En Ituri où le Procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan est attendu, les communautés appellent à des poursuites contre les auteurs des massacres à grande échelle qui se poursuivent suite à l’activisme des groupes armés.
“Nous estimons que l’arrivée du Procureur général de la CPI en Ituri doit apporter un plus et nous recommandons à ce qu’il mette la main sur tous les complices des massacres en Ituri”, a dit à ACTUALITE.CD, Dieudonné Lossa, président de la société civile de l’Ituri.
Selon M. Lossa, “il y a des prévenus qui sont sans être jugés”.
“Son arrivée doit changer beaucoup de chose, il doit s’atteler sur des cas pareils et que nous puissions avoir la paix. Nous estimons que son passage doit être un plus car nous avons demandé plusieurs fois que la CPI arrive pour des enquêtes et nous pensons qu’il est venu pour passer à l’action. Il doit mettre la main sur tous ceux qui sont impliqués dans les massacres en Ituri et il doit mettre cela dans ses priorités pour que les hostilités en Ituri cessent”, a-t-il ajouté.
“Le Procureur de la CPI doit faire une enquête afin d’arrêter les prédateurs qui sont liés aux hostilités. Cette arrivée est un atout. Il doit retenir que nous n’avons pas besoin de visite touristique, mais que nous puissions noter qu’il y a des mandats d'arrêt contre X ou Y et ça sera un ouf de soulagement pour la jeunesse et la population Iturienne. Faire le contraire ça serait également contribuer au malheur de la population Iturienne”, a indiqué Ibrahim Abasi Gloire, président du parlement des jeunes de l’Ituri.
Samy Azabo, chef des travaux à l'université de Bunia estime aussi que “l'arrivée du Procureur général de la CPI va apporter un changement car nous comptons s’ils arrivaient à mettre la main sur les auteurs des massacres en Ituri”.
Pour sa part, Me Claude Gotabo dit: “Nous osons croire qu'il va consulter toutes les couches sociales pour avoir des éléments de preuve sur les massacres commis en Ituri depuis 2017. La CPI doit agir sans complaisance pour que la paix revienne en Ituri comme ce fut le cas des massacres de 2003”.
L’Ituri est frappé par de graves violences depuis décembre 2017 et ont déjà fait des milliers de morts et plus d’un million de déplacés.
A la suite de la guerre civile de 1999-2003 qui avait secoué l’Ituri, la CPI avait procédé à des enquêtes qui avaient permis d'arrêter des leaders des milices locales. , à savoir Thomas Lubanga, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo qui ont été jugés et condamnés. Aujourd’hui, en Ituri, beaucoup pensent que l’action de la CPI peut dissuader les protagonistes.
Contexte
Thomas Lubanga Dyilo a été déclaré coupable, en tant que coauteur, des crimes de guerre de conscription et d'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans dans les FPLC (Forces Patriotiques pour la Libération du Congo) et du fait de les avoir fait participer activement à des hostilités entre septembre 2002 et août 2003. Le 10 juillet 2012, il a été condamné à une peine totale de 14 ans d’emprisonnement. L’homme avait été, le 19 décembre 2015, transféré à la prison de Makala en RDC pour y purger sa peine. Il a été libéré le 15 mars 2020, après avoir purgé sa peine.
Germain Katanga, général dans l’armée congolaise, a été reconnu coupable des crimes de guerre et participation à un mouvement insurrectionnel. Dans les faits, il a été reproché à Katanga d'avoir lancé une attaque meurtrière (plus de 290 morts) contre le village de Bogoro, dans l'Ituri.
Un autre chef de guerre Iturien condamné par la CPI c’est Mattieu Ngudjolo Chui, ancien commandant du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), une milice. Il était accusé d’avoir voulu « effacer totalement la population du village de Bogoro, dans la région de l’Ituri ». Selon la Cour, des combattants des ethnies Lendu et Ngiti du FNI, avec des hommes de la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI) de Germain Katanga, avaient attaqué le village fin février 2003, tuant plus de 290 personnes.
D’autres anciens miliciens du Front des nationalistes intégrationnistes (FNI), Floribert Ndjabu et Pitshou Iribi étaient poursuivis depuis 2005 notamment pour participation à un mouvement insurrectionnel en Ituri. En 2011, ces deux détenus de Makala à Kinshasa étaient allés témoigner à la Haye au cours des procès de Mathieu Ngudjolo et Germain Katanga devant la CPI. Alors qu’ils sollicitaient l’asile aux Pays-Bas, ils avaient été renvoyés en RDC en juillet 2014 au terme d’une longue procédure impliquant la CPI et les autorités néerlandaises.
Freddy UPAR, à Bunia