RDC-violences conjugales :  réactions des défenseures des droits des femmes

Photo/ Actualité.cd
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Trois femmes ont trouvé la mort au cours du mois de janvier des suites de violence conjugale. Charline Kitoko battue à mort par son époux, Jacqueline Mwankani après avoir refusé des sollicitations sexuelles de son mari, un caporal des FARDC, ainsi qu’Anne Marie Buhoro qui a reçu 4 balles au niveau de la hanche, tirées par son partenaire.


« C’est avec un cœur meurtri que nous avons appris ces nouvelles.  C’est une situation que nous déplorons. La vie de la femme est aujourd’hui détenue par les individus. Quelqu’un peut se réveiller un matin et décider d’ôter la dignité, la vie à une femme, sans tenir compte de ses projets futurs, sans mesurer l’impact de cet acte sur la famille et la société », fustige Pascaline Zamuda, Coordonnatrice de CREEIJ Asbl, une organisation spécialisée dans la défense des droits des femmes. 


Noëlla Alifwa, de SOFEPADI et Annie Bambe du FODJEC, regrettent la culture  qui consiste à faire taire les violences subies sous le toit conjugal en RDC. 


 « Les femmes rencontrent beaucoup de difficultés dans leurs foyers mais peu d’entre elles sont prêtes à en parler. Il y en a qui subissent la violence économique, la violence physique mais n’ont pas le courage d’en parler. Je pense que si le partenaire de la dernière défunte (Anne Marie Buhoro), est parvenu à l’achever, c’est qu’elle a dû subir beaucoup d’autres atrocités qu’elle n’a jamais dénoncé. Peut-être qu’il menaçait de la tuer aussi, mais elle ne dénonçait pas. En tant que femmes, nous devons nous dépouiller du poids de la société et dénoncer toutes les formes de violence dont nous sommes victimes sous le toit conjugal», estime Noëlla Alifwa. 


A Annie Bambe de renchérir, « les cas de décès des femmes se comptent parmi tant d'autres qui sont cachés, car les violences domestiques sont une forme tolérée par la société congolaise. Ce sont des violences tues, subies en silence par bon nombre des femmes mariées ou des partenaires sexuels féminins. La raison majeure est l'absence d'une législation spécifique et précise réprimant ce genre d'actes en plus de l'accentuation de ces actes pendant le contexte de pandémie de la covid-19. Différentes enquêtes réalisées par nos organisations partenaires ont démontré la croissance des violences domestiques pendant la période de covid-19 ». 


Un cadre juridique qui tarde à venir


Pendant le confinement en 2020, le Forum des femmes citoyennes et engagées pour la gouvernance, la démocratie et le développement (FOFECEGDD) a recensé plus de 350 cas de violences domestiques et lancé des alertes. Cependant, les plaidoyers pour la mise en place d’un cadre juridique n’aboutissent pas. 


« Nous assistons avec impuissance à ces actes parce que tous nos plaidoyers au sujet des violences conjugales n’ont jusque-là pas encore produit des fruits. Nous enregistrons de plus en plus de cas. Il y a de nombreux autres cas qui ne sont pas médiatisés. On ne peut pas bâtir des sociétés développées sans passer par des familles stables », souligne Pascaline Zamuda. 


Noella Alifwa recommande. « Aux autorités judiciaires et aux parlementaires, nous recommandons d’instituer une loi spécifique abordant la question des violences domestiques pour protéger les femmes et sanctionner les auteurs. Nous allons poursuivre nos plaidoyers et campagnes de sensibilisation » a-t-elle dit. 


Amplifier des campagnes de sensibilisation 

Par ailleurs, en tant qu’activistes des droits de l’homme en général et des droits des femmes en particulier, les défenseures se disent interpelées au sujet du niveau de travail de sensibilisation qui les attend. Elles ont promis de concentrer leur travail dans la prévention de ce type de violence, à travers la sensibilisation et la mise en place des cadres de prise en charge des cas et de l’orientation des victimes pour des soins holistiques.


« La justice doit jouer son rôle en sanctionnant les auteurs. Les décideurs sont aussi interpellés pour leur responsabilité à prendre en considération cette question », a ajouté Annie Bambe.

Prisca Lokale