Kasaï : Guy Mafuta insiste sur la nécessité du retrait des titres miniers “à problème” pour leur transformation en zones d’exploitation artisanale au profit des jeunes

Creuseurs Rubaya mine coltan
Creuseurs à Rubaya mine coltan/Ph. ACTUALITE.CD

Le député national Guy Mafuta Kabongo a rencontré ce mercredi 26 janvier le Vice-ministre des mines, Godard Motemona, afin de plaider pour la situation des jeunes kasaïens qui n’arrivent pas depuis un bon moment à exploiter de façon artisanale leurs ressources naturelles. A l’en croire, ces jeunes sont empêchés par des personnes qui détiennent des titres miniers mais qui, pour la grande majorité, n’en ont plus qualité.

Pour l’élu de Tshikapa dans la province du Kasaï, il n’est pas normal que des personnes qui n’ont plus qualité empêchent d'autres Congolais d’accéder à leurs mines conformément à la loi.

Chez M. Motemona, il a suggéré un examen au cas par cas de ces titres miniers. D’après lui, il y a nécessité de les retirer au moyen d’un arrêté de déchéance aux personnes qui n’ont plus qualité et les laisser à celles qui sont en règle avec l’Etat congolais.

« Nous sommes venus rencontrer le Vice-ministre des mines parce qu’il y a un vrai problème dans la province du Kasaï. Vous savez, la province du Kasaï est une province agricole mais elle est éminemment minière. Et quand vous suivez l’actualité, les jeunes kasaïens se déversent tous en Angola pour aller faire le diamant. Nous avons un code minier qui donne le droit aux Congolais, qu’ils s’organisent en coopérative, d’exploiter de manière artisanale leurs ressources naturelles. Dans le cas d’espèce, vous avez affaire à des compatriotes également qui ont des titres miniers, qui ne payent rien à l’Etat en termes de redevance et taxes mais qui continuent à jouir de ces titres (…). C’est pourquoi nous sommes venus voir le ministre pour voir comment examiner au cas par cas tous ces titres. Ceux qui sont en règle, on les laisse avec ces titres et ceux qui ne sont plus en droit d’occuper ces terres, qu’on puisse les retirer par un arrêté de déchéance. La population du Kasaï a accueilli le chef de l’Etat avec cette question pour dire que le problème du carré minier nous tue », a dit Guy Mafuta à sa sortie chez le Vice-ministre des mines.

Ces carrés miniers non en règle doivent être transformés en zone d’exploitation artisanale, soutient l’élu du coin. 

« Si aujourd’hui nous ne sommes pas encore en mesure de leur donner du travail avec des entreprises, les jeunes gens ont encore la force de travailler. Pourquoi ne pas annuler ces titres miniers et les transformer en zone d’exploitation artisanale. Comme ça ces Congolais qui vont s’organiser en coopérative pourront travailler parce qu’ils ont la force. Pire, ce que je déplore, vous avez des mamans qui ne savent pas faire le champ parce qu’un monsieur a un titre minier qui, du reste, devrait être déchu mais continue à imposer à nos mamans maraîchers des conditions inacceptables. Cet état des choses ne me met pas à l’aise », a-t-il ajouté. 

RDC : le député Guy Mafuta sollicite du ministère des Mines la déchéance des titres miniers non en règle

En réaction, le Vice-ministre des mines a été pragmatique et a compris la pertinence de la question, fait savoir M. Mafuta.

« Il m’a fait part de la commission qu’il a mise en place pour examiner ces cas. Dans les 48 heures, la liste de tous ces titres à problème sera transmise et la commission va examiner cas par cas puis l’autorité prendra l’acte nécessaire. Je crois que dans les semaines qui viennent nous aurons un résultat par rapport à ce combat », a-t-il conclu.

Il est à noter que dans la plupart des mines du pays, les artisanaux exercent de fois en violation des lois en la matière faute des zones d'exploitation artisanale (ZEA). Et pour rappel, il y a près de 2 ans, soit le 3 mars 2020, Guy Mafuta Kabongo avait déposé, à l'assemblée nationale, une question écrite au ministre des Mines, Willy Kitobo, pour solliciter la déchéance des titres miniers non en règle avec l'État congolais.

« Lequel arrêté n’est jamais pris depuis le dernier recensement en 2016. Il faut que la déchéance soit prononcée et transformer ces périmètres exclusifs en zones d’exploitation artisanales pour permettre aux populations locales et creuseurs d’accéder à ces ressources sur leurs terres. Il faut en outre réduire le coût d’agrément des coopératives pour lutter contre l’exploitation clandestine des minerais », avait-il notamment déclaré.

Japhet Toko