RDC-élections : les femmes politiques s'expriment sur le taux des candidatures féminines

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a clôturé dimanche 08 octobre, l'étape de réception des candidatures pour l'élection présidentielle prévue le 20 décembre. Au total, 24 candidatures dont celle d'une femme ont été déposées. Sur plus de 20 mille candidatures déclarées recevables aux législatives, les candidatures féminines représentent 17 %, soit un total de 4000 candidates. Aucun regroupement politique n'a atteint 50 % des candidatures féminines accordées par la loi électorale pour être exonéré de la caution.  

Carine Nkanu Tshimanga, mandataire du regroupement Action Pour la Cause Fédérative (APCF) et candidate à la députation nationale dans la circonscription électorale de la Tshangu attribue la situation au fait que la femme n'a pas pu mettre en exergue ses potentialités.

"Le vrai problème, c'est la femme elle-même. Elle ne sait pas se faire confiance, croire en ses capacités. Elle aime trop se sous-estimer au lieu d'oser. En ce qui concerne mon regroupement, pour la liste des 19 candidats demandés aux législatives, seulement 6 femmes se sont manifestées pour postuler à ces élections. Beaucoup de femmes n'ont pas pu présenter les ambitions à temps, elles n'ont pas pu s'exprimer sur cette question. Nous les femmes, nous ne savons pas mettre en exergue nos potentialités. Nous aimons bien passer au second plan et applaudir les hommes", s'offusque Mme Kanku.

Pour certaines femmes politiques qui ont requis l'anonymat, cette situation est due aux inégalités sociales que subit la femme dans différents milieux.

" La femme a bien cette envie, cette volonté d'oser. Mais au regard de notre culture, il y a certains préjugés et stéréotypes qui continuent à être attribués à la femme. Pour la société, la femme reste un être faible qui ne peut arriver à rien. Comment voulez-vous que la même société accorde à la femme la direction des grandes institutions du pays ? Même dans les partis et regroupements politiques, ce n'est pas facile pour la femme de se faire une place et d'être aux commandes. On est exposé à toutes sortes de violences. Avec ça, comment les partis peuvent nous permettre de déposer nos candidatures au même niveau que les hommes ?" s'interroge une candidate à la députation nationale dans la circonscription de la Lukunga.

"Je pense qu'on doit d'abord éliminer toutes les discriminations et inégalités auxquelles la femme continue à faire face.  Dans mon parti par exemple, la femme n'a pas de valeur, elle continue d'être chosifiée. Et cette manière de faire décourage les femmes, confie une autre candidate."

Mélanie Yombo, candidate à la Députation provinciale dans la commune de Selembao, lie cette inégalité à la nature de la femme.

"La nature de la femme avec tout ce que la société lui impose comme devoirs ne lui permet pas de se surcharger plus. Certes, la femme est un être fort, mais elle ne peut pas vivre en cherchant à se surpasser au quotidien. Elle est déjà mère, épouse, sœur, belle-sœur et belle-fille et tout ce qui va avec. Ajouter à cela, la direction des grandes institutions peut la faire craquer. On doit d'abord revoir les normes sociétales, permettre à la femme d'être libre et l'amener à vivre sa vie comme bon lui semble sans aucune contrainte."  

La publication finale de la liste des candidats à l'élection présidentielle est prévue le 18 novembre 2023, conformément à la loi électorale.

Nancy Clémence Tshimueneka