Le gouvernement congolais prévoit la mise en place des cantines scolaires dans différentes écoles d'ici 2024. La mise en œuvre de ce programme national d'alimentation scolaire est alignée sur la Stratégie sectorielle de l'éducation et de la formation 2016-2025, qui se concentre sur trois axes prioritaires : l'accès et l'équité, la qualité de l'enseignement et la bonne gouvernance.
Contactées à ce sujet, quelques enseignantes œuvrant à Kinshasa, estiment que ce programme est bénéfique dans le sens où il vient lutter contre la malnutrition des écoliers, favorisant ainsi de bons apprentissages et l'obtention de meilleurs résultats scolaires.
"Ce programme va contribuer à la santé et au bien-être général des élèves. En leur fournissant des repas équilibrés et nutritifs, cela participera au maintien de leurs niveaux physiologique et psychologique tout au long de la journée et permettra une meilleure concentration pendant les cours. Cela va également permettre de renforcer et l'égalité des chances tout en garantissant à tous les élèves l'accès à des repas sains, indépendamment de leur situation familiale. Cette mesure va aussi jouer un rôle important dans l'acquisition des bonnes habitudes alimentaires pour les élèves," précise Marlene Nzau, enseignante à l'école ILS située dans la commune de Selembao.
Au-delà de leur dimension nutritionnelle, l'enseignante estime que les cantines scolaires contribueront également à favoriser le vivre-ensemble et l'inclusion sociale.
"En partageant un repas, les élèves auront l'occasion de tisser des liens, d'échanger et de renforcer leur sentiment d'appartenance à une communauté scolaire. Cette mesure pourra également encourager les enfants à fréquenter l'école plus régulièrement, sachant qu'un repas leur sera servi", a-t-elle renchéri.
Cependant, elle invite le gouvernement à adapter la mise en œuvre de ce projet aux besoins spécifiques de chaque école et à prendre en compte les ressources disponibles.
Monique Kalonda, enseignante à l'Institut pédagogique Mokengeli situé dans la commune de Lemba, pense également que ce système une fois installé va améliorer la qualité de l'enseignement en luttant contre la malnutrition des enfants et en favorisant l'apprentissage et l'égalité de sexe, mais elle estime que l'État sera confronté aux défis du choix pour le mode de gestion de ce système, des denrées alimentaires, de la mise en place des contrôles sanitaires et la surveillance des élèves
Niclette Katwe, enseignante au complexe scolaire Lumière situé dans la commune de Limete, salue elle aussi ce projet mais s'interroge sur les chances de sa faisabilité.
"Le système pourra améliorer la qualité de l'enseignement dans la mesure où il permettra à tous les élèves d'avoir de quoi manger durant les heures de pause. Mais installer les cantines va nécessiter une nouvelle main d'œuvre, ce qui augmentera encore l'enveloppe salariale. Comment le gouvernement pourra-t-il financer ce programme s'il n'arrive toujours pas à payer correctement les enseignants ? Comment pourra-t-il choisir un menu pouvant répondre aux habitudes alimentaires de tous les écoliers ?"
La phase pilote de ce programme commence dans les cinq provinces éducatives de la ville de Kinshasa, couvrant un total de 6 643 élèves répartis dans 11 écoles sélectionnées en fonction de divers critères, notamment la localisation géographique et la taille de l'école.
À en croire le gouvernement, ce programme national d'alimentation vise à renforcer la gratuité de l'enseignement primaire dans les écoles publiques, à réduire le taux d'abandon scolaire en maintenant les élèves à l'école et à répondre aux besoins nutritionnels des élèves.
Nancy Clémence Tshimueneka