La mission annoncée par le gouvernement est arrivée à Kwamouth (Mai-Ndombe) ce jeudi. Des rencontres sont prévues avec les autorités sécuritaires locales, mais aussi avec différentes couches des communautés en conflit, à savoir les Bateke et Bayaka. Contactée par le Desk Femme Mimy Mopunga donne quelques recommandations à propos des mesures qui doivent découler de ces entretiens.
« La mission dépêchée sur place devrait parvenir à établir des responsabilités après ces affrontements. En 2018, nous savons que des conflits ont éclaté dans la province de Mai-Ndombe, quelques jours avant les élections. Aujourd'hui encore, nous parlons des conflits qui ont été déclenchés à la veille de l'année électorale. Je pense qu'il ne faudrait pas exclure une piste politique dans les affrontements intercommunautaires en RDC en général. Cela pourrait avoir des raisons électorales », explique M.Mopunga qui est politologue de formation.
En effet, les dates du 14 au 18 décembre 2018 sont des jours mémorables pour Yumbi, une localité dans la province de Mai-Ndombe. Après le décès du chef coutumier de la communauté Banunu à Kinshasa, son corps est ramené à Yumbi, où il sera enterré près de la tombe de son père. Les membres de l’ethnie Batende protestent, il ne devrait pas être enterré sur leurs terres. Ces affrontements ont pour conséquences, la mort de plus de 500 personnes selon l’ONU, le déplacement de plus de 15.000 personnes selon OCHA ainsi que le report des élections prévues le 30 décembre 2018.
A l'époque, le président de la société civile de Yumbi, renseigne que la protestation des Batende contre l'enterrement du chef Banunu a servi d'élément déclencheur dans le conflit qui oppose les deux ethnies à chaque veille des élections. En 2006 et 2011, ces populations s’étaient également affrontées. Les législatives de 2018, auront enfin lieu en mars 2019, sans présidentielle.
Les récents affrontements ont fait 28 morts, 244 maisons ont été incendiées et plus de 5.000 personnes sont déplacées.
Mimy Mopunga ajoute, « nous attendons vraiment que les responsabilités soient établies par rapport aux parties impliquées. Ce sont des morts de plus en RDC, en dehors des massacres dans l'est du pays ».
Par ailleurs, Mme Mopunga a estimé qu’une commission indépendante chargée d’analyser les causes profondes du conflit et d’en déterminer les solutions durables devra être mise en place à l’issue de cette mission. « Les auteurs devront répondre devant la justice pour servir d'exemple au reste de la population ».
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Après ses études, Mimy Mopunga a travaillé dans une organisation de la société civile axée sur la défense des droits humains, justice et libération à Kisangani. Elle a aussi exercé dans la politique active à Goma, ensuite à Kinshasa en tant que députée pendant la transition 1+4. À l'issue de son mandat, elle a réintégré la société civile à travers le cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) et le réseau des femmes africaines ministres et parlementaires.