Loi d'habilitation : pour le député Muhindo Kasekwa, Félix Tshisekedi a démontré une fois de plus qu'il n'est pas un homme de parole

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Félix Tshisekedi, Président de la République

Le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa considère qu'avec la non convocation de la table ronde devant tabler sur l'avenir de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a démontré une fois de plus que le Chef de l'État Félix Tshisekedi n'est pas un homme qui tient à sa parole. Cet élu proche de Martin Fayulu s'oppose à la loi d'habilitation qui permettra au gouvernement de poursuivre avec l'état de siège qui, d'après lui, ne cesse de renfermer la population dans une sorte de prison.

« Premièrement, cela prouve que Monsieur Félix Tshisekedi n'est pas un homme de parole. Il est capable de dire aux députés nationaux et sénateurs élus de l'Ituri et du Nord-Kivu qu'il ne voudrait pas voir le gouvernement solliciter une loi d'habilitation à la clôture de la session parlementaire. Il l’a dit le 4 mai de la même année et, à moins d'un mois, il change de position sans même prendre soin d'inviter ces députés et sénateurs pour leur présenter des excuses ou leur expliquer qu'est ce qui a changé. C'est du mépris et c'est déplorable. Deuxièmement, on ne peut pas justifier le maintien prolongé des populations de deux provinces sous état de siège par la résurgence du M23 parce que premièrement la résurgence du M23 depuis le 8 novembre 2021 soit 6 mois depuis la mise en place de l'état de siège est une manifestation de l'inefficacité voir de l'échec de l'état de siège. Deuxièmement, les populations du Nord-Kivu ont vaincu le M23 en 2013 en appui aux FARDC sans état de siège. C'était sous l'administration civile. Troisièmement, nous savons que la mobilisation de la population a toujours été le principal bouclier contre l'agression dont notre pays est longtemps victime et aujourd'hui ces populations du Nord-Kivu et de l'Ituri sont incapables de mobiliser de manière totale à Goma, Rutshuru, à Butembo, à Beni, à Bunia du fait du joug de l'état de siège », a dit à ACTUALITE.CD samedi 11 juin 2022 Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa.

Et de poursuivre :

« L'état de siège renforce le divorce entre l'armée et la population de plusieurs manières, d'abord les tracasseries militaires à outrance, figurez-vous que sur la route Eringeti - Komanda longue de 74 kms, nous trouvons 17 barrières sur lesquelles un chauffeur des taxi-motos est tenu de débourser 95 000 FC à l'aller. Nous venons d'enregistrer pendant cette période de l'état de siège 3 personnes qui ont été tuées du fait du recouvrement forcé de ces taxes dites " état de siège" imposées aux populations sur les barrières érigées par les militaires. Donc l'état de siège est venu donner libre cours à des abus des pouvoirs dans les chefs des militaires, dans les chefs des animateurs que la population en a marre, les autorités de l'état de siège ont multiplié des taxes, la justice est complètement paralysée dans toutes les deux provinces parce que pour les militaires Eza tangu na bango (c'est notre temps) les magistrats militaires sont en petit nombre qu'ils monnaient l'accès à la justice, les prisons surpeuplées pour toutes ces raisons on ne peut pas prétendre vouloir gagner la guerre contre le Rwanda, contre le M23 en dressant une nouvelle guerre contre les populations, on doit lever l'état de siège ».

Une fois que cette mesure d'exception sera levée, l'élu de Goma suggère sa recette qui conduira à la victoire des FARDC sur le M23 et par la même occasion au Rwanda.

« Il faudra renforcer et assainir la chaîne de commandement militaire. On observe une cacophonie, on ne sait pas qui du gouverneur militaire, qui du chef d'Etat-major général, qui du commandant chargé de la coordination générale des opérations conjointes, du commandant chef des zones, du commandant du secteur opérationnel Sokola, qui du commandant région militaire de tous ces généraux qui commandent les opérations, il y a toute une cacophonie, au contraire on doit restaurer l'unité de commandement, établir par exemple un seul Commandant comme du temps du général Bauma, il était commandant de la région militaire et Commandant des opérations de Goma jusqu'à Beni et en Ituri », a-t-il rappelé.

Et d'ajouter :

« Nous avons remporté la victoire avec la mobilisation de la population congolaise contre le M23, contre les ADF en avril 2014. C'est ce que l'on doit faire. On lève l'état de siège, si on estime que c'est le gouverneur Constant Ndima qui peut être Commandant région militaire et assumer la plénitude du contrôle de commandement sur les troupes en mettant fin à la cacophonie de cette multiplicité des généraux dans la chaîne de commandement à côté d'une administration civile, la justice qui est rétablie, de la population libérée de toute cette oppression des tracasseries militaires et avec cette population qui recouvre la plénitude de ses libertés pour se mobiliser dans la lutte contre l'agression, je pense comme en 2013, nous pouvons vaincre le M23 avec ses alliés ».

Conformément à l'article 115 de la constitution, la session parlementaire de mars se clôture le 15 juin. Une fois que le projet de loi d'habilitation adopté au parlement, le gouvernement de la République va légiférer pendant 3 mois sur les matières telles que l'état de siège, le projet de loi sur la programmation militaire 2022-2025, la mise en place du cadre légal relatif à la promotion de l'entrepreneuriat, l'artisanat et la ratification de certains accords de coopération et de partenariat.

Clément MUAMBA