RDC: le zoo de Kinshasa attend toujours sa rénovation

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Au zoo de Kinshasa, Simon et Antoinette, occupants des lieux depuis plus de 80 ans, sont allongés dans l'herbe chacun dans son coin, près de l'eau boueuse de leur grand bassin. 

Le couple de crocodiles du Nil se repose dans son enclos, aussi décrépit que le reste du parc dont la rénovation annoncée avance à pas de tortue.

"Ce sont les plus vieux pensionnaires et les figures emblématiques du zoo", explique fièrement le directeur du site, Simon Dinganga Tra Ndeto, nommé à ce poste en mai dernier par l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), organisme public gérant les parcs et réserves de République démocratique du Congo.

Les deux reptiles vivent dans le Jardin zoologique depuis 1938, cinq ans après sa création par les colons belges. Le zoo est implanté en pleine ville sur 7 hectares, entre l'hôpital Mama Yemo, plus grande structure sanitaire du pays, et le marché central de Kinshasa, plus grand lieu de négoce en RDC.

Dans les cages voisines, une dizaine de singes, deux buffles, quelques oiseaux ou encore des serpents vivent cloitrés, tandis que les ânes se promènent en liberté dans ce parc qui peine à attirer les visiteurs. 

Le ticket d'entrée est à 1.000 francs congolais (0,5 dollar) par enfant, 2.500 FC pour un adulte (1,25 dollar) et 5.000 FC (2,5 dollars) pour un étranger.

Un jour férié de janvier, des élèves visitent le zoo. Un chimpanzé tend la main entre les barreaux de sa cage et la porte à sa bouche comme pour demander de la nourriture. Un peu plus loin, un cobra avale un oiseau, sous le regard admiratif des enfants.

Certains se disent heureux d'avoir vu des "vrais animaux", mais beaucoup de visiteurs sont déçus face à l'absence de grands mammifères tels que lions, léopards, girafes ou éléphants. Il n'y a pas non plus d'okapis, animaux endémiques des forêts congolaises.

Le climat chaud de Kinshasa ne leur est pas favorable, analyse Edner Nzodila, un architecte habitué du zoo. Mais "c'est aussi par manque de ressources". "Le lion, par exemple, a besoin de grandes quantités de viande pour se nourrir, or je parie que ce zoo est incapable de les lui fournir", estime-t-il.

- "La vieillesse des animaux" -
"Nous sommes venus ici pour visiter le zoo, mais malheureusement, il n'y a plus beaucoup d'animaux", regrette également Aicha Diasivi, accompagnée de ses trois enfants. "Ce sera un grand plaisir pour nous" si les autorités parviennent à le "rénover effectivement", dit-elle.

Fin juillet dernier, le ministre du Tourisme a lancé les travaux de rénovation. Depuis, seules des tôles couvrant le mûr de clôture sont visibles, ainsi que quelques briques destinées à la réfection des allées. La direction du parc ne connaît pas les détails du plan de rénovation et le ministère n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Pour Fiston Selego, guide depuis 12 ans, la pandémie de Covid-19 a contribué à la baisse du nombre de visiteurs, passé de quelques milliers à environ 500 par semaine, dans une ville d'au moins 12 millions d'habitants. Mais, reconnaît-il, c'est aussi "parce qu'il n'y a pas assez d'animaux attirants comme dans le temps".

Le site ne compte plus que 94 animaux de 48 espèces, précise son directeur, alors qu'à son apogée en 1958, il comptait jusqu'à "5.000 spécimens de plus de 1.000 espèces". Leur population a baissé en raison de leur "vieillesse" et de l'absence de "repeuplement", souligne-t-il.

Mais, assure M. Dinganga Tra Ndeto, "les animaux se portent bien (...), ils sont nourris tous les jours". 

Après la rénovation, "nous allons repeupler le jardin", en tenant compte des normes internationales et "du bien-être des animaux", promet cet homme de 65 ans, employé du zoo depuis ses 24 ans. 

A Kinshasa, pour voir des animaux sauvages dans un bel environnement, il faut parcourir environ 60 km vers l'est. Là-bas, l'ancien président Joseph Kabila est propriétaire d'une grande réserve, inaugurée en 2018. Le safari y coûte 30 dollars et diverses activités, du pédalo au vol de faucon, sont proposées. 

Et parfois, l'ancien président se prête au jeu des selfies avec les visiteurs qu'il croise le dimanche. 

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AFP et ACTUALITE.CD