Face au contexte sécuritaire, à l’instabilité politique ou aux violations des droits de l’Homme à l’approche des élections, le Comité Laïc de Coordination (CLC) propose comme seule voie de sortie, le dialogue. Le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, appelle également les forces vives à une concertation urgente. Est-ce une proposition pertinente ? Faut-il dialoguer à moins de 6 mois des scrutins ? Le Desk Femme d’Actualité.cd a recueilli quelques avis ce 24 juillet à Kinshasa.
« Ce n'est pas une bonne proposition! », s'exclame Marguerite Batwanga, quadragénaire, vendeuse de perruques pour dames. Et d’ajouter, « je crois que cette idée va retarder les élections. Nous voulons que les élections soient organisées dans le délai constitutionnel. Il faut des élections cette année. Et je pense que ces points de vue sont personnels et ne concernent pas tout le pays ».
C'est une position soutenue également par Esther Landu, étudiante en deuxième Licence Droit à l'Université Protestante au Congo (UPC).
« Je suis sûr d'une chose, les politiciens ont du profit à tirer quand ils font des réclamations. On dit qu'en politique, il n'y a rien pour rien. Le fait que les quatre opposants s'accordent pour premièrement, rejeter en bloc tous les efforts qui sont en train d'être mis en place par la CENI pour parvenir à tenir les élections cette année, deuxièmement, que le CLC ou le Dr. Mukwege commencent à parler d'un dialogue, sont des signaux d'un potentiel objectif. Ils veulent être associés dans la gouvernance du pays et cela se traduit par leurs réclamations. Je ne soutiens pas l'idée de tenir un dialogue à ce stade. Avançons vers les élections avec ceux qui sont prêts et disponibles", dit-elle.
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Envisager une médiation extérieure
Si les deux premières kinoises s'opposent à l'hypothèse d'un dialogue, celles qui suivent sont plutôt pour des tables rondes. Elles en définissent également les objectifs et conditions.
« Nous ne connaissons pas les objectifs de ce dialogue réclamés par les acteurs sociaux à moins de 6 mois des élections. Mais, je pense que le Chef de l'Etat devrait leur accorder l'opportunité de se mettre autour d'une table et discuter avant le rendez-vous des élections. C'est très important pour favoriser un climat de paix »,précise Déborah Matumweni, vendeuse des accessoires pour femmes.
A Tendresse Tana, sa voisine, de renchérir, « tout ce que nous voulons, c’est la paix et l'unité. Mobutu disait "mokonzi bo moko, ekolo bo moko", c’est-à-dire que notre force réside dans l’unité. Si cette proposition peut faire sortir la scène politique congolaise de la crise, je trouve que c'est une solution à prendre en considération. Le dialogue sincère est une arme puissante contre toutes violences. Le Congo est aussi un pays démocratique, il ne faut pas négliger cet aspect ».
Dans le même ordre d’idée, Tshibanda Francine, sexagénaire et agent à la Fonction publique, évoque même la possibilité d’une médiation de l’Union Africaine pour parvenir au dialogue.
« La prise en compte de toutes les voix est nécessaire pour parvenir à des élections libres, crédibles et transparentes, mais surtout apaisées. Comment pourrait-on parler d' élections crédibles si le Chef de l'Etat et toutes les autres parties prenantes ne s'accordent pas autour du déroulement de ce processus ? Si c'est très nécessaire, il faut que tous se mettent autour d'une table. Il faut des médiateurs pour que tout cela devienne possible. L'Union Africaine, les pays voisins peuvent y être associés », suggère-t-elle.
À la question de savoir si les démarches vers les médiateurs ne vont pas ralentir la tenue des élections dans le délai constitutionnel, elle répond, « non, je n'en suis pas sûre. Et même si les élections étaient retardées, au moins on sera sûrs d'avoir des élections apaisées et inclusives dans un délai convenu par toutes les parties prenantes ».
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Prisca Lokale