Tuerie de 40 civils dans deux villages à Beni: Lubaya critique l’Assemblée nationale pour sa “complaisance” à maintenir l’état de siège dont la prorogation devenue “un rituel mécanique et comique”

Villages Mukondi à Beni victime d'attaque des ADF
Villages Mukondi à Beni victime d'attaque des ADF

Au lendemain du massacre de près de 40 civils dans la nuit de mercredi à jeudi aux villages Mukondi et Mausa (territoire de Beni), le député Claudel Lubaya a réagi en pointant la responsabilité de l’Assemblée nationale qui a maintenu l’état de siège qu’elle a continué à reconduire depuis deux ans sans résultats positifs. “Que reste-t-il encore de l’état de siège?”, s’interroge-t-il.

En instaurant cette mesure exceptionnelle dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, Félix Tshisekedi disait vouloir engager pleinement les Forces de défense et de sécurité à traquer de manière efficace les groupes armés locaux et étrangers qui écument ces deux provinces.

“Je rappelle que depuis sa proclamation, le Parlement s'est résolu d'éviter expressément le débat sur la question, faisant de la prorogation de l'état de siège un rituel mécanique et de fois comique, sur fond d'incantations en transférant à l'exécutif son pouvoir de proroger ou non l'état de siège”, dit Claudel Lubaya. 

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Il déplore l’attitude “complaisante” de la chambre basse du Parlement qui a fait de la prorogation de l’état de siège “un rituel mécanique et de fois comique”. 

“Cette complaisance assumée et même vantée a conduit à ce que d'aucuns déplorent aujourd'hui : l'absence de résultats. Cela était d'ailleurs prévisible quand on entend les autorités chargées de sa mise en œuvre déclarer sans gêne que «l'état de siège a permis d'augmenter les recettes domaniales»! Quelle légèreté ! Et qu'attendre de bon de la part de tels responsables?”, déplore l’élu de Kananga, au Kasaï Central.

À l'en croire, en Ituri comme au Nord Kivu, l'insécurité s'est accrue, les groupes armés ont redoublé d'activisme. Les ADF, la CODECO, les Maï-Maï et consorts sont là, actifs et menaçants. Ils opèrent à ciel ouvert, avancent à visage découvert. La mutualisation des armées congolaise et ougandaise ne les a ni dérangés ni neutralisés. En Ituri, la CODECO, milice extrêmement violente, collabore avec les autorités locales et sécurise les centres d'inscription ouverts par la CENI.

“La mécanique du déni, devenu familier, n'échappe à personne aujourd'hui : «là où ça va mal, tout va ». Pourtant, les faits sont là, ils sont cruels. Combien de morts, combien de blessés, combien de disparus, combien d'écoles, de centres de santé incendiés, combien de victimes attendons-nous pour évaluer objectivement, sans complaisance et sans concession, la tragédie qui endeuille notre Nation?. Nos condamnations ne suffisent plus. Nos dénis ne rassurent plus personne. Nos discours ne portent plus et ont perdu toute crédibilité au regard de la gravité des faits. Nous devons agir, et agir vite", interpelle-t-il. 

Plus de quarante personnes sont mortes dans la nuit de mercredi à jeudi dans une nouvelle attaque attribuée aux rebelles ADF, affiliés au groupe Etat islamique, dans l'est de la République démocratique du Congo. 

Les ADF sont à l'origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, qui ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l'est de la RDC où ils sont accusés d'avoir massacré des milliers de civils. En 2021, des attentats sur le sol ougandais leur ont aussi été attribués et une opération militaire conjointe entre les armées congolaise et ougandaise a été lancée pour les traquer dans le Nord-Kivu et dans la province voisine de l'Ituri. 

Les Etats-Unis ont offert la semaine dernière une récompense pouvant aller jusqu'à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d'une quarantaine d'années nommé Musa Baluku.

Clément MUAMBA