Lutte contre l'exploitation illégale du bois en RDC : Eve Bazaïba propose une solution numérique contre la fraude forestière

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Eve Bazaïba, Vice-ministre, ministre de l'Environnement et développement durable. Ph. Droits tiers.

Eve Bazaïba Masudi, la Vice-première ministre, ministre de l'Environnement et Développement durable, va bientôt lancer le projet « DIGILIGNA » qui vise la mise en place d'un environnement digital intégral dédié à la gestion des forêts congolaise. 

A cet effet, une mission d’expert du ministère de l’Environnement et développement durable est allée en France fin 2022 afin de s’imprégner de l’expérience française et préparer le lancement du projet « DIGILIGNA ».

Cette solution informatique qui sera déployée au niveau national vise à éradiquer la fraude dans le secteur forestier par des mécanismes incontournables de délivrance des autorisations du secteur aussi bien au niveau des administrations centrales, provinciales, entités territoriales décentralisées et par l’intégration au sein même des acteurs du secteur, d’une traçabilité intégrale du processus d’exploitation et de transformation des bois. Il s’agit ici d’une stratégie similaire à Isys-Régies mis en place par le Ministre des Finances Nicolas Kazadi et qui a permis d’accroître de 68% les recettes de l’État la même année.

Ce projet permettra enfin au Gouvernement d’appliquer effectivement le quota d’exportation des grumes conformément au Code forestier, qui autorise l’exportation maximum de 30% de la production totale de chaque entreprise sous forme de grume, les 70% restant devant subir au minimum une première transformation locale.

D'après un rapport du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), il est estimé que la mise en œuvre du projet « DIGILIGNA » permettra à l’État de dégager des recettes substantielles avec ses 4 500 000 de m3 de bois produits par an dont moins de 15% sont à ce jour déclaré officiellement et paie les droits et taxes de l’État.

En effet, depuis des années, la République Démocratique du Congo perd des centaines des millions de dollars chaque année à cause d’un manque d’outils pertinents capable d’assurer la traçabilité de la production forestière nationale. Eve Bazaïba veut concrétiser par ce projet la volonté politique du Président de la République Démocratique du Congo de voir le secteur forestier du pays assaini afin de jouer son rôle économique et environnemental.

La mise en place de ce projet vise également à faire en sorte que les sociétés d’exploitation forestière du Congo qui respectent les lois du pays et paient les impôts retrouvent la route des exportations vers l’Union Européenne et les États-Unis, car elles seront désormais en mesure d’offrir à leurs clients des outils informatiques permettant d’effectuer la diligence raisonnée afin de prouver la provenance légale de leurs produits.

La République Démocratique du Congo, avec une superficie totale de 2 345 409 Km2 dont 67% couverts de forêt, possède la plus grande couverture forestière africaine. 

En effet, la gestion des forêts en République Démocratique du Congo a été pendant longtemps confiée entre les mains des politiques ayant très peu des connaissances sur les enjeux réels des forêts. Ces décideurs politiques se sont tour à tour retrouvés entre les feux croisés des ONGs souvent manipulées par des puissances économiques obscures qui découragent l’exploitation forestière en Afrique pendant que des pays comme la France avec une couverture forestière dix fois inférieure à la République Démocratique du Congo produisent des dizaines de millions de m3 des bois provenant de leurs forêts sans que ces dernières ne disparaissent.

Le gouvernement congolais tient à l'évolution du secteur forestier. A travers ce projet, Eve Bazaïba veut faire accéder la gestion de la forêt de la RDC dans l'ère numérique afin d’apporter des ressources financières supplémentaires par les rapatriements de maximum des taxes qui échappe actuellement à l’État, mais aussi de permettre à la même occasion à l’État congolais de négocier son crédit Carbonne en connaissance de la valeur économique réelle de ses forêts conservées pour des fins environnementales.

Cet outil de traçabilité, d’optimisation de la gestion du patrimoine forestière et des finances du secteur forestier sera le premier pas de concrétisation de l’intelligence stratégique du pays en matière forestière et sera ensuite couplée aux formations dans le secteur de la gestion des forêts et la production forestière raisonnée afin de permettre aux entreprises congolaises du secteur forestier de produire sainement le bois d’œuvre.