La Journée du 25 novembre est dédiée à l'élimination de la violence à l'égard des femmes dans le monde. Elle marque le début d'une campagne annuelle dénommée « 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre » (VBG), qui se poursuit jusqu'à la Journée internationale des droits de l'Homme, le 10 décembre. À cette occasion, le desk Femme d'Actualités.cd s'est entretenu avec Annie Matundu Bambi, consultante en genre et développement, et représentante régionale de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté en Afrique (WILPF). Elle revient sur les stratégies à mettre en place pour éradiquer les VBG.
Madame Matundu, peut-on dire que la lutte contre les violences basées sur le genre a atteint ses objectifs en RDC ?
Annie Matundu Les violences basées sur le genre sont un fléau qui continue de sévir en République Démocratique du Congo, malgré les efforts déployés pour les éradiquer. Il y a des organisations féminines qui travaillent d'arrache-pied pour essayer de réduire ces violences basées sur le genre, mais les cas de violences déclarées cette année continuent d'augmenter. Ces violences basées sur le genre ne sont ni normales, ni contrôlées et restent impunies. Elles sont les résultats d'un monde dans lequel les femmes et les filles n'ont pas les mêmes droits que les hommes et les garçons, un monde qui ferme les yeux sur la violence des hommes à l'égard des femmes et des filles. En somme, il est clair que la lutte contre les violences basées sur le genre n'a pas encore atteint ses objectifs en RDC. Il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer ce fléau et garantir la sécurité et la dignité des filles et des femmes dans le pays.
Quelles sont les avancées positives notées depuis le début de cette lutte en RDC ?
Annie Matundu Le gouvernement congolais a pris des mesures pour lutter contre les violences basées sur le genre, notamment en créant une Politique nationale Genre, une Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre assortie d'un plan d'action 2021-2025, une loi portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes se référant à la Loi Mouebara n°19-2022 du 4 mai 2022, et un Programme national de lutte contre les violences basées sur le genre. Ce programme vise la mise en place de structures de protection et d'accompagnement multisectoriel des survivantes des VBG, qui offriront des espaces d'accueil avec l'offre des services de prise en charge médicale, accompagnement psychologique, l'accès aux services juridico-judiciaires et à la réinsertion socio-économique. Nous pouvons aussi citer l'exemple des organisations des systèmes des Nations Unies comme UNFPA et le PNUD qui apportent une assistance technique et holistique dans la lutte contre les VBG.
Pensez vous que la femme congolaise joue pleinement son rôle pour aider à éradiquer ces violences ?
Annie Matundu La lutte contre les violences basées sur le genre est un effort intersectoriel pour un développement à long terme en RDC. Bien que la femme congolaise ait un rôle important à jouer dans la lutte contre les violences basées sur le genre, il est important de noter que la responsabilité de mettre fin à ces violences ne doit pas être placée sur les victimes, mais plutôt sur les auteurs de ces actes. Les efforts pour éradiquer les violences basées sur le genre doivent être soutenus par des mesures législatives, des politiques et des programmes qui visent à protéger les femmes et les filles contre ces violences, ainsi qu'à promouvoir l'égalité des sexes. Les femmes congolaises jouent un rôle important dans la lutte contre les violences basées sur le genre, mais elles ne peuvent pas y arriver seules. Il est important que les hommes, les dirigeants communautaires et les autorités gouvernementales s'engagent également dans cette lutte pour garantir la sécurité et la dignité des filles et des femmes dans le pays.
Quelles sont les défis qui restent à relever pour permettre à la femme de vivre pleinement sa vie sans être inquiétée des discriminations basées sur le genre ?
Annie Matundu : les défis de non-respect des droits humains, notamment les droits des femmes et l'impunité préoccupante, font que le droit est un outil essentiel pour garantir la protection effective des violences basées sur le genre. Cette approche aide à disposer des outils pour contextualiser les normes juridiques, appuyer les initiatives de plaidoyer et de prise en charge des victimes.
Quelles stratégies peuvent être mise en place pour éradiquer ce fléau ?
Annie Matundu : nous pensons que tous les hommes et les garçons doivent s'engager et faire partie de la solution en tant qu'alliés responsables des femmes, des filles et des personnes non conformes au genre pour prévenir et mettre fin à toutes les formes de violence fondée sur le genre.
Que pouvez dire aux femmes victimes de violences basées sur le genre à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de ces violences ?
Annie Matundu : il est important de se rappeler que les femmes victimes des violences basées sur le genre ne sont pas responsables de ce qui leur est arrivé. Il est important de briser le silence et de dénoncer les auteurs de ces actes pour mettre fin à l'impunité et garantir la sécurité et la dignité des filles et des femmes dans le pays.
Quel message aux responsables politiques concernant cette lutte ?
Annie Matundu En somme, bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer les violences basées sur le genre en RDC.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka