RDC: la milice CODECO déclare un nouveau "cessez-le-feu unilatéral" en Ituri

Photo ACTUALITE.CD.

Un nouveau "cessez-le-feu unilatéral" a été signé le week-end dernier en Ituri par la milice CODECO, à la base des tueries de nombreux civils depuis 2017 dans le territoire de Djugu avant de se répandre plus tard dans celui de Mahagi, au Nord-est de la République démocratique du Congo. Ce nouvel acte d'engagement intervient à la suite des assises tenues du 1er au 4 juin à Kpandroma (Djugu) par des représentants de la communauté Lendu majoritaire dans la milice CODECO avec la participation locale des autorités.

C'est un "cessez-le-feu unilatéral", précise Jean-Marie Ndjaza, l'un des responsables de la communauté Lendu qui souligne que "CODECO s'engage à ne pas s'attaquer aux civils et aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC)".

"CODECO s'engage aussi à ne pas attaquer le groupe armé Zaïre (en majorité composé des membres de la communauté Hema); dit se réserver toutefois de droit de légitime défense au cas où il y aurait une attaque contre une de ses positions", a dit à ACTUALITE.CD Jean-Marie Ndjaza.

La situation sur le terrain devrait préciser le caractère de  cet engagement. Dans le draft de l'acte d'engagement consulté par ACTUALITE.CD, CODECO parle d'une "guerre imposée de l'extérieur à travers le gouvernement"  entraînant les "souffrances des communautés". La milice cite nommément le Rwanda et l'Ouganda qui armeraient le groupe armé Zaïre.

Le groupe armé affirme aussi s'engager à "faciliter les négociations de Nairobi en attendant le processus de P-DDRCS". Le gouvernement congolais est en pourparlers depuis quelques semaines dans la capitale kényane avec les groupes armés locaux actifs dans l'Est du pays. A ce stade, CODECO n'a pas de délégués  à  ces pourparlers. 

"Le groupe (CODECO) armé va poursuivre des concertations en vue de désigner les représentants  de toutes ses factions  à ces négociations de Nairobi", a dit M. Ndjaza.

URDPC/CODECO est la faction la plus redoutable de cette milice qui sème la terreur dans les territoires de Djugu et Irumu. 

En 2020, cette milice avait déjà signé un acte d'engagement de paix unilatéral facilité par des anciens seigneurs de guerre de l'Ituri missionnés par le Chef de l'Etat Felix Tshisekedi. Le processus avait abouti au regroupement de plus d'un millier de combattants candidats au désarmement. Cette démarche avait donné lieu à un cessez-le-feu sur le terrain mais pour quelques semaines seulement faute d'une politique gouvernementale en la matière.

"Cette fois les choses sont différentes. En 2020 c'est la Présidence qui avait envoyé les anciens chefs de guerre pour négocier la paix auprès des groupes armés et il n'y avait pas eu un suivi de la part de la Présidence. Mais cette fois-ci la Présidence a mis en place le programme DDRCS qui sera financé par le gouvernement; d'où nous attendons  un résultat différent", a expliqué M. Ndjaza.

L'Ituri, actuellement sous état de siège depuis plus d'une année, est en proie aux violences armées depuis décembre 2017 avec l'avènement de CODECO dont les revendications ne sont toujours pas officiellement connues.  Le groupe armé attaque les civils et les forces armées congolaises faisant plusieurs victimes. Plusieurs centaines de civils ont été tués depuis le début des hostilités et des dizaines de villages entièrement incendiés sans compter les déplacements massifs des populations regroupés dans différents sites. En août 2021 par exemple, l'Ituri comptait 1 479 709 de personnes déplacées vivant dans des familles d'accueil, selon les chiffres de OCHA. 

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Patrick MAKI