Le 10 octobre de chaque année est dédié à la Journée Mondiale de la Santé Mentale. Cette année, le thème retenu rappelle que « la santé mentale est un droit humain universel ».
Selon Josué Ozowa Latem, psycho-clinicien du centre Telema et psychothérapeute à Kinshasa, les femmes souffrent de façon disproportionnée de certains troubles mentaux et sont deux fois plus exposées aux facteurs sociaux qui favorisent la détresse psychique.
Il pense qu'entre 15 et 71 % des femmes à Kinshasa sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d'un partenaire masculin à un moment de leur vie, et n'arrivent pas à dire tout haut ce qu'elles subissent, au regard des nombreux interdits de la société à leur égard. Ce qui les expose plus à des troubles mentaux chroniques.
La santé mentale ne se résume pas à la simple absence de troubles psychiques. Elle englobe le bien-être personnel, la satisfaction, la confiance en soi, la capacité à nouer des relations, à gérer le quotidien et à travailler. La conviction de pouvoir maîtriser son existence est un facteur important d'équilibre psychique. Cette conviction est moins marquée chez les femmes, qui sont plus exposées aux violences dans les différents milieux sociaux, explique le psychothérapeute.
Pour lui, l'augmentation du stress chronique dans la société ne fait qu'aggraver la vulnérabilité de la femme, y compris sur le plan physique. Ceci entraîne chez la femme plus de ruminations, d'émotions intenses, de symptômes psychosomatiques, de besoin d'un support social.
En RDC, la situation de la santé mentale demeure alarmante, d'après le ministère de la santé, près de 20 millions de congolais sont atteints des troubles mentaux. Ces chiffres sont jugés réalistes par Josué Ozowa, au regard des différents comportements observés dans la société.
"Il suffit d'observer le comportement des chauffeurs sur les routes de Kinshasa, la délinquance juvénile, communément appelé "phénomène kuluna", les comportements de certaines personnalités telles que les pasteurs, les politiciens qui ne reflètent pas souvent leurs statuts pour se rendre compte que notre société a un problème sérieux de santé mentale. Ce déséquilibre mental est favorisé par la consommation des drogues dans le milieu des jeunes. Les enfants qui naissent et grandissent au milieu des bruits des bars et terrasses, la pression et les stress dans les familles", souligne Josué Ozowa qui estime que cette situation reste à craindre si des mesures urgentes ne sont prises.
La Journée mondiale de la santé mentale a été célébrée pour la première fois en 1992. Elle est consacrée à la sensibilisation des populations autour de la question de la santé mentale.
Nancy Clémence Tshimueneka