Mort de l'ex-président angolais en Espagne: la justice s'oppose à la remise du corps à la famille

L'ancien président angolais José Eduardo dos Santos à Lusaka, en Zambie, en avril 2008. © Themba Hadebe/AP/SIPA
L'ancien président angolais José Eduardo dos Santos à Lusaka, en Zambie, en avril 2008. © Themba Hadebe/AP/SIPA

La justice espagnole s'est opposée vendredi à la remise du corps à la famille de l'ancien président angolais Jose Eduardo dos Santos, décédé le 8 juillet à Barcelone, le temps d'effectuer des analyses complémentaires à l'autopsie et d'identifier "le ou les membres de la famille" à qui remettre la dépouille

Le tribunal supérieur de justice de Catalogne "n'accepte pas de mettre à disposition de la famille le cadavre de l'ex-président de l'Angola, Monsieur dos Santos", a-t-il annoncé dans un court communiqué.

"Bien que le rapport préliminaire de l'autopsie indique que la mort de Monsieur dos Santos est naturelle, le magistrat a donné son accord pour des analyses complémentaires, étant donné qu'une plainte avait été déposée pour de possibles menaces sur cette personne", poursuit le communiqué.

Une de ses filles, Tchizé dos Santos, avait en effet porté plainte en Espagne quelques jours avant son décès pour "tentative d'homicide". Elle accuse le médecin personnel de son père et sa dernière épouse, Ana Paula, d'être responsables de la détérioration de son état de santé.

C'est elle aussi qui avait réclamé une autopsie, jugeant le décès de son père "suspect".

Elle est d'ailleurs opposée au retour du corps de son père en Angola. Il souhaitait "être enterré dans l'intimité en Espagne", où il vivait depuis 2019, et non dans son pays "avec des funérailles nationales qui pourraient favoriser le gouvernement actuel" du président Joao Lourenço, selon un communiqué de ses avocats.

Les résultats préliminaires de l'autopsie ont fait état d'une "mort naturelle", avec des problèmes d'"insuffisance cardiaque" et de "surinfection pulmonaire", selon une source proche du dossier.

Mais le tribunal a averti que la remise du corps n'aura pas lieu "avant l'obtention des résultats des analyses demandées et tant que n'auront pas été identifiés le ou les membres de la famille à qui remettre le corps".

"Le magistrat considère que l'enquête prime sur le droit de la famille directe à récupérer le corps", est-il ajouté, précisant qu'il avait été officiellement demandé à l'institut médico-légal de conserver le cadavre.

Jose Eduardo dos Santos, qui a dirigé l'Angola d'une main de fer de 1979 à 2017, est mort à l'âge de 79 ans dans une clinique de Barcelone, où il avait été hospitalisé après un arrêt cardiaque le 23 juin. 

Son placement en soins intensifs avait révélé les vives tensions existant au sein de la famille dos Santos, notamment entre sa dernière épouse Ana Paula et sa fille Tchizé dos Santos, âgée de 44 ans.

Dauphin de dos Santos, Joao Lourenço avait surpris en lançant dès son arrivée au pouvoir une vaste campagne contre la corruption ciblant la famille de son prédécesseur.

 

AFP et ACTUALITE.CD