Claudel Lubaya: "Le parlement doit prendre la mesure de la gravité de la situation, se libérer de sa complaisance assumée et se départir de son rôle de caisse de résonance de l’exécutif" 

Claudel Lubaya
Claudel Lubaya

Les députés nationaux reprennent ce mercredi 15 Mars 2023 le chemin de l'hémicycle au Palais du Peuple où est prévue l'ouverture de la session ordinaire de mars de l'année 2023. Cette session s'ouvre dans un contexte particulier et marqué par l'occupation par des rebelles du M23 d'importantes parties des territoires de Masisi, Nyiragongo et Rutshuru (Nord-Kivu).

En dehors de son rôle traditionnel de légiférer et de contrôler, le député national Lubaya Claudel André souhaite voir la chambre basse du Parlement jouer son rôle constitutionnel et non demeurer la caisse de résonance du gouvernement. 

"Le parlement doit prendre la mesure de la gravité de la situation, se libérer de sa complaisance assumée et se départir de son rôle de caisse de résonance de l’exécutif. Il y a besoin aujourd’hui, d’une nécessaire remise en question du mode de fonctionnement du parlement, lequel affecte sa manière d’appréhender les questions d’intérêt général. La crise n’est pas seulement sécuritaire, elle est multiforme et appelle du parlement, une prise de conscience de son rôle en tant qu’institution de contrôle de l’action de l’exécutif. Quand le pays va mal, les parlementaires revenus des vacances se doivent d’être cohérents et en communion avec le ressenti de la population qu’ils représentent", a-t-il dit à ACTUALITE.CD mardi 14 mars 2023.

Pour cet élu, il est impérieux de statuer sur le l'état de siège en vigueur au Nord-Kivu et en Ituri. Cette mesure qui va totaliser deux ans en mai prochain n'a pas plus sa raison d'être au regard de son échec et impuissance sur terrain.

"L’expérience a montré que l’état de siège est inefficace et partant, il n’est pas la réponse politique à la crise sécuritaire. Produit d’une improvisation, sans planification, son échec était prévisible. Les faits l’attestent aujourd’hui. Tenez, le nombre de morts s’accroît de jour en jour et l’insécurité est grandissante dans les régions concernées. Face à cette évidence, il n’y a point de honte à lever l’état de siège pour donner de l’oxygène aux provinces concernées et permettre aux autorités civiles de reprendre le relais. C’est une question de cohérence. Face à la souffrance qu’endurent nos compatriotes dans l’Est, les parlementaires devraient agir en conséquence", a indiqué Lubaya Claudel André.

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Au sujet de la communauté des États d'Afrique de l'est (EAC), Lubaya estime qu'il faut un débat de fond car l’adhésion de la RDC à cette organisation a plus créé des problèmes en lieu et place d'apporter des solutions aux préoccupations de la population.

"L’adhésion à l’EAC a été quelque peu théâtrale en ce sens qu'elle n’a jamais fait l’objet d’un débat de fond. Elle a obéi à un agenda caché dont seuls les auteurs maîtrisaient les contours. Elle nous a plus causé du tort au point d’être aujourd’hui la voie de la balkanisation du pays. Le parlement devra s’assumer en décidant, après débat, de la suspension de notre participation à cette organisation et ce, jusqu’à nouvel ordre", a souligné l’élu de Kananga.

La session ordinaire de mars 2023 sera consacrée essentiellement en premier lieu au contrôle parlementaire ainsi qu'à l'examen et au vote de certaines lois. D’autres matières pourraient aussi être retenues ; notamment la crise socio économique marquée par la dépréciation de la monnaie locale et la perte du pouvoir d'achat des congolais, la crise sécuritaire dans la partie Est de la RDC, les réformes électorales avec notamment l'adoption de la loi sur la répartition des sièges pour les prochaines élections législatives nationales et provinciales et tant d'autres questions.

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Clément MUAMBA