RDC : après le secteur de l’aviation, le gouvernement s’explique sur la pénurie de carburant pour automobiles

Prix du carburant à la pompe à Kinshasa.

Depuis quelques jours, Kinshasa, capitale de la RDC, fait face à la crise de carburant avec comme effets nocifs, la surchauffe généralisée dans le secteur des transports en commun et aussi des longs fils dans plusieurs stations-service.

Lire : RDC: faible stock de Jet A1, un plan de contingence activé en attendant l'approvisionnement en septembre

S'exprimant sur la question ce mardi 6 septembre, le ministère des hydrocarbures justifie cette situation par la baisse sensible de stocks en essence et aussi par le fait qu’un plan de contingence a été mis en place afin d'éviter la rupture proprement dite de ce produit stratégique.

« D'ordinaire, la capitale consomme plus ou moins 1100 m³/jour et à la suite de cette décrue, un plan de contingentement est appliqué pour assurer la ville en essence essentiellement. Dans le souci d'éviter la rupture totale, le gouvernement, en concertation avec les entreprises opérant dans le domaine, s'est résolu à appliquer le plan de contingence en vue de faire baisser de 1100 m³ à 660 m³/jour la consommation en essence dans la ville rien que pour l'essence ainsi que le jet. Pour l'essence, le bateau  est attendu le 14 septembre courant. Pendant ce temps, le gouvernement  s'apprête à payer le manque à gagner des sociétés pétrolières pour leur permettre de s'approvisionner », a annoncé le ministère dans un communiqué rendu public par sa cellule de communication.

Au nom du gouvernement de la République, ce portefeuille appelle la population au calme et la rassure du contrôle de la situation pour qu'elle redevienne à la normale.

« Le ministère des hydrocarbures rappelle que ce plan de contingence est aussi appliqué dans les stations-service avec la limitation du volume en litre par véhicule afin de permettre la gestion transitoire de cette période passagère de la baisse de stock d'essence en attendant bien évidemment le ravitaillement escompté », ajoute le communiqué du ministère des Hydrocarbures.

Le ministère dirigé par Didier Budimbu a également annoncé l'arrivée de la Navire au Kongo Central avec le nouveau stock Jet A1.

« En ce qui concerne le jet, le navire assurant le ravitaillement est à quai de Banana réceptionné par Socir depuis samedi 3 septembre. La cargaison devra remonter à Ango-Ango, aux environs de Matadi pour son acheminement vers Kinshasa : ce qui devrait prendre une semaine », rassure le ministère des Hydrocarbures.

Nicolas Kazadi, ministre des finances, assumant l’intérim du ministre de l’économie nationale avait, lors de la 66e réunion du conseil des ministres, évoqué des stratégies envisagées pour garantir les approvisionnements en carburant et de réduction du coût de la subvention pétrolière.

En vue d’apporter une solution durable à cette problématique, le Gouvernement, à travers le ministère de l’économie nationale, envisage de mettre en place, avec le Groupe GEMCORP, une facilité de financement pour garantir les approvisionnements en carburants et réduire le coût de la subvention pétrolière.

« Cette facilité dont le montant s’élève à 500 millions d’USD réparti en tranches, pourrait être offerte au Gouvernement à des conditions quasi concessionnelles.  Elle permettra aux importateurs locaux d’accéder directement aux carburants en supprimant ainsi les coûts additionnels liés aux intermédiaires. Ceci à un prix compatible avec le niveau officiel retenu dans la structure de prix, de sorte à résoudre à la fois le problème de solvabilité des importateurs locaux ainsi que le risque de pénurie sur le marché », rapporte le compte rendu de la 66e réunion tenue vendredi 28 août 2022.

Cette facilité, d'après Nicolas Kazadi, permettra la diminution du coût budgétaire de la subvention comporte aussi l’avantage de renforcer la transparence des flux des volumes de carburant à subventionner.

Sollicitant le quitus du gouvernement, le ministre de l’économie nationale a.i a préconisé la mise en place d’une Commission ad hoc pour poursuivre les discussions avec GEMCORP, finaliser la proposition technique et définir les mécanismes opérationnels de la facilité de financement. Ceci avec l’implication  des autres parties prenantes au processus de régulation du secteur, notamment le ministère des hydrocarbures et celui des finances.

Le ministère de l’économie nationale prévoit de renforcer la synergie avec les autres initiatives en cours notamment celle de la Société nationale des hydrocarbures du Congo (SONAHYDROC)-United Bank for  Africa (UBA).

La RDC n'est pas épargnée des effets néfastes de la crise russo-ukrainienne, qui frappe le secteur des hydrocarbures mondial. D'après Nicolas Kazadi, le coût annuel de cette subvention est évalué à près de 400 millions USD depuis le déclenchement du conflit en Ukraine. Ces ressources importantes  sont à comptabiliser à l’actif du gouvernement comme dépenses sociales au titre des interventions directes pour préserver le pouvoir d’achat des ménages.

Clément Muamba