECEGDD) de son côté dit être révolté et appelle à la régulation de l'espace numérique.
"Les femmes qui participent au processus électoral, en tant qu'électrices, candidates, observatrices ou témoins, sont victimes d'intolérance politique, de violences verbales, psychologiques et physiques, de cyberharcèlement, de partage de vidéos ou de photos intimes sur les réseaux sociaux, et de violence sexuelle, parfois filmée et propagée de façon numérique. FOFECEGDD est révoltée par ces actes de violence à l'égard des femmes en général, et en particulier celles impliquées en politique. Surtout dans un contexte électoral empreint de méfiance et de discours pétris d'invectives divisionnistes, n'offrant guère de perspectives concrètes pour sortir les Congolais de la pauvreté et rétablir une paix durable", a précisé Ramazani Mulelekela, chargé des Programmes FOFECEGDD.
Et d'ajouter "FOFECEGDD condamne avec force toutes les formes de violence, d'intolérance politique et de traitement inhumain et dégradant à l'égard des femmes, peu importe la gravité de la situation, encourage les destinataires de vidéos et photos dégradants et déshumanisants à ne pas les transférer à leur tour pour ne pas participer à la violation de l'intimité de la victime, nous exhortons les ministères de la Justice, de l'Intérieur et du Numérique à se saisir immédiatement et systématiquement des abus, enquêter de façon impartiale, assurer que justice soit faite et garantir que des réparations individuelles ou collectives, et financières ou en nature soient accordées diligemment aux victimes. Et enfin, nous appelons le Chef de l'Etat, champion de l'Union africaine pour la masculinité positive, à renforcer ses efforts pour protéger les femmes contre toutes les formes des violences, quelle que soit leur forme, et d'où qu'elles viennent. "
Grace GUKA