L'actualité de la semaine vue par Sakina Hornella 

Photo/ Droits tiers
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De la demande de la RDC au Conseil de sécurité pour solliciter l'appui logistique de la Monusco, aux attaques qui entravent la campagne électorale en passant par l'alliance de l'ex-président de la CENI Corneille Nangaa avec le M23, la semaine qui s'achève a été riche au niveau de l'actualité. Sakina Hornella revient sur chacun de ces faits marquants. 


Bonjour Sakina Hornella et merci de nous avoir accordé de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?

Sakina Hornella : Je suis médecin, activiste sociale, blogueuse et slameuse.


La RDC a saisi le Conseil de sécurité pour solliciter l'appui logistique de la Monusco pour le déploiement du matériel électoral. Quel regard portez-vous sur cette démarche ?

Sakina Hornella : Tout chemin mène au bon processus électoral. Si ça peut nous aider à bien organiser ce scrutin qui sème le doute de par sa faisabilité compte tenu des moyens faibles proclamés par monsieur Kadima et apaiser les tensions de toutes les parties. Oui, c'est une action louable, bien que nous savons tous la position de la population, surtout dans l'Est, par rapport à la présence de la Monusco. J'espère seulement qu'elle respectera sa limite selon les accords s'ils en existent.

Plus que quelques jours nous séparent des élections. Que faudrait-il faire pour avoir des élections libres, crédibles et transparentes selon vous ?

Sakina Hornella : Il faudrait prier. Nous faisons confiance à la CENI qui fera son travail ainsi qu'aux acteurs politiques et toutes les parties prenantes pour privilégier la paix et la sécurité tout en rassurant les électeurs.

Le Parti Ensemble pour la République et ses alliés dénoncent les attaques aux droits humains qui entravent la campagne électorale. Que pensez-vous de ces dérives ?

Sakina Hornella : je condamne tous ces actes de barbarie. J'adresse mes sincères condoléances aux familles qui ont perdu les leurs et bon rétablissement aux victimes. Je pense que la seule solution est que les candidats bannissent les discours de haine tout en privilégiant la paix et la cohésion nationale.

Le cessez-le-feu entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, concernant les zones où opère le M23, a été prolongé de deux semaines. Comment accueillez-vous cette nouvelle ? 

Sakina Hornella : nous voulons la paix et surtout en ce moment décisif pour notre pays. C'est une bonne nouvelle, même si elle ne me rassure pas à propos de la fin de la guerre complète. Il serait peut-être temps que notre pays instaure des grandes réformes et préparation au sein de l'armée.

Les troupes du contingent ougandais (UGACON) sous la Force Régionale de la Communauté Est-Africaine (EACRF) ont achevé leur retrait de la Région Est de la République Démocratique du Congo (RDC) à la suite de l'expiration du mandat de la force le 8 décembre 2023. Quelles sont vos attentes après ce retrait ?

Sakina Hornella : je m'attends aux réformes dans l'armée pour lui permettre de se défendre et d'avoir les outils nécessaires sans toujours recourir à l'aide extérieure qui est envahissante et sans résultat concret.

La campagne des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre s'est clôturée le 10 décembre. Quels défis restent-ils à relever pour la femme congolaise ?

Sakina Hornella : il reste de nombreux défis à relever. Tant dans le secteur de l'éducation que dans les institutions. Les femmes sont encore marginalisées et violentées, ce qui diminue leur taux de participation aux prises de décision. Comment imaginer qu'un si grand n'ait que 7 % du taux de participation des femmes à l'élection présidentielle ? Et si l'on examine bien le fond, parmi les raisons, il y a les violences tant verbales que psychologiques qui retardent l'avancée des femmes. 

Le Tribunal de Kinshasa-Gombe refuse une nouvelle fois d'accorder la liberté provisoire à Stanis Bujakera. Quelle lecture faites-vous de la liberté de la presse en RDC ?

Sakina Hornella : la liberté de la presse est un des piliers majeurs de la démocratie. Et dans ce cas précis, nous sommes tous en attente de sa libération, car nous jugeons que son arrestation est arbitraire compte tenu des raisons avancées. Que la justice fasse son travail sans être instrumentalisée. 

L'ambassade des États-Unis d'Amérique a émis une menace de sanctions à l'encontre de toute personne entravant le processus démocratique en République démocratique du Congo (RDC). Quel est votre point de vue ?

Sakina Hornella : Quand est-ce que ce sera aussi notre tour de sanctionner l'Amérique ou même l'Europe pour les élections qui se passent dans leurs pays ? Il faut que nos dirigeants rompent tout accord qui met les occidentaux en position de nous imposer leur autorité et se comporter en supérieur. Ne sommes-nous pas capables nous-mêmes de punir ceux qui vont menacer le processus électoral ?

Les militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait alliance pour combattre ensemble le jihadisme et opposer un front politique commun aux adversaires de leur entreprise. Comment analysez-vous cette décision ? 

Sakina Hornella : c'est un bel exemple d'une Afrique engagée et déterminée. Ces 3 états ont montré à la face du monde un autre état d'esprit dans la préservation de l'intérêt de l'État et dans la sécurité territoriale. Je souhaiterai maintenant qu'ils s'organisent pour qu'il n'y ait pas de division et qu'ils se montrent réellement forts.

L'ex-président de la CENI Corneille Nangaa se radicalise et noue une alliance avec le M23. Quel est votre avis à ce sujet ?

Sakina Hornella : les ennemis du Congo ne sont pas que les étrangers, mais ses propres fils égoïstes, ils sont prêts à vendre le pays et avoir leur part du butin. J'ai une certitude, aucune surface de ce pays ne sera vendue. Les intimidations et provocations de Corneille Nanga en cette période démontrent sa faiblesse. Je pense que s'il y a une institution à mettre en garde, c'est la CENI qu'il a mal dirigée en son temps. Pourquoi venir s'attaquer directement au président de la République ? Je pense que ces accords avec les forces ennemies masquent d'autres volontés et liaisons néfastes.

Au Sénégal, l'opposant Ousmane Sonko revient dans la course à la présidentielle après avoir été radié des listes électorales. Qu'en dites-vous ?

Sakina Hornella : Belle avancée pour la justice sénégalaise et belle victoire de la part de cet homme résilient. 
J'espère qu'on ne lui inventera plus des infractions pour l'écarter de la course et qu'on laissera le peuple choisir le prochain président.

Votre dernier mot

Sakina Hornella : À mes compatriotes congolais, je nous exhorte à ne pas nous laisser berner en ce temps de campagne par des discours éphémères. Ce moment est le notre afin d'élire les prochains dirigeants de ce pays. Loin de nous la complaisance, soyons conscients et allons tous voter le 20 décembre et décider ensemble de l'avenir de ce pays.

Propos recueilli par Grâce Guka