RDC-Beni: des lieux publics de moins en moins fréquentés, la population craint la menace permanente d’attaque à la bombe

Un engin explosif sécurisé par le service de déminage
Un engin explosif sécurisé par le service de déminage

Dans l’Est de la République démocratique du Congo, les autorités ont alerté la population sur une menace permanente d’attaque à la bombe dont sont auteurs les présumés rebelles  d’Allied Democratic Forces( ADF). Les appels à la vigilance ont été multipliés à Beni où deux explosions à la bombe ont déjà fait 15 morts et plus de 70 blessés depuis le début de ce mois. La vigilance est aussi recommandée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

La menace fait peur à la population. Nombreux habitants ont restreint leurs mouvements, notamment en ce qui concerne les lieux publics. 

Au marché central d’Oicha, chef-lieu du territoire de Beni, l'ambiance a perdu son rythme habituel depuis le début des explosions. Pas d’engouement comme dans le passé. Vendredi dernier, une bombe piégée a été découverte au cœur du marché. Ce qui explique cette réticence des  personnes qui fréquentent ce lieu, témoigne une vendeuse de haricots.

«Nous avons maintenant peur de rester au marché, car on ne sait pas quand est-ce qu'une bombe peut exploser, ça peut arriver à tout moment. Si nous venons au marché en cette période, c’est parce qu'on ne veut pas mourir de faim. Lorsque j’arrive au marché, je commence par vérifier là où je m’installe s’il n’y a pas quelque chose de suspect. Hier on était assis ici alors qu’il y avait une bombe, c’est grâce à ma voisine qu’on l’avait découverte. Elle avait vu un sachet qui traînait ici, et contenait une bombe en batterie », explique Kavugho Kawalina, trouvée au marché.

Il n’y a pas que les marchés qui sont ciblés par les assaillants. Il y a aussi les églises. Un attentat a fait 15 morts et plus de 60 blessés dans une église à Kasindi. Ce qui motive le renforcement des mesures sécuritaires dans des lieux de culte. 

« Nous avons fermé certaines portes pour ouvrir une ou deux en mettant des agents de sécurité avec des détecteurs de métaux. Nous avons déjà dit aux fidèles qu’ils doivent accepter d’être contrôlés et qu’on vérifie dans leurs sacs à main. Et puis les fidèles doivent éviter de s’encombrer des costumes ou des pagnes qui peuvent causer la suspicion », indique Lucas Kaghoma, l’un des responsables de la paroisse catholique de Beni-cité, située dans la commune de Beu.

L’armée explique cette recrudescence d’attaque à la bombe par ces offensives “robustes” contre les bastions des ADF dans la forêt. 

« Aujourd’hui avec les opérations conjointes nous avons réussi à restreindre le mouvement de l’ennemi. Avant il circulait librement dans cette forêt, il faisait pratiquement ce que moi j’appelle un tourisme criminel, il avait toute sa capacité d’attaquer nos positions et se mouvoir facilement pour attaquer les agglomérations et maintenant qu’on a réussi à réduire sa capacité de nuisance en profondeur il a actionné ses points focaux. Voilà pourquoi aujourd’hui on assiste à cette recrudescence des bombes », note Mak Hazukay, porte-parole de la coalition des armées congolaise et ougandaise.

C’est depuis novembre dernier que les deux armées ont accentué la traque des rebelles ADF dans les territoires de Beni et Irumu. Des bombardements et des frappes aériennes ciblées ont notamment permis la libération d’une centaine d’otages.

Yassin Kombi